P-au-P, 19 juillet 08 [AlterPresse] --- La Banque interaméricaine de développement (Bid) se déclare encouragée par la marche actuelle des projets financés sous ses auspices en Haïti, malgré les plus grands défis de développement qui se posent dans cette nation caribéenne de l’hémisphère Ouest, selon les informations consultées par l’agence en ligne AlterPresse sur le site de la banque régionale.
Construire une base plus solide pour la croissance économique, améliorer l’accès aux services de base, renforcer le secteur public : tels sont les trois objectifs stratégiques, sur lesquels sont concentrées, aujourd’hui en Haïti, la plupart des opérations de la Bid qui dispose d’un portefeuille de 698 millions de dollars américains en prêts et dons.
Plus spécifiquement, ce portefeuille disponible suscite des interventions pour la reconstruction de chemins et de routes, l’extension de la couverture en électricité et eau potable, l’intensification de la production agricole, l’amélioration de l’accès à l’éducation, la santé et les capacités à l’emploi, ainsi que la stimulation des revenus de l’Etat (l’assiette fiscale) par une consolidation des douanes et de la direction des impôts.
“Dans le bud d’accélérer l’exécution des projets, la Bid a renforcé son bureau de Port-au-Prince, le portant à une équipe professionnelle de 22 personnes à plein temps, après avoir fait appel à plus de spécialistes devant oeuvrer dans des secteurs prioritaires, incluant des experts en eau, agriculture, routes, énergie, éducation et développement du secteur privé”, signale la banque régionale, sans évoquer ouvertement le degré de “satisfaction” en ce qui concerne l’accomplissement des projets sur le terrain.
Cependant, la Bid réitère ses bonnes dispositions en faveur d’Haïti, vu qu’elle est en train d’aider financièrement le gouvernement à apporter un soulagement face aux pénuries causées par l’augmentation des prix des produits pétroliers et alimentaires, au-delà des investissements de long terme consentis en dehors de la capitale (dans les communautés en province).
Sur le terrain, aucune information ne filtre du côté du gouvernement [Ndlr : démissionnaire depuis le 12 avril 2008 par suite du vote de censure du Sénat contre l’équipe du Premier ministre sortant Jacques Edouard Alexis], quant à la nature d’un tel support international.
AlterPresse a relevé un processus accéléré dans la hausse des prix au cours d’interviews avec de petites commerçantes dans des marchés publics de la capitale.
D’aucuns craignent une explosion sociale, non seulement avec les effets multiplicateurs du relèvement des prix des produits pétroliers – qui a déjà entraîné une hausse du tarif des transports publics à l’échelle nationale – mais aussi par suite de la détérioration de la situation globale, en particulier face aux perspectives peu rassurantes, pour les ménages, de la rentrée des classes fixée au 1er septembre 2008.
Il n’est pas nécessaire de mentionner le vide gouvernemental, qui, depuis 3 mois, n’augure pas de bonnes promesses, tant le processus pour aboutir à la nomination d’un nouveau gouvernement tarde au Parlement. Plus de vingt jours se sont déjà écoulés depuis la désignation, le 23 juin 2008 par le président René Garcia Préval, d’une troisième personnalité [Michèle Duvivier Pierre-Louis, après Pierre Ericq Pierre et Robert Manuel successivement rejetés par la Chambre des Députés].
Le budget pour le prochain exercice fiscal 2008 – 2009, la planification des actions de développement, les négociations avec les différents pans de la communauté internationale, etc, sont dans l’attente de la mise en place d’un nouveau gouvernement, lequel, au mieux, ne devrait pas être effective avant début août 2008.
En tout état de cause, la banque interaméricaine de développement rappelle avoir déboursé, en mai 2008, un montant de 27 millions de dollars au profit du gouvernement haitien, qui venait alors d’annoncer des mesures d’urgence pour maintenir les prix des produits de base comme le riz, créer de l’emploi à travers des programmes de travaux publics et d’incitation de la production agricole.
A date, pour compléter ses ressources propres, la Bid a obtenu plus de 100 millions de dollars du Canada, 22.6 millions de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et 6.7 millions de l’Union européenne (UE).
Présente en Haïti sans interruption depuis environ un demi-siècle, la Bid souligne avoir assoupli ses règles d’opération en adoptant des critères favorisant la participation et d’organisations non gouvernementales (Ong) dans l’exécution des projets à titre contractantes ou de fournisseuses de services.
La Bid est le partenaire multilatéral le plus important en Haïti, avec un portefeuille actif de 23 investissements et des opérations en faveur des réformes s’élevant à $674.9 millions, à compter de mai 2008. Près de la moitié de ces investissements a été décaissée jusqu’à présent.
La Bid finance des projets dans trois domaines clés : la gouvernance économique et le développement institutionnel pour un montant de $77.5 millions ; le redressement économique pour $349.5 millions, et l’accès aux services de base pour $247.9 millions. À cette enveloppe s’ajoutent $124.00 millions en cofinancements administrés par la Bid, y compris les fonds fournis par le Canada. [rc apr 19/07/2008 17:00]