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Haïti-Environnement : Quelles actions durables pour faire face aux vrais défis de l’heure ?

P-au-P, 03 oct. 08 [AlterPresse] --- Des questions se posent aujourd’hui sur la mise en oeuvre d’actions durables pour prévenir une répétition des catastrophes (de l’été 2008), environ un mois après les désastres causés sur tout le territoire national par le passage des cyclones Fay, Gustav, Hanna et Ike, relève l’agence en ligne AlterPresse.

Le ministère haïtien de l’environnement (Mde), vers lequel convergent aujourd’hui les regards, semble s’en tenir à la stratégie gouvernementale globale définie par la Première ministre Michèle Duvivier Pierre-Louis.

Cette stratégie situerait les actions, à entreprendre dans l’espace physique en Haïti, à travers des politiques sectorielles de ministères, dont l’agriculture et les ressources naturelles ainsi que l’intérieur et les collectivités territoriales.

C’est la position exprimée, en substance, par l’ingénieur Lionel Parisien, assistant-directeur général au ministère de l’environnement, au cours d’une rencontre avec des journalistes le 2 octobre 2008.

“Dans l’immédiat, le Mde, qui n’a pas bénéficié de nouvelles allocations budgétaires, se tient aux urgences gouvernementales”, se contente d’indiquer Parisien.

Interrogé sur les actions en cours au ministère de l’environnement, Parisien explique que le Mde est un ministère préposé à la définition des normes”.

L’ingénieur Lionel Parisien n’a fourni, à la Presse, aucun détail ni précision sur les interventions spécifiques du ministère de l’environnement.

Parisien n’a pas, non plus, apporté d’éléments sur les attributions de la structure dénommée “direction des changements climatiques”, nouvelle appellation de “la direction de sensibilisation à l’environnement” au sein du Mde.

Néanmoins, il reconnaît le rôle fondamental des journalistes dans la vulgarisation et la sensibilisation sur les réalités du milieu ambiant, auquel travail, affirme-t-il, le ministère de l’environnement est disposé à contribuer.

Les journalistes de la presse haïtienne ont sollicité des éclaircissements, sur le plan d’action du ministère de l’environnement, dans le cadre du lancement du document intitulé “guide du journaliste environnementaliste haïtien”, le jeudi 2 octobre 2008, par le bureau central de l’institut Panos Caraïbes à Port-au-Prince.

Entamé en juillet 2008 et élaboré avec la collaboration technique du ministère de l’environnement, ce guide peut être utilisé par toute institution oeuvrant dans le domaine de l’environnement. Il doit être considéré par les journalistes comme une ressource en information en matière environnementale.

Le “guide du journaliste environnementaliste haïtien” aborde des concepts-clés, comme la planification et la législation environnementales, l’évaluation et l’éducation environnementales, l’aménagement territorial, les aires protégées, les unités techniques environnementales sectorielles, les organes de gestion de l’environnement.

La compréhension de ces concepts est nécessaire dans l’exercice quotidien du métier de journaliste, indique Cossy Roosevelt de Panos Caraïbes.

Le financement du “guide du journaliste environnementaliste haïtien” a été assuré par l’organisation suédoise Swedish international devlopment cooperation agency (Sida).

Rapide état des lieux de l’environnement

Le gouvernement du 5 septembre 2008, dirigé par Michèle Duvivier Pierre-Louis, se propose d’agir en priorité sur l’aménagement du territoire national, selon ce qu’a fait savoir la nouvelle première ministre à l’occasion de la mobilisation de solidarité du dimanche 14 septembre réalisée sous les auspices de l’alliance pour la gestion des risques et la continuité des actions (Agerca).

Le public espère des travaux de coordination entre les différents organismes concernés, comme semble se profiler le plan d’urgence gouvernementale annoncé fin septembre 2008.

En octobre 2008, la réalité écologique nationale a complètement changé avec les intempéries successives, selon des spécialistes environnementaux qui évoquent la mauvaise gestion environnementale et l’absence de planification véritable face aux effets des changements climatiques en Haïti.

Le problème des bassins versants se pose avec beaucoup d’acuité, les crues des rivières continuent de provoquer des dégâts considérables dans les villes situées en aval. La couverture forestière est au plus bas, les mornes sont de plus en plus dénudés.

Un exemple frappant est celui de la ville des Gonaïves (Artibonite, Nord), inondée en septembre 2008 quatre ans après avoir été dévastée au moment du passage du cyclone Jeanne en septembre 2004.

Aujourd’hui, les niveaux des lacs Azuei (Ouest, à la frontière avec la République Dominicaine) et de Miragoane (étang de Miragoane, Sud-Ouest) ont grandement augmenté fin septembre 2008 après les pluies incessantes de l’été 2008.

Le relèvement du niveau de ces deux lacs, lié, entre autres, au déboisement, à l’exploitation anarchique des carrières de sable et à une accumulation d’alluvions, continue d’affecter la circulation automobile sur la route internationale (en direction de Malpasse / Malpaso) à proximité du lac Azuei et sur la route nationale du Sud aux abords de l’étang de Miragoane.

Il existe également, en divers endroits du pays, divers problèmes de drainage, de protection des berges des rivières et des ravins, d’inadéquation de l’habitat, pour lesquels des solutions individuelles sont davantage privilégiées que des dispositions collectives.

Quoi qu’il en soit, depuis les intempéries, des efforts d’assainissement sont déployés, avec le concours de jeunes et d’artistes, dans plusieurs villes en guise de prévention.

La période des cyclones s’étend, chaque année, du 1er juin au 30 novembre. Mais, en décembre 2007, un cyclone dénommé Noël avait paradoxalement frappé Haïti. [rc apr 03/10/2008 11:00]