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Haïti-Séisme : 3e secousse tellurique en moins de 15 jours

Nécessité de dispositions institutionnelles et de précautions citoyennes, après les cyclones en série

P-au-P, 12 sept. 08 [AlterPresse] --- Une légère secousse tellurique, d’une magnitude non encore déterminée, a été ressentie vers 9:20 locales (14:20 gmt) ce vendredi 12 septembre 2008 dans les municipalités de Delmas (nord-est) et de Petionville (à l’est de la capitale), a constaté l’agence en ligne AlterPresse.

“C’est la troisième secousse enregistrée à Port-au-Prince en moins de 15 jours”, indique à AlterPresse l’ingénieur Dieuseul Anglade, directeur général du Bureau haïtien des mines et de l’énergie (BME), confirmant le tremblement de terre de la matinée du 12 septembre.

“Le plus souvent, la multiplicité de secousses mineures peut se révéler un signe annonciateur de mouvements du sol de plus forte intensité”, avertit l’ingénieur Anglade.

Selon le directeur général du BME, il y a toujours des raisons de s’inquiéter face à la fréquence des tremblements de terre, vu que “Haïti se trouve dans une zone de forte sismicité et à proximité d’une bordure de plaque tectonique”.

Seulement, tout en reconnaissant qu’il peut s’agir d’ “un vœu pieux, parce qu’on ne peut pas prévoir les réactions humaines devant une telle situation”, il invite la population à ne pas s’alarmer, à user de sang froid, sans se précipiter à l’extérieur en cas de tremblement de terre.

Interrogé sur les relations possibles entre la série de cyclones ayant frappé mortellement Haïti entre le 15 août et le 7 septembre 2008, Dieuseul Anglade évoque plutôt l’origine “interne” des secousses telluriques, contrairement aux ouragans d’origine “externe” (atmosphérique).

Néanmoins, l’équilibre instable de l’écorce terrestre serait susceptible de provoquer des mouvements sismiques.

Les dernières secousses de forte intensité remontent au 3 juin 1770 à Port-au-Prince et au 7 mai 1842 au Cap-Haïtien (Nord). Ce qui signifie que les risques demeurent pour un tremblement de terre de forte amplitude en Haïti qui se situe dans une zone de fracture.

Prochainement, dans un délai non précisé par l’ingénieur Anglade, le Bureau haïtien des mines et de l’énergie disposera de matériels permettant de mesurer l’amplitude des secousses telluriques dans le pays.

Un projet, financé par l’Union européenne, est en cours de réalisation avec la direction nationale de la protection civile.

Un train de mesures, relatives notamment aux constructions parasismiques (un code de constructions parasismiques), ainsi que plusieurs consignes en direction de la population seront mis en oeuvre et diffusés dans le cadre de ce projet, prévient Dieuseul Anglade.

Il existe une faille, partant du Sud d’Haïti (Les Cayes) pour arriver jusque sur les hauteurs de Pétionville (y compris les zones d’exploitation anarchique des carrières de sable), signalent régulièrement les spécialistes haïtiens recommandant aux pouvoirs publics d’adopter des dispositions institutionnelles au même titre que celles appropriées aux cyclones afin d’éviter des pertes en vies humaines et en biens matériels.

Dans ce sens, les normes de construction des maisons en Haïti devraient être révisées pour empêcher les catastrophes ou autres désastres prévisibles, suggèrent les spécialistes nationaux en la matière.

Le mardi 05 août 2008, des dégâts mineurs (vaisselles cassées, murs fissurés) ont été reportés aux îles Cayemites, à la suite d’un tremblement de terre superficiel (10 kilomètres à la surface) et de faible intensité (4.3 sur l’échelle de Richter), enregistré à l’aube à 4:49 am locales [9:49 gmt] dans cette partie du Sud d’Haïti [1] selon les informations consultées par AlterPresse.

Le tremblement de terre du 5 août 2008 a été ressenti de Jérémie aux Nippes. Mais, aucune donnée n’était disponible sur les effets connus dans ces deux départements géographiques du Sud-Ouest.

Le 11 mai 2005, vers 20:58 locale (0:58 gmt), un séisme, d’une magnitude 4.3 sur l’échelle de Richter, a duré quelques secondes et a endommagé le réseau électrique de la capitale Au moment de la secousse, qui a provoqué la panique dans plusieurs régions du pays, une interruption de l’électricité s’est produite dans plusieurs quartiers.

Ayant appelé au respect de consignes de sécurité appropriées et souligné la fréquence de secousses plus ou moins rapprochées depuis quelques temps, Dieuseul Anglade faisait alors ressortir qu’il ne faudrait pas écarter l’éventualité, à l’avenir, de tremblement de terre plus important en Haïti. [rc apr 12/09/2008 11:00]


[1à une distance de 40 km de la ville des Cayes, la troisième ville d’Haïti, et à 135 km de Port-au-Prince, la capitale.