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Haïti : Gonaïves toujours sous la boue

P-au-P, 23 oct. 08 [AlterPresse] --- Plus d’un mois après le passage de l’ouragan Hanna, les coulées de boue, laissées par les eaux en furie dans la ville des Gonaïves, ont par endroits atteint près de deux mètres de haut.

Un technicien des travaux publics présent aux Gonaïves déclare à AlterPresse qu’il faudrait mobiliser une trentaine de bascules 24 heures sur 24, et pendant huit mois, pour arriver à débarrasser la ville de toute cette boue.

« Je ne trouve pas de mots pour qualifier la situation qui prévaut aux Gonaïves après ces inondations. Déjà affamées, les personnes sinistrées vivent dans des conditions sanitaires déplorables », raconte un agent de la 18e promotion de la Police nationale d’Haïti (PNH), originaire des Gonaïves.

La population fait face, entre autres, à une invasion de moustiques.

Un agent du Corps d’intervention et de maintien de l’ordre (CIMO, unité spécialisée de la PNH) – en mission aux Gonaives -, affirme avoir passé « quatre jours à dormir encagoulé », sans avoir enlevé ses bottes et son uniforme de service pour pouvoir se protéger.

Durement affectée par les intempéries d’août et de septembre 2008, Gonaïves a déjà reçu la visite d’une pléiade de personnalités haïtiennes et étrangères, dont le président du Groupe de la Banque Mondiale, Robert B. Zoellick, et la directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Josette Sheeran.

Le Coordinateur des affaires humanitaires des Nations Unies, John Holmes, devait également visiter, ce 23 octobre, cette ville complètement détruite par les eaux en septembre dernier.

Ces visites aux Gonaïves interviennent dans un contexte de mécontentement de certains sinistrés face à l’inefficacité des secours et la faible réponse de la communauté internationale.

Le PAM affirme avoir fourni des rations composées de riz, haricots, huile végétale, farine de maïs, à environ 266 mille personnes aux Gonaives.

Mais la couverture reste insuffisante dans cette ville, au point que des manifestations sporadiques sont enregistrées ces derniers jours. De petits groupes de gens affamés s’en prennent à des élus locaux qu’ils accusent de détournement de l’aide humanitaire.

Des parlementaires et des médecins sur place confirment l’inefficacité des secours.

Six semaines après les ouragans, les Nations unies n’ont même pas récolté la moitié des 108 millions de dollars envisagés dans le cadre de l’appel d’urgence lancé en septembre dernier, en coordination avec le gouvernement haïtien. [do gp apr 23/10/2008 12 :00]