P-au-P., 4 oct. 03 [AlterPresse] --- Le Premier Ministre jamaïcain P. J. Patterson a déclaré que la Communauté Economique de la Caraibe (CARICOM), dont il est le Président, ne soutiendra aucune démarche visant à isoler Haïti au niveau de la Caraibe ou de la communauté internationale, selon le quotidien jamaïcain « The Jamaica Observer », dans son édition de ce 4 octobre 2003.
« Maintenant, quand nous parlons de la population caribéenne, les haïtiens ne sont pas simplement nos voisins, mais ils sont des membres à part entière de la famille (des Caraïbes) », a fait savoir le Premier Jamaicain, lors d’une conférence spéciale organisée le 2 octobre à Megdar Evers University de New-York, dans le cadre de la célébration des 30 ans du CARICOM.
Patterson a mis une emphase particulière sur la désapprobation des efforts de quelques pays pour imposer un embargo économique sur Haïti en raison de leur désaccord avec le gouvernement haïtien en ce qui concerne le processus de renforcement de la démocratie dans le pays, a indiqué le quotidien jamaïcain.
Faisant remarquer que « Haïti fait face à d’énormes défis de développement économique et social » le dirigeant jamaïcain a souligné qu’un « grand besoin d’aide internationale » se manifeste en Haïti, qui a subi « un embargo virtuel » durant les dernières années. Cette situation « compromet les perspectives » et « multiplie davantage la pauvreté et la misère » en Haïti, a ajouté Patterson.
Le Premier Ministre jamaïcain et Président de la CARICOM a promis que son organisation appuiera Haïti dans « la mise en place des institutions nécessaires pour garantir la démocratie » et a salué la population haïtienne à l’occasion du bicentenaire prochain de l’indépendance du pays.
Les déclarations du Premier Ministre Patterson interviennent dans une conjoncture dominée par l’accentuation des problèmes socio-politiques en Haïti. Des manifestations anti-gouvernementales aux Gonaives (Centre-ouest) au cours des deux dernières semaines ont fait, selon diverses sources, une dizaine de morts par balles, et des brutalités policières ont été dénoncées.
L’opposition prépare pour ce 5 octobre une manifestation anti-gouvernementale au Cap-Haitien (Nord), alors qu’une réunion prévue pour la même date à Port-au-Prince par l’Organisation des Etats Américains (OEA) avec les principaux acteurs politiques haïtiens a été reportée.
Par ailleurs, une cinquantaine d’intellectuels, artistes et éducateurs haïtiens ont signé le 29 septembre une « Déclaration de principe sur le Bicentenaire d’Haiti » pour se démarquer de la célébration officielle. Ils ont exprimé leurs « grandes » inquietudes quant à l’orientation donnée à cette célébration. Selon les signataires, le gouvernement travaille à canaliser l’attention vers une « campagne propagande aux fins de légitimation d’un pouvoir usurpé et reconnu aujourd’hui comme despotique et totalitaire, négateur des principes et valeurs de base de la révolution haïtienne ». [gp apr 04/10/2003 13:50]