P-au-P., 09 juil 08 [AlterPresse] --- L’ancien ministre de l’agriculture, Gerald Mathurin, actuel dirigeant de la Coordination Régionale des Organisations du Sud-est (CROS), a qualifié de « tollé mineur » cachant des intérêts inavoués, la campagne de rumeurs orchestrée contre le premier ministre designé Michele Duvivier Pierre-Louis.
« Il ne faut pas se laisser prendre à ce jeu », déclare-t-il dans une interview à AlterPresse, au cours de laquelle les remous sur les prétendues moeurs sexuelles de Pierre-Louis ont été évoqués.
« La nation ne peut rester les bras croisés. Elle doit faire montre de vigilance sur le travail du parlement », préconise Gerald Mathurin.
La chambre des députés procède depuis le 4 juillet dernier à l’étude du dossier du premier désigné. A travers des déclarations dans les médias, certains députés se prononcent en faveur de la ratification de Michèle Duvivier Pierre-Louis et d’autres se montrent contre en disant vouloir voter selon leur « foi chrétienne ».
Pour Gérald Mathurin, « le parlement a le dos au mur ». Appuyé par d’autres acteurs, le législatif est à la recherche d’un alibi pour rejeter le premier ministre désigné, pense-t-il.
Analysant le contexte actuel, l’ancien ministre estime que la lutte pour le pouvoir s’est exacerbée. La nomination de Pierre-Louis, « militante de longue date de la cause du changement, une personne digne, qui se respecte », semble se situer dans un virage que tente de prendre l’administration Préval, poursuit-il.
Mathurin affirme que « c’est l’après Préval qui se discute aujourd’hui ».
Constitutionnellement, le président ne peut briguer un troisième mandat. « Quel rôle a-t-il décidé de jouer ? Quel groupe politique va-t-il favoriser ? Telles sont les questions qui se posent », souligne-t-il.
Face à cet enjeu de pouvoir, explique Gérald Mathurin, le désaccord, la méfiance et la division se sont installés au sein de la plate-forme Espoir, sous la bannière de laquelle Préval a été élu.
Dans ce qui paraît être une « bataille entre l’exécutif et le législatif », il y a aussi des acteurs moins visibles, « des mains occultes qui manœuvrent dans l’ombre », selon Mahturin.
C’est dans ce contexte, dit-il, que se sont produits les rejets des deux précédents premiers ministres désignés (Eric Pierre et Robert Manuel). Les critères techniques évoqués par les parlementaires sont considérés comme des « prétextes » par le dirigeant de CROS.
« Tout le monde sait que ce qu’on voit n’est qu’une apparence qui cache la réalité », déclare-t-il.
Cette « bataille pour le pouvoir » est qualifiée de « stérile », par Mathurin. « Dans l’état actuel des choses, ce n’est pas une bataille pour apporter des réponses aux problèmes de la société, mais pour contrôler les avenues du pouvoir et assurer sa réussite personnelle », opine l’ancien ministre.
Pourtant, selon lui, des défis majeurs sont devant la nation. Parmi les questions les plus importantes, Mathurin cite le problème de la corruption, a laquelle « il faut mettre un terme ».
De même, ajoute-t-il, il faut « donner au pays des institutions capables d’assurer l’intégration de tous les secteurs de la nation, apporter des réponses a des problèmes d’éducation, de santé etc, régler les questions de justice, revoir les pratiques électorales et résoudre le problème de souveraineté ».
« Il y a des risques réels que des évènements bizarres se produisent. Le président Préval doit jouer sa partition pour éviter au pays de nouveaux écueils », conclut Gérald Mathurin.
Si Michèle Duvivier Pierre-Louis obtient l’aval de la chambre des députés, les mêmes démarches devront être entreprises au sénat.
Le premier ministre désigné doit être ratifié par les deux chambres avant de pouvoir former un gouvernement et soumettre sa politique générale à la sanction du parlement. [gp apr 09/07/08 07:00]