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Haiti/Cyclones : Comment venir en aide aux petits paysans haïtiens par l’élevage ?

Par VETERIMED

Soumis à AlterPresse le 18 septembre 2008

Après le passage des quatre tempêtes tropicales et ouragans, Fay, Gustave, Hanna et Ike au cours des mois d’août et septembre 2008, Haïti vit aujourd’hui une situation de catastrophe nationale.

Les communautés tant urbaines que rurales sont profondément affectées et cette situation met de nouveau en évidence la fragilité du milieu, due particulièrement à la dégradation des bassins versants de l’ensemble du pays.

Cette dégradation, qui a comme cause principale la surexploitation du milieu par les familles paysannes décapitalisées, a augmenté la vulnérabilité des espaces cultivables aux catastrophes naturelles, en plus de mettre en péril l’existence de nombreuses villes du pays, l’intégrité du réseau routier et des infrastructures d’irrigation situées dans les plaines.

Dans le secteur rural (65% de la population du pays) les pertes agricoles sont considérables. Une quantité impressionnante de récoltes sont perdues, mais de surcroît, les exploitations paysannes ont subi des dommages inestimables avec la perte de milliers d’animaux d’élevage.

En effet en Haïti, les animaux d’élevage, en plus de l’importance qu’ils jouent pour le transport des produits et les travaux agricoles, constituent le principal instrument d’épargne des familles rurales.

Dans les prochains mois, il faut s’attendre à un accroissement de la pression sur les ressources en milieu rural et ainsi le cercle vicieux et la spirale de dégradation continue de plus belle.

Aujourd’hui, au moment de mobiliser des ressources pour des interventions d’urgence, il est indispensable d’identifier celles pouvant avoir des effets structurant sur le long terme et susceptibles à la fois de diminuer les souffrances immédiates mais aussi de créer de la richesse de façon durable.

En ce sens, la FAO a lancé un appel pour mobiliser des fonds pour distribuer en urgence des intrants agricoles, des outils et des petits animaux d’élevage, reconstruire les réseaux d’irrigation, lutter contre les maladies animales et réduire les décès d’animaux consécutifs aux inondations.

La relance de la production agricole et la lutte contre la propagation des maladies animales nécessiteront pas moins de 10,5 millions de dollars, selon la FAO.

La distribution immédiate des petits animaux d’élevage pour la recapitalisation d’exploitations familiales agricoles peut se réaliser dans le cadre d’activités de réhabilitation de bassins versants par le développement de l’élevage en systèmes respectueux de l’environnement.

Des ONG haïtiennes de même que la FAO ont développé des propositions de systèmes de Production animale qui intègrent la production fourragère en systèmes agro-sylvo-pastoraux et le développement de structures biologiques de conservation de sol et de récupération de parcelles agricoles dégradées. Il s’agit de promouvoir les plantations d’herbes et d’arbustes fourragers, qui sont plantés sur des terrains en pente, pour l’alimentation animale mais aussi, de façon à diminuer la force des eaux et l’érosion. Ces systèmes prévoient également la mise en place de techniques de productions agricoles à moindre coût, plus respectueuses de l’environnement et mieux adaptées aux conditions du milieu. (*)

Concrètement, il peut s’agir de :

- Distribution de chèvres et de volailles (don et/ou système de crédit en nature)
- Renforcement d’un réseau d’agents de développement et cadres (techniques vétérinaires et agro-écologie)
- Mise en place de milliers de parcelles agro-écologiques de production en systèmes agro-sylvo-pastoraux pour la protection de bassins versants.

Par la mobilisation des cadres du Ministère de l’agriculture et de dizaines d’ONG locales et internationales expérimentées et présentes sur le terrain, des Universités, des associations de producteurs et autorités locales, on peut déployer en urgence, par la formation, une armée d’agents vétérinaires et de développement en agro-écologie (environ 3 par section communale).

Par les actions d’urgence de distribution de petits animaux et de formation, on pourra ainsi encadrer et vulgariser à grande échèle (plus de 20 000 exploitations agricoles familiales), à court et moyen terme, des activités d’élevage et de production agricole et des techniques de gestion durable de l’environnement.

(*) Des actions similaires ont été réalisées après les inondations de 2004 (Gonaïves, Mapou et Fonds Verrette).