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Haiti : « Au delà de l’écume des choses »

Dix témoignages sur l’itinéraire de Michèle Pierre-Louis

Par des professionnels, intellectuels, syndicalistes, universitaires, écrivains de différents milieux

Soumis à AlterPresse le 4 juillet 2008

Dix professionnels ayant côtoyé Michèle Pierre-Louis témoignent de sa compétence, de son sérieux et de sa capacité à faire face aux urgences de la conjoncture actuelle. Ces professionnels, intellectuels, syndicalistes, universitaires, écrivains de différents milieux font ressortir du parcours de Michèle Pierre-Louis son exigence éthique et son grand sens de la solidarité. Ils évoquent tous la nécessité de trouver une solution à la grave crise que vit la nation. Les noms des intervenants : Louis-Philippe Dalembert, écrivain, Paris ; Jean Marie Théodat, professeur à l’Université Panthéon-Sorbonne, Paris ; Rafael Lucas, professeur à l’Université de Bordeaux-3 ; Rodney Saint-Éloi, écrivain, éditeur de Mémoire d’encrier, Montréal ; Danièle Magloire, sociologue, Port-au-Prince ; Raoul Altidor, coordonnateur syndical, New York ; Gary Klang, écrivain, Montréal ; Eric Boucicaut, ancien directeur de American Airlines, promoteur artistique, Florida ; Joël Des Rosiers, poète et psychiatre, Montréal, Raymond Chassagne, écrivain, Montréal ; Frantz Voltaire, éditeur du CIDIHCA, politologue, Montréal.

The right (wo)man for the right place

J’ai eu, en tant qu’écrivain, la chance et le plaisir de collaborer plusieurs fois avec Michèle Duvivier Pierre-Louis. J’ai eu aussi, en tant que simple citoyen, l’occasion de la voir travailler, de l’observer, de près comme de loin. Assez pour me rendre compte qu’elle réunit plusieurs qualités fondamentales pour occuper un poste tel que celui de Premier Ministre.

La compétence d’abord. À ce propos, ses réalisations depuis plusieurs années parlent pour elle : le travail réalisé par l’entremise de la Fokal, le réseau de bibliothèques tissé dans différentes villes du pays, le tout récent projet de Parc naturel à Martissant sur l’ancien site de l’habitation Leclerc... Ces réalisations témoignent d’une personnalité qui a de la suite dans les idées, capable de travailler sur le moyen et le long terme. Mieux encore, elles sont la preuve, rare dans ce pays, qu’on peut, avec des fonds privés, travailler pour le public. Dans n’importe quel autre pays au monde, on n’aurait pas de mots assez forts pour remercier une personnalité de ce genre. Ici, une certaine catégorie d’individus a plutôt tendance à lui jeter la pierre. Je dis bien “une certaine catégorie”, car il existe, heureusement, d’autres personnes, souvent parmi les plus modestes, qui lui sont reconnaissantes du travail accompli jusque-là. Avec honnêteté.

Voilà une autre qualité de cette dame. On ne peut pas dire, pour utiliser un euphémisme, que ce soit la qualité principale de la classe politique haïtienne. Madame Pierre-Louis est quelqu’un d’honnête, de profondément honnête. Par honnêteté, j’entends deux choses. D’une part, quelqu’un qui n’est ni corrompu ni corruptible. D’autre part, quelqu’un qui est en phase avec ses propos. Ce qui me frappe souvent en écoutant parler, puis en observant certains de mes compatriotes de la classe politique et intellectuelle, c’est le décalage, un fossé, qu’il peut y avoir entre leurs propos et leurs actes. Les mots, pour aller vite, sont souvent “révolutionnaires”, progressistes ; les actes, arriérés, féodaux, voire réactionnaires pour certains. Cette honnêteté intellectuelle frappe très vite quand on a affaire avec Michèle Pierre-Louis.

Ces deux qualités, à elles seules, pourraient suffire quand on sait dans quelles eaux basses et fangeuses nous nageons. Mais Michèle Pierre-Louis réunit d’autres qualités qui, à mon humble avis, peuvent se révéler fort utiles à l’exercice de la fonction de Premier Ministre. Elle dégage à la fois une sérénité rare et un grand humanisme. J’ai eu le privilège de discuter avec elle dans des contextes très différents : à Port-au-Prince, à Jérémie, à Paris... A chaque fois, cela a été un plaisir de découvrir, en plus de la grande intelligence de cette femme, sa formidable capacité d’écoute, forme première du respect qu’elle cultive à l’égard des grands comme des petits. C’est quelqu’un qui sait être sincèrement à l’écoute de l’autre. Qui sait faire taire son ego pour se mettre au service de l’autre, comme le prouve son travail à la Fokal.

