P-au-P, 31 juillet 08 [AlterPresse] --- La République d’Haïti attend de voir à l’oeuvre la Première ministre, désormais ratifiée, Michèle Duvivier Pierre-Louis, après le vote en sa faveur au Sénat ce jeudi 31 juillet 2008, plus d’un mois s’étant écoulé depuis sa désignation officielle [le 23 juin 2008] par le président René Garcia Préval, observe l’agence en ligne AlterPresse.
De concert avec Préval, la nouvelle Première ministre devra déterminer sa vision de gestion des affaires en la partageant avec, tout au moins, les partis politiques représentés au Parlement, lesquels placeront leurs mots sur la ligne à suivre et la feuille de route à appliquer.
Puisqu’il s’agit, dans le langae actuel, de responsabilités à assumer par différents secteurs [incluant les partis politiques et les organisations sociales], suivant un programme de gouvernement concerté, le pays s’interroge sur le plan qui sortira des négociations à venir.
La nouvelle mobilisation de militaires démobilisés, en différents points du territoire national, est une nouvelle donne qui vient se greffer sur plusieurs priorités à considérer par les actrices et acteurs politiques dans la politique qui sera présentée à la nation (à partir de quels repères ?).
En premier lieu, la vie chère, et l’un de ses corollaires la prochaine rentrée scolaire académique prévue pour le 1er septembre 2008, constitue un point crucial.
Parallèlement, la relance de la production nationale agricole et la création d’un environnement, propice à la génération d’emplois pour une grande partie de la population confrontée au chômage, représentent des urgences.
Il convient aussi d’envisager le budget de l’exercice fiscal 2008-2009, sans oublier la part de budget rectificatif non adoptée par le Parlement, et pour laquelle des fonctionnaires seraient en retard de paiement.
Sur ce point, quel est le bilan laissé par l’équipe sortante, non seulement au niveau du trésor public, mais aussi au niveau global de gestion des ministères ? Y aura-t-il un audit de l’administration publique avant l’entrée en fonction des futurs ministrables ? Y aura-t-il des révocations et intégrations dans des postes administratifs, et suivant quels critères ?
Des pourparlers doivent être engagés avec la communauté internationale sur ce qu’il est convenu d’appeler le document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté (Dsncrp), dont les grandes lignes ne sont pas reconnues par des secteurs sociaux non impliqués dans sa conception. Il y a également la question de politique néo-libérale et les marges que le nouveau gouvernement devrait s’attribuer, notamment en ce qui concerne les accords de partenariat économiques annoncés.
Et le mandat de la Mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah) ?
Pour l’année 2008, un dossier fondamental sera la position qu’affichera le nouveau gouvernement pour la tenue des sénatoriales partielles et pour les prochaines élections indirectes, ainsi que pour les prochaines compétions de 2009.
Les esprits risquent d’être surchauffés, d’autant que beaucoup assimilent la situation politique actuelle aux enjeux électoraux à venir, pour lesquels les différents partis politiques en scène fourbissent leurs armes.
En plus, il importe de prêter une attention aux revendications sectorielles, telles les paysans et les femmes, dont des collectifs ont émis récemment leurs cahiers de desiderata pour l’avenir du pays.
Quid de la décentralisation effective et de la déconcentration administrative ?
A ne pas faire table rase des événements imprévus, comme la menace de cyclones, les graves risques qui pèsent sur l’environnement spatial...
Le Sénat ratifie Michèle Pierre-Louis par 12 voix pour et 5 abstentions
Le choix de Michèle Duvivier Pierre-Louis, au poste de première ministre, a été ratifié ce 31 juillet 2008 par l’assemblée des sénateurs, vingt-quatre heures après le report de la séance de ratification.
Sur les 18 sénateurs que constitue le Sénat, 12 ont voté en faveur de Michèle Pierre-Louis, 5 se sont abstenus, le président du Sénat ne peut pas voter.
Prévue à 14:00 locales (19:00 gmt), la séance de ratification allait être retardée. Le rapport de la commission sénatoriale, chargée d’examiner le dossier du premier ministre désigné, a été lu, suivant les règlements du corps législatif.
Après lecture du rapport, le débat allait s’accentuer sur des rumeurs ayant trait à l’orientation sexuelle de Pierre-Louis.
La sénateure Edmonde Supplice Beauzile, dans ses interventions, était ferme par rapport à sa position, évoquant ainsi la question de moralité pour ne pas voter en faveur de Michèle Pierre-Louis.
Le sénateur Rudy Hériveaux laisse croire, dans ses propos, qu’on ne peut pas pénaliser une personne sur des soupçons autour de son orientation sexuelle.
Avec ce vote obtenu au Sénat, Michèle Pierre-Louis est habilitée à présenter sa déclaration de politique générale pour succéder à Jacques Edouard Alexis, destitué le 12 avril 2008 à la suite de violentes manifestations contre la vie chère.
Le 17 juillet dernier, sa désignation par le président René Préval a été approuvée par la chambre des députés. [rc do apr 31/07/2008 16 :30]