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Rép. Dominicaine/Presse : Reporters sans frontières alertent sur une augmentation d’agressions contre des journalistes depuis début 2008

32 cas recensés de janvier à septembre 2008

 
P-au-P, 07 oct. 08 [AlterPresse] --- Un nombre de trente-deux (32) journalistes en République Dominicaine sont les cibles d’agressions et de menaces dans l’exercice de leur profession depuis le début de l’année 2008, selon des statistiques du Syndicat national des travailleurs de la presse (Sntp) [détaillées dans l’édition du 5 octobre 2008 du quotidien national El Nuevo Diario] en République Dominicaine et relayées par Reporters sans frontières (Rsf).
 

Ces données statistiques d’agressions à la liberté de la Presse en République dominicaine inquiètent Rsf, qui s’étonne du silence observé par les autorités de la république voisine, dans un communiqué acheminé à l’agence en ligne AlterPresse.

Sur les 32 cas mentionnés par le Sntp, 21 journalistes ont fait l’objet d’une procédure judiciaire. Cependant, plus de la moitié des cas concernent le territoire du District national et de la province de l’est de Santo Domingo, la capitale.

L’assassinat de Normando García, cameraman et producteur de la chaîne privée régionale Teleunión, le 7 août 2008 à Santiago de los Caballeros (la deuxième ville du pays / lire le communiqué du 8 août 2008) reste en attente d’élucidation, signale le syndicat national des travailleurs de la presse.

“Si le mobile [de l’assassinat de Santiago de Los Caballeros] reste à déterminer, ce drame a encore alourdi un bilan qui fait apparaître : d’une part, une précarité persistante de la sécurité des journalistes ; d’autre part, un climat de tension toujours aussi vif entre la presse et les autorités”.

La justice, poursuit Rsf, ne met pas autant de célérité à condamner les agresseurs d’un journaliste qu’à convoquer un éditorialiste ou un directeur de programme en délicatesse avec les autorités.

« Le narcotrafic, la corruption ou les conflits d’intérêts entre les différentes activités d’une personnalité publique sont autant de promesses de représailles pour les professionnels des médias qui osent les dénoncer », souligne Reporters sans frontières.
 

Au chapitre des menaces les plus graves, Rsf affirme être vigilante sur le cas de Carlos Corporán, directeur du programme "El Sensor de la Tarde", de la station Sur 91.9 et correspondant du quotidien El Nuevo Diario à San Cristobal (Sud).
 

Carlos Corporán serait persécuté pour avoir fait des révélations sur une affaire de narcotrafic, susceptible de mettre en cause la magistrature locale. Le 30 septembre dernier, le haut-commissaire aux droits de l’homme, Domingo Porfirio Rojas Nina, avait dénoncé l’existence d’un plan d’attentat contre le journaliste, après des révélations sur une affaire de narcotrafic susceptible de mettre en cause la magistrature locale.

Carlos Corporán bénéficie actuellement d’une protection policière, mais l’enquête sur l’origine des menaces n’a guère progressé, relève Reporters sans frontières.

 
Parmi les journalistes en butte à des procédures judiciaires, rapportés par Rsf, figure Alicia Ortega, productrice de la chaîne privée nationale SIN Canal 7. Ortega avait dénoncé une affaire d’escroquerie mettant en cause l’entreprise WM Comercializadora Interamericana.
 

La justice a finalement déclaré irrecevable, le 26 septembre 2008, la plainte pour "injure", "diffamation" et "atteinte à l’honneur" engagée par cette dernière contre la journaliste, dont les bureaux ont été la cible d’un attentat. La mobilisation de la presse en faveur de la consœur a favorisé ce dénouement, indique Rsf.

Par ailleurs, journalistes et citoyens en République Dominicaine ont eu à pétitionner face à l’inertie judiciaire qui a suivi l’agression du journaliste et écrivain indépendant Vianco Martínez, le 23 août dernier, par deux gardes du corps de Saymon Díaz, un industriel du spectacle.

Les représentants de la profession ont également dû intervenir face à la multiplication des poursuites engagées par le ministre du Tourisme - et entrepreneur du même secteur - Félix Jiménez, entre autres contre Manuel Quiterio Cedeño, éditorialiste du quotidien national El Caribe.

Ces poursuites judiciaires ont souvent été précédées de menaces de mort ou d’agressions, comme dans le cas de Manuel Antonio Vega, correspondant du quotidien Listín Diario et producteur d’émissions de télévision et de radio à Hato Mayor (Est), dont un député et l’épouse d’un magistrat veulent aujourd’hui obtenir la comparution. 

« Nous appelons donc le pouvoir politique et l’autorité judiciaire à tirer au plus vite les enseignements de cette situation, et à l’infléchir, en ouvrant des pourparlers avec le Sntp et le Collège dominicain des journalistes (Cdp) », lance l’organisme de défense des droits des journalistes, Reporters sans frontières (Rsf) [do rc apr 07/10/2008 12 :30]