Par Nancy Roc
Montréal, 30 sept. 08 [AlterPresse] --- Le Y des femmes de Montréal a dévoilé, le 23 septembre, le nom des lauréates Femmes de mérite 2008 ainsi que la lauréate du Prix de la Pionnière, lors de son gala annuel réunissant quelque 900 personnes.
Le Gala Femmes de mérite, qui en est à sa 15e année, a pour objectif d’honorer et de reconnaître publiquement des femmes qui se sont illustrées dans divers secteurs d’activités, et de rendre un hommage particulier à une femme pionnière dans son domaine, et dont l’œuvre a permis d’ouvrir et de faciliter la voie à celles qui ont suivi.
Voici les lauréates de l’édition 2008 selon les diverses catégories :
Prix de la Pionnière : l’honorable Louise Arbour, ex-Haut Commissaire aux droits de l’homme
Prix Avancement de la femme : Dorothy Reitman, C.M., bénévole communautaire
Prix Affaires et professions : Karen Radford, vice-présidente à la direction et présidente, TELUS Québec et TELUS Solutions partenaires
Prix Arts et culture : Marina Orsini, actrice et animatrice de radio
Prix Communications : Janet Bagnall, éditorialiste et chroniqueuse du journal The Gazette
Prix Éducation : Marjorie Villefranche, directrice des programmes, La Maison d’Haïti
Prix Entrepreneurship : Mariouche Gagné, designer et fondatrice de Harricana
Prix Jeune femme de mérite : Anaïs Barbeau-Lavalette, cinéaste
Prix Sciences et santé : Isabelle Brabant, sage-femme
Prix Services à la population : Wanda Bedard, présidente, 60 millions de filles
Prix Sports et mieux-être : Céline Darveau, vice-présidente et directrice de Jukado inc.
Un prix qui met en lumière un travail effectué dans l’ombre
« Je me sens honorée parce que c’est un prix qui reconnaît le travail qu’on a fait ainsi que la détermination des femmes », a déclaré à AlterPresse, Marjorie Villefranche, directrice des programmes à La Maison d’Haïti.
Mme Villefranche qui a reçu le Prix Femme de mérite dans le domaine de l’éducation a exprimé son double contentement en soulignant que « souvent, lorsqu’on travaille dans le domaine communautaire ou pour les sans-voix, on parle rarement de nous ; ainsi, même si nous travaillons surtout dans l’ombre, ce prix prouve que l’on a remarqué le travail que nous avons fait ».
Et de fait, le travail communautaire demande de l’engagement, du dévouement et un sens du sacrifice considérable. C’est un choix de vie qui peut se révéler être un véritable sacerdoce. Mme Villefranche est depuis de nombreuses années, directrice des programmes à La Maison d’Haïti de Montréal. Auteure de nombreux ouvrages parmi lesquels, « Alphabétiser dans un contexte d’immigration » et « La pauvreté et les femmes immigrantes », Marjorie Villefranche est une figure de proue dans la communauté haïtienne de Montréal. Femme de tête et de cœur, elle pense que le travail communautaire est fait « pour défendre les droits des gens qui n’ont pas droit à la parole, parler en leur nom et développer pour eux des programmes qui pourraient leur permettre de mieux vivre », a-t-elle déclaré.
« Le travail que nous effectuons (à la Maison d’Haïti) est axé sur la citoyenneté à travers l’alphabétisation, l’insertion des jeunes ou des mères adolescentes afin qu’ils ne traînent plus dans les rues et l’intégration des nouveaux arrivants qui ne parlent pas français », a expliqué Mme Villefranche. « Tout ceci pour leur donner les outils éducatifs pour qu’ils arrivent à mieux se débrouiller dans la vie », a-t-elle conclu.
La Maison d’Haïti : un exemple de longévité
Selon les révélations de Marjorie Villefranche, La Maison d’Haïti a été créée en 1972 par un groupe de jeunes haïtiens qui souhaitaient encadrer leurs compatriotes arrivant pour la première fois au Canada. Cette initiative qui ne devait pas se prolonger au-delà de l’été de cette année-là, se poursuit depuis bientôt 40 ans.
La Maison d’Haïti est un organisme dédié à l’éducation et à l’intégration des personnes et des familles immigrantes ainsi qu’à la création et au développement de liens étroits avec la société d’accueil.
L’organisme a pour missions, la promotion, l’intégration, l’amélioration des conditions de vie et la défense des droits des québécois d’origine haïtienne et des personnes immigrantes ainsi que la promotion de leur participation au développement de la société d’accueil.
Les objectifs de la Maison d’Haïti sont de développer pour ces populations, des programmes d’éducation continue, d’alphabétisation, d’insertion en emploi, d’intégration des jeunes, de soutien scolaire et parental.
La population desservie par la Maison d’Haïti, habite majoritairement l’arrondissement Villeray /St Michel/ Parc Extension. L’arrondissement compte environ 150 000 habitants représentant 8% de la population totale de la ville de Montréal. Un résident sur deux est immigrant et 65% d’entre eux sont issus de 75 communautés culturelles.
Si La Maison d’Haïti accueille 54% d’haïtiens, elle offre aussi ses services à 46 % d’immigrants venant de nombreux pays tels que, l’Albanie, l’Algérie, l’Argentine, le Bénin, le Bangladesh, le Cameroun, le Cambodge, le Chili, la Chine, la Colombie, Cuba, la R.D. du Congo, le Guatemala, Haïti, le Honduras, le Mexique et la République, pour ne citer que ceux-là.
Les bénéficiaires qui fréquentent la Maison d’Haïti sont des personnes et des familles à faibles revenus en processus d’insertion : travail, école, participation civique etc. La majorité d’entre eux ont un revenu annuel inférieur à 15 000 $. [nr gp apr 30/09/08 11 :00]
Photo logo : Lynn Jeanniot, première vice-présidente, Ressources humaines et Affaires corporatives de la Banque Nationale du Canada et Marjorie Villefranche