Español English French Kwéyol

Le GRALIP dit non à tout projet d’anéantissement de la presse indépendante

Communiqué du GRALIP

28 septembre 2003

Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse (GRALIP) est profondément alarmé face au projet totalitaire de mise en coupe réglée des médias indépendants, clairement exprimé par le pouvoir en place, à travers l’émission ’’débats publics’’ qui réunissait, le dimanche 21 septembre 2003, le Ministre de la Justice, Calixte Delatour, le Secrétaire d’Etat à la Communication, Mario Dupuy, et le Directeur Général du Conseil National des Télécommunications (CONATEL), Jean Ary Céant.

Grande a été la surprise de plus d’un, d’entendre deux hauts responsables gouvernementaux et le directeur d’une institution d’Etat, à vocation purement technique, s’égosiller, dans un exercice de collusion politique, pour vanter les vertus de la loi sur les télécommunications du 12 octobre 1977, un cadre de référence juridico-légal anachronique, contraire aux normes de fonctionnement d’une société démocratique.

Le GRALIP constate avec stupéfaction le manque d’éthique politique et de cohérence d’un pouvoir qui, tout en ayant la prétention d’incarner les aspirations profondes du peuple haïtien à la démocratie, au pluralisme idéologique, fait sien l’arsenal législatif hérité de la sinistre dynastie des Duvalier.

Tour à tour complices et compétiteurs dans leur volonté inébranlable de serrer la vis aux journalistes indépendants, les trois intervenants n’ont peut-être jamais douté du sort que leur réserve l’histoire, tout comme certains de leurs illustres prédécesseurs, qui consacraient toute leur énergie aux bons et loyaux services réclamés par leurs chefs omnipotents, sans savoir qu’ils allaient être par la suite répudiés par la conscience collective.

Les fauves Dupuy, Delatour, et Céant ont sorti leurs griffes pour contraindre les médias privés indépendants à l’obéïssance totale sur trois thèmes polémiques : l’alphabétisation, les élections et 2004, dont la légitimité - avec la démagogie politique en moins - serait incontournable en temps normal.

Cependant, à cause d’une ambiance politique pourrie, leur seule évocation suscite silence, indifférence, quand ce n’est pas une vive opposition.

Comment le régime actuel, né d’une crise électorale majeure, qui le place dans une posture de manque d’autorité et de déficit de légitimité, peut-il d’ores et déjà définir les règles éthiques de la campagne électorale avant même l’arrivée du CEP de consensus, la seule autorité reconnue en matière électorale.

Mario Dupuy, dans sa course vertigineuse, a par ainsi trahi l’intention politique maligne du pouvoir.

Le GRALIP rappelle au Secrétaire d’Etat à la Communication que la Presse Indépendante avait, en toute responsabilité, marqué son territoire, lors de précédentes élections contestées ou controversées ; notamment le scrutin du 17 janvier 1988 organisé par le CEP du tristement célèbre Me. Jean Gilbert et la mascarade électorale du 18 janvier 1993 orchestrée par le CEP de facto de Balthazar St Fort Liné.

La fameuse Loi 77, dont les vertus démocratiques sont subitement découvertes par les faucons lavalas, sonnera-t-elle le glas de la Presse Indépendante, de la Liberté de la Presse, comme ce fut le cas le 28 novembre 1980, en janvier 1986 avec l’instauration de l’Etat de siège, quelques jours avant la chute de la dynastie des Duvalier.

Le GRALIP a été surpris de voir l’obstination de Calixte Delatour - un nostalgique de l’ère répressive - à vouloir même prendre de vitesse, le Chef de l’Etat, dans sa volonté d’imposer l’ordre ancien aux médias.

Le GRALIP déplore par ailleurs le mépris affiché par Mario Dupuy à l’égard des correspondants des médias de la diaspora. Pour quelques dollars, ces journalistes confectionnent une information « sexy » sur la réalité haïtienne, affirme avec condescendance le Secrétaire d’Etat qui a oublié, au passage, les nombreux programmes radiophoniques de propagande lavalas qui pullulent en Amérique du Nord, souvent sur la base du mercenariat politique.

Encore une fois, cher Monsieur Dupuy, vous êtes disqualifié pour édicter, proposer ou rappeler les règles et principes sous-tendant la liberté de la presse. Vous qui êtes, tous les jours, aux commandes de trois fabriques « d’informations » (la TNH, la RNH, l’Union) où les sujets d’actualité sont choisis à la carte.

Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse (GRALIP) exhorte la corporation à demeurer vigilente et solidaire afin d’affronter dignement les périls actuels et futurs.

Vario Sérant, Coordonnateur principal

Stéphane Pierre-Paul, Assistant-Coordonnateur

Ronald Colbert, Administrateur