P-au-P., 6 oct. 03 [Alterpresse] --- Les étudiants de la Faculté des Sciences Humaines (FASH) ont dénoncé ce 6 octobre l’arrestation illégale et les tortures subies par l’étudiant Nesly Numa, de la part de policiers de Delmas, périphérie nord-est de la capitale.
lors d’une conférence de presse au local de la faculté, Nesly Numa, étudiant finissant en sociologie, a témoigné de son arrestation arbitraire, le 4 octobre, vers 9 heures 30 du soir, dans le quartier de Delmas 33.
« Je revenais de la FASH et je me rendais chez moi à Delmas 33, lorsqu’un véhicule de la police a ralenti et s’est arrêtée près de moi. Les policiers ont braqué leurs armes sur moi. J’ai levé les mains et je leur ai dit que j’étais étudiant à la FASH. Ils m’ont fait monter dans la jeep et ont commencé à me rouer de coups en me disant : ’c’est toi qui écris abas Aristide sur les murs’. Ils m’ont demandé de dénoncer les autres étudiants qui sont dans ce même mouvement. »
« L’un des policiers a dit : ’c’est inutile de l’emmener au commissariat parce que j’ai des sachets noirs avec moi’ », a poursuivi Nesly Numa. Des organismes de défense des droits humains ont à plusieurs reprises dénoncé l’utilisation de sachets noirs par une brigade de la police, lors de cas d’exécutions sommaires, relatées dans la presse.
Plus loin, les policiers « ont appelé C. P. - je suppose que c’est le commissaire principal. Ils lui ont dit sur leur radio de communication qu’ils ont appréhendé un étudiant de la FASH en train d’écrire ’à bas Aristide’ sur les murs. Le C.P a demandé s il y avait des témoins au moment de mon arrestation. Ils ont répondu que non. Il leur a demandé de me ramener au commissariat. L’un des policiers présents dans la voiture a insisté sur le fait qu’il avait des sachets noirs dans la voiture. »
Au commissariat, Nesly Numa a été torturé à plusieurs reprises, a-t-il dénoncé, expliquant qu’il a été sévèrement giflé, battu dans la plante des pieds, etc. Les séances, a-t-il précisé, se sont déroulées dans une chambre noire. Puis, il a été contraint, a-t-il dit, de signer des documents dont il ne lui a pas été permis de prendre connaissance de la teneur, avant sa libération, le 5 octobre, à 2 heures 30 de l’après midi.
Plusieurs étudiants finissants en psychologie à la FASH ont condamné les actes de violence que la police et les attachés (auxiliaires tout-puissants de la police) commettent à travers le pays et ont réitéré leur volonté de se mobiliser pour obtenir le départ du président Jean Bertrand Aristide ainsi qu’un changement de système politique en Haiti.
Cette situation « augmente notre volonté de combattre Aristide », a déclaré Ernst Alcéus étudiant en 3ème année de communication sociale, qui a pris la parole au cours de la conférence de presse. Il a traité le Chef de l’Etat de « zombi ».
Les étudiants de la faculté des sciences humaines assimilent l’arrestation de Nesly Numa à un acte d’intimidation. Ils prévoient, à l’occasion du 17 octobre, anniversaire de la mort de Jean Jacques Dessalines (héros national), une exposition de photos des « victimes du gouvernement lavalas ». Des manifestations anti-gouvernementales sont également annoncées. [ijb gp apr 08/10/2003 00:40]