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23 août, Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition

Haïti-Rép. Dominicaine : Les causes de la traite et du trafic de personnes, analysées dans un forum binational

Soumis à AlterPresse le 22 août 2008

Par la plate forme haïtienne Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr)

Après une première journée consacrée, le 20 août, à la fois au symbolisme du 23 août - lié au soulèvement général des esclaves de Saint-Domingue pour la liberté - et à la réalité de la traite et du trafic de personnes aujourd’hui, le Forum Binational s’est poursuivi, le 21 août 2008, avec une série de conférences axées principalement sur les causes de ce double phénomène assimilé à une forme d’esclavage moderne.

Plusieurs dizaines d’Haïtiens et de Dominicains étaient présents à l’auditorium du Ministère de la Culture et de la Communication pour suivre les différents exposés, portant notamment sur : les violations des droits humains dans la migration, les liens entre la pauvreté, le kidnapping, et l’adoption par rapport au phénomène de la traite et du trafic, ainsi que les résultats d’une étude réalisée sur les causes socio-économiques y relatives.

Différents types de violations et absence de cadre légal

Patrick Camille, responsable de la section des Droits Humains et Migration du Garr, a présenté, les différents types de violations qui peuvent se produire avant, pendant et après les mouvements de trafic et de traite, comme : le viol, le prélèvement d’organes, la mort.

« Le trafic et la traite de personnes s’apparentent à une forme d’esclavage moderne », a soutenu Camille.

Pour sa part , Marjorie Dumornay, une représentante de la Fondation panaméricaine pour le développement (Padf), a mis l’accent sur l’absence d’un cadre légal régissant la situation des enfants en domesticité et permettant de caractériser cette pratique, pourtant très courante dans la société haïtienne, et, du même coup, prendre des mesures pour la prévenir, la punir et accompagner les victimes.

95% des adoptions en Haïti réalisées par des étrangers

Le thème de l’adoption par rapport à la traite d’enfants a été analysé par Marie-Josée Audet, déléguée par le Fonds des nations Unies pour l’enfance (Unicef), qui a avancé un chiffre alarmant :

« 95% des adoptions en Haïti sont réalisées par des étrangers et l’Etat ne reconnaît pas la majorité des 500 crèches qui évoluent en Haïti ».

Relations entre kidnapping et traite de personnes

De son côté, le responsable du Centre Oécumenique des Droits Humains, Jean-Claude Bajeux a établi le lien entre le kidnapping et la traite de personnes et appelé à une offensive en règle contre le phénomène.

« Il est insoutenable qu’un seul kidnapping existe sur la terre haítienne » martèle Bajeux, ajoutant que « la nation doit sa naissance à des milliers de combattants qui ont fait leur percée dans l’histoire de l’humanité, en se concertant pour mettre fin au système esclavagiste basé sur le trafic des êtres humains ».

Liens entre pauvreté et migration

Cette intervention a été suivie par celle de Colette Lespinasse, coordonnatrice de la Plateforme Garr, qui a rappelé les liens entre pauvreté et migration.

Un consultant de la Plateforme, William Gustave, a présenté les résultats d’une récente étude sur les causes socioéconomiques du trafic et de la traite de personnes, réalisée à l’initiative du Garr et de l’Agence de coopération technique pour le développement (Acted).

Traite et trafic, source d’enrichissement illicite après la drogue et les armes

La journée du 21 août s’est achevée avec des témoignages de victimes de la traite et du trafic, et de leurs proches ainsi que ceux des organisations d’appui haïtiennes et dominicaines.

« La traite et le trafic de personnes représentent la troisième source d’enrichissement illicite dans le monde après le trafic de la drogue et des armes », a rappelé le modérateur Wooldy Edson Louidor.

Animation culturelle et exposition sur les droits humains

Comme la veille, une pause culturelle a marqué cette 2e journée du Forum avec l’animation, cette fois, des enfants du Club Taïno, les acteurs-actrices de l’Atelier Miroir, de la troupe Coja/Pozando et du groupe Vodoula.

En outre, la valise pédagogique Genre, un outil de sensibilisation montrant le parcours difficile des femmes dans la migration, a été présenté.

Parallèlement, l’exposition Esclaves au Paradis, reste ouverte au public ainsi que plusieurs stands offrant documentation et animation sur une panoplie de droits humains.

Le Forum Binational contre la Traite et le Trafic de personnes rentre dans sa dernière journée, ce 22 août, avec, à l’ordre du jour, des ateliers de travail sur les Droits Socioéconomiques.

Dans l’après midi, un grand spectacle culturel est prévu au Champ de Mars pour clôturer ce forum, tenu du 20 au 22 août 2008, dans le cadre de la célébration de la Journée internationale du Souvenir de la Traite négrière et de son abolition.

Lisane André

Responsable de la Section Communication et Plaidoyer