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6 octobre Journée Mondiale de l’Habitat

Propositions pour corriger une situation alarmante en Haiti

Déclaration de la Fondation Haitienne pour l’Habitat et l’Intégration des Sans-Abri (FONDHABISA)
à l’occasion de la
journée mondiale de l’habitat

6 octobre 2003

La Fondation Haitienne pour l’Habitat et l’Intégration des Sans-Abri, comme d’ailleurs chaque année, fait toujours entendre sa voix à l’occasion de la Journée Mondiale de l’Habitat en guise de contribution à cette célébration. En ce jour, il est important de rappeler au peuple et aux dirigeants haïtiens qu’il est un devoir civique et moral pour nous d’agir avec fermeté et sans délai dans ce domaine en vue d’améliorer les conditions de vie de l’Haïtien tout en protégeant son voisinage immédiat dans le basin des Caraïbes.

Le thème de la célébration du jour est « l’Eau et l’Assainissement pour les Villes ». Ce thème va dans la ligne directrice des objectifs de la Déclaration du Millénaire qui veut qu’en 2015 plus la moitié des populations du monde ait accès à l’eau potable et en 2020 à un système d’assainissement adéquat. Tous les Etats membres qui y ont souscrit se sont engagés, à travers des actions urgentes et continues, à matérialiser dans le concret ce grand rêve de bien-être généralisé pour tous les peuples de la planète.

Dans son Message circonstancier le Secrétaire Général des Nations Unies Monsieur Kofi Annan n’a t-il pas fait ressortir l’énorme déficit et retard que nous accusons en matière d’eau propre et d’assainissement tant en Asie et en Afrique qu’en Amérique et dans le Caraïbes. Ce retard et ce déficit ne pourront être comblés que par un accroissement significatif de l’investissement d’une part, dans de petits projets au niveau de toutes les collectivités locales et, d’autre part, dans des projets nationaux de construction d’infrastructures de base.

De son coté, Madame Anna Tibaijuka Directrice Exécutive de ONU-Habitat, dans son message du jour, n’interpelle t-elle pas la communauté internationale à agir à l’unisson pour aider les pays en développement à réaliser les objectifs du millénaire en ce que concerne l’eau et l’assainissement. Des recommandations à haut niveau international ont été faites au système des Nations Unies pour le montage et la réalisation de projets intégrés et adaptés devant répondre aux objectifs visés et ceci en coopération étroite avec les Gouvernants, les autorités locales et les Organisations Non-Gouvernementales des Etats membres.

Le Programme Intégré de Réponse aux Besoins de Communautés et des Populations Vulnérables (PIR) mis sur pied par le système de Nations Unies en Haïti ne répond t-il pas aux directives du millénaire en affirmant pouvoir : sauver des vies et diminuer les souffrances humaines, permettre l’accès aux services et produits de base et la capitalisation des ménages et enfin appuyer la réhabilitation et la consolidation des acquis. Comme moyen à la réalisation de ses objectifs, le PIR, outre ses projets humanitaires, développe des projets spécifiques d’eau potable et d’assainissement.

En cette journée du 6 octobre 2003, le constat, en ce qui concerne la situation de l’eau et de l’assainissement en Haïti, est alarmant si ce n’est pas catastrophique. Les dernières statistiques sont ponctuées d’une réalité criarde et même cruelle. Tous les indicateurs de développement font ressortir l’existence d’une situation de crise humanitaire aiguëet qu’il est d’une urgente nécessité d’en apporter une réponse de qualité, c’est-à -dire une, qui répond aux besoins et aux attentes des populations haïtiennes actuelles tout en tenant comte des intérêts et des besoins de celles du futur.

La FONDHABISA ne cessera jamais de répéter que l’Habitat n’étant pas une maison, ni une habitation, voire même un logement, mais bien, le mode de peuplement et d’organisation par l’homme du milieu ou il vit, on ne saurait laisser libre cour à son évolution sans exiger une bonne gouvernance de la part des autorités étatique. En l’occurrence, elle préconise la mise en place en Haïti d’un système de gestion adaptée et une législation évolutive de nos ressources hydriques ainsi que la réalisation d’une infrastructure hydraulique de qualité et diversifiée qui permettront de fournir, en quantité suffisante, de l’eau propre aux 52% de citadins et aux 45% de ruraux qui n’en ont pas accès.

La problématique de l’assainissement de son coté exige de la part des décideurs haïtiens, en dehors des réponses aux maux du collectif urbain, qu’un axe d’Assainissement Rural soit créé dans la globalité des actions à entreprendre. L’objectif de cet assainissement rural se résume à  : assurer la salubrité des campagnes, protéger la santé des populations rurales, sauvegarder l’environnement et préserver les ressources hydriques. L’assainissement tout comme l’eau constitue l’un des piliers du développement durable auquel nous ne pouvons pas nous dérober en ce début du nouveau millénaire.

A l’occasion de la célébration de cette journée nous lançons un appel à l’endroit de tous les secteurs de la vie nationale concernés en vue de :

1.Promouvoir la création d’un Office National d’Assainissement (ONAS) ;

2.Définir et appliquer une Politique Nationale d’Eau et d’Assainissement devant :

. Accroître la production alimentaire et le développement rural.

. Assumer la poursuite du développement urbain et sensibiliser l’offre au niveau
touristique.

. Recréer et augmenter la compétitivité dans le secteur industrie et sous-traitance.

3.Développer une Stratégie Nationale de Gestion des Déchets sans compromettre la santé publique ni l’environnement ;

4.Mettre sur pied un Programme National de Gestion des Déchets Solides ayant pour objectifs :

. Réduire et prévenir la production des déchets et leur nocivité.

. Valoriser les déchets par le recyclage et la réutilisation sous forme de matériaux.

. Stoker, traiter et transformer les déchets pour des utilisations d’ordre collectif,
tels : l’énergie électrique et l’énergie calorifique.

Frantz-G. VERRET
Président de la FONDHABISA
ONG avec le Statut Consultatif auprès de l’ECOSOC-ONU