L’Association mondiale pour la communication chrétienne (WAAC) a clos le 10 octobre 2008, à Cape Town, en Afrique du Sud, un congrès de cinq jours autour du thème : « La communication, c’est la paix : Bâtir des communautés durables ». Cette manifestation a rassemblé environ trois cents personnes (communicateurs et promoteurs de la paix, laïques et religieux) issues de soixante-treize pays. Cette quatrième conférence internationale sur la communication a débouché entre autres sur l’élection d’un nouveau président et une résolution appelant les communicateurs du monde entier à œuvrer à l’établissement de sociétés paisibles basées sur la justice et la dignité humaine.
P-au-P, 20 oct. 08 [AlterPresse] --- Dennis Smith est le nouveau président de l’Association mondiale de la communication chrétienne (WAAC).
- Musimbi Kanyoro, entre Vario Serant et Edwin Paraison, membres de la délégation haïtienne
Il succède (à ce poste) à la docteure Musimbi Kanyoro - directrice de « The David and Lucile Packard Foundation » - qui a occupé cette fonction pendant six ans, soit (durant) deux mandats consécutifs.
Nouvelle présidence, nouvelles responsabilités
Le nouveau président se propose de s’attaquer à plusieurs défis.
Le premier a trait à la poursuite de la lutte pour la démocratisation de la communication.
Le second consiste à s’assurer que les femmes ont accès aux médias de communication, de sorte qu’elles puissent parler de leurs besoins et qu’elles soient reconnues comme de vrais leaders dans leurs communautés.
Faire avancer le droit à la communication
Dennis Smith forme le vœu que WAAC soit connue non seulement comme une organisation qui appuie financièrement des projets de communication, mais surtout comme un mouvement voulant faire avancer le droit à la communication dans le monde.
Le coordonnateur de la Pastorale de la communication (CEDEPCA), une organisation basée au Guatémala, accède à la présidence de WAAC après avoir présidé pendant plusieurs années la branche Amérique latine de l’organisation.
« Je suis heureux de l’opportunité qui m’est donnée de pouvoir repayer une dette envers WAAC qui m’a tant donné », martèle-t-il.
Une pensée spéciale pour Haïti
Le nouveau président de WAAC nourrit une pensée spéciale pour les haïtiens durement frappés par quatre tempête et ouragans successifs, entre la mi-août et le début du mois de septembre 2008.
« Je pense à eux. Je crois que des situations de ce genre soulignent l’importance de la communication dans les communautés. Dans ces moments-ci, les gens doivent pouvoir communiquer entre eux pour s’entraider et s’organiser », estime Dennis Smith.
S’appuyant sur son expérience en Amérique latine avec les communautés, le nouveau président de WAAC croit que le plus dur pour ces gens n’est pas la pauvreté en soi, mais plutôt « le fait qu’ils ont été appauvris, qu’ils ont perdu les possibilités de vivre ».
La communication pour reconstruire les communautés
C’est fort de ce constat que l’Organisation mondiale de la communication chrétienne met tant d’emphase sur la communication. Selon Dennis Smith, « c’est à travers la communication que les communautés peuvent se reconstruire, se développer, trouver l’unité qu’il faut pour surmonter les défis qui s’adressent à elles ».
Le Conseil d’administration de « Wacc mondial » a annoncé l’élection de son nouveau président (et aussi de son nouveau vice-président) à la clôture de son congrès (qui s’est) déroulé cette année à Cape Town, en Afrique du Sud.
La communication, c’est la paix
Cet événement a réuni pas moins de trois cents participants venus des quatre coins du monde autour du thème « La communication, c’est la paix : bâtir des communautés viables ».
Selon la coordonnatrice du congrès, ces assises voulaient mettre en perspective le travail des communicateurs, journalistes, photographes, poètes et artistes, dans un monde marqué par tant de conflits.
« Comment est-ce que nous pouvons nous servir de nos aptitudes en tant que communicateurs pour faire avancer la cause de la paix, plutôt que de semer du désaccord entre les gens. Car très souvent, les journalistes ne parlent que de choses conflictuelles au lieu d’adresser les causes profondes des guerres, conflits et violences dans les communautés afin d’aider celles-ci à mieux se comprendre, à travailler ensemble pour trouver un moyen d’établir des communautés durables », souligne Kristine Greenaway.
