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VIH-SIDA/Financement : La nécessité de rendre des comptes

Mexico., 07 août 08 [AlterPresse] --- La question du financement des politiques de lutte contre le sida a été un thème récurrent dans les débats ayant ponctué la dix-septième conférence internationale sur cette pandémie.

Ressources versus résultats

Malgré l’augmentation des ressources et du nombre de donateurs internationaux chaque année, des problèmes persistent dans divers pays accusant une grande incidence du VIH.

L’année 2007 a été marquée par un financement record d’un peu plus de dix milliards de dollars. Selon l’ONUSIDA, ce montant doit être quadruplé si on veut améliorer la situation dans les pays à forte incidence du virus.

À l’ouverture de la conférence le 3 août (2008), l’ancien président des Etats-Unis Bill Clinton avait planté le décor en soulignant la nécessité d’une évaluation chaque jour plus rigoureuse en vue de l’atteinte des objectifs fixés.

En termes plus explicites, le ministre hollandais de la santé se demande si l’augmentation des ressources entraînera pour sûr un renforcement des résultats.

Bert Koender et des officiels de divers autres pays, qui intervenaient à une session sur l’architecture financière mondiale, ont souligné « la nécessité d’améliorer les processus de planification, de financement, de responsabilité, d’efficacité transactionnelle, de renforcement des systèmes de santé, de durabilité et de transparence ».

Un autre intervenant, Mark Dybul des Etats-Unis, a fait savoir que, après tant de compromis et d’accords internationaux, il est venu le temps pour que chaque pays s’acquitte de ses engagements en matière de santé. Il a suggéré un moratoire pour passer en revue les engagements. « Nous devons commencer à rendre des comptes », a-t-il conclu.

Haïti et le financement

Haïti est l’un des pays bénéficiant de l’attention des donateurs à travers notamment le Plan d’urgence du Président des États-Unis d’Amérique en matière de lutte contre le sida (PEPFAR) et le Fonds mondial.

Créé en 2003, le PEPFAR a engagé en 2008 dix-huit milliards de dollars sur cinq ans. Il se concentre sur quinze pays cibles dont Haïti.

Créé en 2001, le Fonds mondial contre les pandémies a engagé 8.4 milliards de dollars dans 136 pays pour soutenir les interventions contre le sida, la tuberculose et le paludisme. En Haïti, il y a eu cent quarante-cinq millions de dollars d’engagement depuis 2003 dont soixante-dix ont été décaissés.

La Fondation SOGEBANK est le récipiendaire (en Haïti) du Fonds mondial. Son directeur exécutif se félicite de la logique d’efficience caractérisant la gestion de ces fonds.

Financement et évaluation

« La Fondation SOGEBANK s’inscrit dans ce rôle de monitoring et d’évaluation des projets exécutés à partir du financement assuré par le mondial », assure Émile Hérald Charles.

Les résultats sont palpables, explique le docteur Émile Hérald Charles, mettant entre autres en avant l’augmentation substantielle depuis 2002 des centres avec capacité de diagnostic et des centres de prise en charge des personnes vivant avec le sida (PVVIH).

Un éminent spécialiste haïtien du VIH-Sida, le docteur William Pape, confirme les progrès incontestables enregistrés. Selon le directeur des Centres GHESHIO, réussir l’évaluation consiste notamment à atteindre les objectifs que l’on s’était fixés.

« Chaque année, Haïti a des objectifs qui sont fixés par le Ministère de la santé publique et ses partenaires. Ses objectifs sont atteints, voire dépassés », ajoute le docteur William Pape.

Au nombre des objectifs atteints, le patron des centres GHESKIO cite la mise sous anti-rétroviraux de quinze mille patients et la baisse spectaculaire de la prévalence du VIH-Sida, passant d’un niveau record, il y a quelques années, à aujourd’hui 2.2%.

Nouveaux objectifs et défis

Le Ministère de la santé et ses partenaires envisagent de porter le nombre de patients sous ARV à trente mille d’ici à 2010.

Les progrès du pays dans le domaine sont d’autant plus marqués qu’il est quasiment impossible aujourd’hui de parler de lutte contre le sida sans mentionner Haïti, estime William Pape.

Le spécialiste impute ces avancées au « Tèt ansanm » (coude à coude) ayant prévalu dès le départ entre les secteurs public et privé ainsi qu’au leadership politique et technique ayant toujours existé dans ce domaine.

Le chemin reste toutefois long. La couverture du pays en terme de centres de dépistage volontaire (CDV) et de centres avec capacité de prise en charge demeure assez inégale. Alors que la maladie se ruralise (de plus en plus), les services n’y sont pas encore. [vs apr 07/08/08 23:30]