Sa tolérance ne gomme pas pour autant une personnalité déterminée, dotée de sens pratique. Pragmatique aussi, capable de passer outre les détails pour aller à l’essentiel. Une femme de conviction. Une personnalité qui peut faire consensus, ayant été habituée à travailler avec les différentes couches de la société haïtienne. Qui pourrait, plus que tout autre, enlever le frein à main d’une société bloquée par ses propres peurs, ses lâchetés et ses petitesses aussi. Elle ne ferait pas de miracles, personne ne peut en faire, pas plus en Haïti qu’ailleurs. Mais on peut être sûr qu’elle travaillera avec compétence, honnêteté et courage pour trouver des solutions au marasme dans lequel nous ne finissons pas de nous enfoncer. Voilà comment je vois cette femme appelée à occuper, dans un contexte aussi difficile, le poste de Premier Ministre. Ce serait dommage de laisser passer cette occasion. Les parlementaires haïtiens, en ratifiant sa nomination, en sortiraient grandis à la fois devant l’histoire... et devant leur électorat.

Louis-Philippe Dalembert, écrivain, Paris

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De même qu’un coursier gardé à l’écurie, nourri de paille à la crèche, rompt soudain le licou, s’élance en piaffant dans la savane et se grise de la puissance insoupçonnée de ses jarrets, la classe politique nationale, longtemps tenue en lisière par l’exercice autoritaire du pouvoir, prend aujourd’hui une revanche qui participe à la fois du défoulement de sentiments reclus et du partage légitime de l’autorité entre les trois sources du pouvoir. Il faut s’en féliciter et encourager à encore plus d’audace les sénateurs et les députés qui sont les dignes représentants de notre peuple. Leur vigilance est notre bouclier dans la défense des droits fondamentaux du citoyen.

Cependant, l’exercice de ces droits imprescriptibles ne doit pas outrepasser le respect des libertés fondamentales de l’individu, en particulier de ceux que leur engagement et leur implication civiques exposent à la fascination toujours morbide du vulgaire pour les détails d’alcôve et les ragots de cuisine. Les états de service de madame Michelle Pierre-Louis et sa capacité à relever le défi de diriger le gouvernement doivent seuls compter dans le processus de ratification par les deux assemblées souveraines. Tout le reste sent la déréliction et le mauvais tafia.

Jean Marie Théodat, Université Panthéon-Sorbonne, Paris.

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(…) Peut-on reproblématiser la question haïtienne en évitant de faire de la démolition de l’autre notre sport national. Comment éviter de faire d’Haïti un monstre qui mange ses meilleurs enfants ? Comment dépasser nos éternels démons : la corruption, l’intolérance, l’exclusion ? Les défis sont énormes : la normalisation de la vie nationale, l’intégration des jeunes, la revitalisation des classes défavorisées, la valorisation de la connaissance et de l’instruction, l’émergence d’un discours social capable d’accompagner une société démocratique. Créons un cadre au débat… Ouvrons avec Michèle Duvivier Pierre-Louis - dont la compétence et l’exigence éthique sont connues de tous – un espace de dialogue sur la possibilité de repenser Haïti.

Voici peut-être venir ce temps de se parler sur la place publique, pour interpeller les raisons de nos malheurs. La désignation de Michèle Pierre-Louis ni sa nomination comme Premier ministre ne peuvent être une garantie d’un quelconque miracle social. Nous sommes néanmoins assuré qu’avec elle, les questions sociales, politiques, idéologiques (en lieu et place des débats passéistes noirisme versus mulâtrisme, ici versus ailleurs, ville versus campagne qui ont transformé la société haïtienne en une meute de complexés) vont être revisitées, en vue d’une certaine solidarité sociale. Et, on pourra alors nommer la paysannerie, la jeunesse, les classes défavorisées, les universitaires, et tenter de canaliser les énergies vers une croisade civique, citoyenne et digne pour une nouvelle Haïti.

Rodney Saint-Éloi, écrivain, éditeur, Montréal

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Il faut donner sa chance à Michèle Duvivier Pierre-Louis. Nous avons connu dans un passé récent des gouvernements loup-garous jour et nuit. Nous avons connu des chefs charismatiques illuminés porteurs de ténèbres. Nous connaissons un Parlement grisé par son pouvoir, perdu dans un ping-pong catastrophique avec la Présidence : la balle n’est autre que le sort des plus défavorisés d’un pays déjà martyrisé.

Le Parlement joue aussi avec le feu, avec un mélange de délire démocratique, de cécité politique et d’inconscience suicidaire. N’y a-t-il pas le danger qu’une foule excédée pénètre dans ses locaux ? Donnons donc la chance à la chance, donnons l’espoir à l’espoir. Laissons gouverner Michèle Duvivier Pierre-Louis.