Impression de succès
Ce congrès a donné l’occasion aux participants d’entendre des témoignages (poignants) de gens ayant vécu des atrocités et qui continuent (malgré tout) de témoigner pour la paix dans leurs métiers et communautés respectifs.
Au vu des interactions des participants avec ces différents acteurs, Kristine Greenaway parle de succès du congrès.
« L’idée, c’était de mettre des gens ensemble pour qu’ils puissent découvrir les forces des autres, les possibilités, la sagesse des autres, et en même temps identifier à l’intérieur d’eux-mêmes les possibilités pour que eux ils se développent mieux en tant que communicateurs », ajoute la coordonnatrice du congrès.
Une tonalité particulière
Le choix de l’Afrique du Sud a imprimé une charge et une tonalité particulières à ce congrès. Dans ce pays qui a été jadis durement éprouvé par l’apartheid, les gens travaillent ensemble. Cela peut donner des motifs d’espérer aux pays qui sont encore loin de cette possibilité.
« Ils ont entendu des histoires de partout. Ils ont pu se dire (que) si les choses se passent ainsi ailleurs. Peut-être que nous pourrons nous modeler en fonction de ce que nous avons entendus et vus », estime Kristine Greenaway.
Des problématiques adressées sous différents angles
Les journées de cette quatrième conférence internationale sur la communication ont été ponctuées par des exposés, ateliers et séances plénières des plus enrichissants sur des problématiques liées aux droits à la communication, à la justice de genres, au trinôme « pouvoir, conflit et paix », aux relations entre les nouvelles technologies de la communication et de l’information et l’éducation pour la paix, au rôle que les communicateurs pourraient jouer dans la décennie de la coopération et du dialogue interreligieux proposée par les Nations unies.
Des Caraïbes à l’Asie, de l’Amérique Latine à l’Europe, du Moyen Orient à l’Amérique du Nord, de l’Afrique au Pacifique, ces questions ont été adressées sous différents angles et perspectives.
Intervenant à l’une de ces explorations, le vice-président de Waac-Caraïbe, Ary Régis, a fait savoir que « la diversité, qu’elle soit linguistique, religieuse ou de race, doit être une richesse ». « Nous devons être en mesure de rompre ces barrières, lutter contre les marginalisations d’où qu’elles proviennent », a ajouté le professeur à l’Université d’État d’Haïti.
Le cinéma et la réflexion sur la paix
Dans la foulée, les participants ont pu visionner (et débattre) de plusieurs films dont « Ondes de chocs » qui relate le quotidien des journalistes d’une petite radio locale de la République Démocratique du Congo (RDC) et les efforts des communautés, pour se réhabiliter, dans un pays dévasté par la guerre civile.
Ils ont pu également suivre « Sometimes in April » réalisé par le cinéaste Haïtien Raoul Peck et traitant du génocide au Rwanda avec en toile de fond les rivalités ethniques et la passivité de l’Occident.
Les participants ont aussi assisté à la projection de « Zuzu Love Letter », en présence de son réalisateur, Ramadan Suleman. Ce film planche sur les incertitudes qui planent sur l’Afrique du Sud, selon le réalisateur, une décennie après l’abolition de l’apartheid.
Le dernier documentaire, et non des moindres, que les participants ont eu l’occasion de visionner, a pour intitulé « Real Bab Arabs ». Dans ce film, « Media Education Foundation » recense les stéréotypes à l’encontre des arabes qui se donnent à voir de manière quasi-systématique dans la production cinématographique Hollywoodienne.
Les vestiges de l’apartheid
Par ailleurs, les participants ont pu participer à deux excursions.
La première dans le township de Cugulethu, leur a donné l’occasion de se faire une idée des conséquences de l’apartheid dans ce quartier et du type de coopération que cultivent les gens en vue de surmonter leurs nombreux défis dont la pauvreté.
La seconde à Roben Island, le site de la prison très surveillée dans laquelle Nelson Mandela était incarcéré pendant plusieurs années, leur a permis de mesurer l’importance de cette prison - qui a vu séjourner pas moins de trois mille prisonniers de 1961 à 1991- pour l’Afrique du Sud.
L’Association mondiale pour la communication chrétienne (WAAC) tient son congrès tous les six ans. À l’instar des précédents, celui de 2008 a permis aux nombreux communicateurs présents de prendre le pouls de la communication à l’échelle mondiale et à se préparer aux défis de demain. WAAC est un réseau de communicateurs engagés dans la communication pour favoriser le changement social. [vs gp apr 20/10/08 10 :00]