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Haïti : Les députés et l’image des premiers ministres désignés

P-au-P, 04 Juillet 08 [AlterPresse] --- « La politique est un champ de bataille où se livre une guerre symbolique pour aboutir à des rapports de domination ou à des pactes d’entente », déclare le professeur Hérold Toussaint, dans une réflexion portant sur « Rhétorique et politique en Haïti : Les députés et l’image des premiers ministres désignés ».

Docteur en Sociologie et professeur de communication politique à la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) de l’Université d’État d’Haïti, Hérold Toussaint intervenait le 4 juillet 2008, lors d’une conférence à cette faculté, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

Toussaint a essayé de cerner, entre autres, la dynamique de la presse dans le processus de ratification des premiers ministres désignés, dont Michèle Pierre-Louis, nommée le 23 juin dernier par le président Préval et dont le dossier est en cours d’examen a la chambre des députés.

Se basant sur les contenus répertoriés dans les journaux, Toussaint reste convaincu qu’il n’existe pas de politique sans discours politique. De même il n’existe pas de politique sans séduction, dit-il, en rappelant que « la rhétorique porte sur le discours persuasif ».

Il a relevé que, du 18 juin au 3 juillet 2008, pas moins de 33 textes, concernant Michèle Pierre-Louis, sont parus dans les journaux et hebdomadaires de Port-au-Prince.

Parmi ces textes, figure une mise au point de Michèle Pierre-Louis, suite a une campagne de rumeurs déclenchée contre sa personne.

« Je ne suis pas seule dans ce combat », phrase qui conclut la déclaration de Michèle Pierre-Louis, a été soulignée par Hérold Toussaint. Selon lui, de tels propos prouvent que « la politique est un champ de bataille où se livre une guerre symbolique pour aboutir à des rapports de domination ou à des pactes d’entente ».

D’autre part, l’universitaire s’est penché sur le comportement des députés de la Concertation des Parlementaires Progressistes (CPP) qui se considèrent comme des « jeunes ».

La décentralisation, le développement local et la lutte contre la corruption sont les trois principaux thèmes sur lesquels la CPP entend mener son combat, rappelle Hérold Toussaint qui se réfère à une interview du député Levaillant Louis-Jeune au journal Le Nouvelliste.

Pourtant, la déclaration publique de Ericq Pierre, après le rejet de son choix comme premier ministre désigné, a épinglé les parlementaires sur la question de la corruption, selon ce qu’a souligné Hérold Toussaint.

« Dès le début du processus, je me suis heurté aux forces de la corruption. Mon refus de pactiser avec elles me vaut aujourd’hui d’être écarté par la Chambre des Députés », déclarait Pierre Ericq Pierre.

Véritable paradoxe, selon Hérold Toussaint qui constate une guerre de discours autour de la problématique de la corruption en Haïti.

Par aillleurs, Hérold Toussaint évoque la nécessité d’avoir des espaces de débat et de réflexion au sein de l’université autour de la situation du pays.

« Il n’y a pas de vie citoyenne sans débat, il n’y a pas de vie citoyenne sans argumentation », affirme-t-il.

« Violence et État Moderne. L’espoir de la raison en Haïti » est l’un des ouvrages de Hérold Toussaint, préfacé par Michèle Pierre-Louis, docteure en économie.

La conférence-débat du 4 juillet 2008 s’inscrit dans le cadre des « Vendredis » de l’Association haïtienne des étudiants en communication sociale (Ahecs) de la FASCH. [do apr 07/07/2008 11 :15]