P-au-P, 24 juillet 08 [AlterPresse] --- Des nuages s’amoncellent, en cette fin de juillet 2008, dans le ciel politique d’Haïti, où le premier ministre désigné, Michèle Duvivier Pierre-Louis, attend encore sa ratification ou son rejet au Sénat de la République, une semaine après le vote favorable de la Chambre des Députés.
Des incertitudes persistent, malgré la disponibilité du rapport de la commission sénatoriale chargée d’examiner le dossier Michèle Duvivier Pierre-Louis, déjà soumis le 23 juillet au bureau du Sénat.
En vue de se pencher sur des préoccupations soulevées au Sénat et dans les secteurs politiques, une rencontre devait se tenir, ce 24 juillet, entre des parlementaires issus de diverses formations politiques représentées à la Chambre haute, le premier ministre désigné et le président René Garcia Préval, selon les informations parvenues à AlterPresse.
La présence de membres de partis politiques au sein du prochain gouvernement devait constituer le sujet principal des discussions du jour.
Après sa ratification par la Chambre des députés le 17 juillet, Michèle Pierre-Louis aurait eu des entretiens avec des dirigeants politiques et parlementaires de différentes tendances, suivant des informations circulant dans les milieux politiques.
Depuis quelques jours, un groupe de sénateurs, représentants de partis politiques à la Chambre haute, exige des négociations avec Michèle Pierre-Louis sur la participation de leur formation à la prochaine équipe gouvernementale.
Cette condition est posée comme préalable à la ratification de Michèle Duvivier Pierre-Louis.
Le groupe, composé au départ de 10 sur 18 sénateurs, est néanmoins traversé par des divergences, pour le moment irrésolues.
Un de ses membres, le sénateur Michel Clérié (regroupement “fusion des sociaux-démocrates”), a annoncé, le 23 juillet, sa décision de se retirer du groupe, mettant en relief l’existence de malaises.
« Il y a beaucoup de divergences au sein du groupe des 10, j’ai décidé de me retirer », déclare-t-il à des journalistes.
L’attitude de Michel Clérié est condamnée par son collègue Rudy Hériveaux de Fanmi Lavalas.
« Je ne sais pas s’il a mesuré les conséquences de son geste, parce que nous avons juré de militer ensemble », martèle Hériveaux.
Outre des représentants de la Fusion (Edmonde Supplice Beauzile et Judnel Jean), le groupe, nouvellement formé, comporte des membres de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL - Andris Riché et Jean Joseph Pierre-Louis), de l’Alliance (Alyans - Eddy Bastien), du parti PONT (Evallière Beauplan), de l’Union (Fritz Carlos Lebon), de l’Artibonite en Action (LAAA - Youri Latortue) et de Lavalas (Rudy Hérivaux).
De son côté, le regroupement “Lespwa” (Espoir), d’où est issu Préval, confirme la disposition de ses sénateurs (au total 8) à ratifier le choix de Michèle Pierre-Louis. Mais, un de ces sénateurs, Kely Bastien, qui occupe le poste de président du grand Corps, ne devrait pas voter, sauf pour départager des voix.
Les 7 qui pourront voter sont : Joseph Lambert, Céméphise Gilles, Jean Hector Anacacis, Jean Wilbert Jacques, Nènèl Cassy, Yvon Buissereth, Laurent Féquière Mathurin.
La question d’inclusion “obligatoire” de partis politiques au prochain gouvernement fait l’objet de débats dans les émissions de tribune libre, diffusées dans plusieurs stations de la capitale.
L’opinion est partagée sur le principe de participation de membres de partis politiques au prochain cabinet ministériel. Cependant, le public semble réprouver la perception, d’un possible « partage de gâteau » non fondé sur l’intérêt commun dans la gestion des affaires publiques.
Sans exclure la possibilité d’intégration, dans un cabinet ministériel, de membres d’organisations sociales ou d’autres secteurs, les partis politiques rétorquent que la participation à la gestion politique est nécessaire au renforcement de leurs structures, lequel est, selon eux, indispensable à l’avancement de la démocratie.
Beaucoup craignent une éventuelle accentuation de la crise, déjà aggravée avec les émeutes de la faim et le vote de censure du Sénat, le 12 avril 2008, contre le Premier ministre sortant Jacques Edouard Alexis.
Les familles haïtiennes sont tres préoccupées aujourd’hui par l’imminente rentrée des classes (prévue pour le 1er septembre), la hausse effrénée du coût de la vie et la dégradation accélérée des conditions de vie. [rc gp apr 24/07/2008 13:00]