Rafael Lucas, professeur à l’Université de Bordeau-3, Bordeau

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Michèle Duvivier Pierre-Louis, c’est la passion des savoirs et de leur partage. C’est la curiosité, c’est-à-dire la soif de découvrir, le désir de questionner sans cesse pour débusquer le sens, l’aptitude toujours renouvelée à s’émerveiller. C’est une immense générosité qui lui donne la capacité d’être ouverte à tout et de pouvoir offrir son écoute même aux personnes avec qui elle est en désaccord. Michèle, c’est un parti pris sans faille pour tout ce qui peut contribuer au bien commun. Michèle, c’est aussi une plume discrète, mais éclatante, vivifiante.

Pour paraphraser Manno Charlemagne, je dirais que c’est « au temps béni » de 1986, que j’ai appris à connaître et à apprécier Michèle. De la Librairie La Pléiade, à FOKAL (Fondation Connaissance et Liberté), en passant par Radio Haïti Inter, la revue Chemins critiques, Martissant et la boulangerie de la Rue Traversière, je n’ai cessé de côtoyer une femme d’intelligence subtile et de cœur ; une femme dont les énergies ont été mises au service de ses engagements multiples. Même si, selon les époques, le point focal des engagements a pris des visages différents, l’exigence du rapport à la vérité a toujours été le même : assainissement dans l’administration publique, constitution d’organisations citoyennes, édification de petites entreprises, alphabétisation des adultes pour plus de justice sociale, accompagnement des organisations paysannes, formations diverses en particulier des jeunes, création d’espaces du livre et de la lecture, plaidoyer pour le secteur culturel, construction de partenariats, quête incessante des passerelles à tisser. Et puis toujours, le temps pris pour cultiver les affections, pour être attentive et solidaire ».

Danièle Magloire, sociologue, Port-au-Prince

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M ap travay depi plis pase dizan nan yon òganizasyon sendikal ki gen 2 milyon manm. Se pa revolisyon k ap fèt. Men omwen mouvman sendikal ameriken an pemèt salarye ak ouvrye dekwoche kontra kolektif pou amelyorasyon kondisyon anbyans ak travay yo. Pou rive la sa ki konte se konnen endistri a, se sekwe tout yon sistèm a travè bòs yo lè w elve nivo konsyans klas travayè yo. Kesyon etnik, oryantasyon politik ak lòt vin segondè.

Li twò fasil pou mazèt elimine bon jwè ann Ayiti. Mwen pa janm rankontre premye minis deziye a. Men mwen frekante FOKAL nan bay konferans konsènan literati. Mwen konstate rezilta pozitif inisyativ Michèle Pierre-Louis pran nan plizyè vil ann Ayiti. Mwen ta gen plis pou m pèdi nan bay sipò m ak yon moun ki pral travay nan leta nou konnen m konnen an. Men èske rete gade pou pwoteje imaj sifi ? Pouki sa n pa mize sou yon moun nou estime ki ka eseye fè diferans ?

Raoul Altidor, Kowòdonatè sendikal, New York

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Longtemps dans mes poèmes j’ai chanté Haïti. L’odeur d’ilang-ilang, le bruit sourd du tambour, les chiens à la voix rauque, le coq qui chante à la mi-nuit. Longtemps je fus hanté par le passé. Je pensais que l’ex-île ne pouvait pas durer et que je retrouverais un jour mes vieux amis et l’insouciance.

Mais rien ne s’est passé comme je le désirais. J’ignorais alors que le Temps et l’Histoire font toujours à leur tête et se moquent de nos souhaits. Je ne suis jamais retourné vivre en Haïti.
L’ancien pays a été détruit et ma ville natale est devenue méconnaissable. Mais est-ce une raison de désespérer et d’abandonner toute volonté de changement ?

Moi, je dis non à la fatalité. Malgré l’agonie interminable de l’île, malgré les déceptions et les souffrances, je fais encore le rêve qu’un jour je pourrai de nouveau sentir l’odeur d’ilang-ilang, entendre le vent le soir chuchoter dans les pins, et chanter dans mes poèmes ce que jadis j’ai tant aimé.

Mais pour cela, il faudrait que la politique se poétise, qu’elle abandonne le terre à terre et les blocages pour regarder au loin. Qu’elle se donne pour tâche de nous faire rêver par de grands projets qui rassembleraient tous ceux qui (comme Michèle Pierre-Louis) veulent rallumer les étoiles. Que la politique quitte le domaine de l’insignifiance et du futile, et se rappelle que l’homme est un dieu tombé qui regarde vers le ciel. Soulever des problèmes de vie privée ou de nationalité est un acte antipoétique.

Gary Klang, écrivain, Montréal

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Après avoir désigné successivement M. Eriq Pierre et M. Robert Manuel, au poste de Premier Ministre, le président René Préval nous propose son choix le plus judicieux jusqu’ici, Madame Michèle Pierre-Louis.
Il est indéniable que le pays compte nombre d’hommes et de femmes compétents pour occuper ce poste dont certains présentent une image différente de celle de Madame Pierre-Louis. Cependant, à cause de son amitié avec le Président Préval, sa forte personnalité, son intégrité et sa longue militance, personne n’est mieux placé, dans cette conjoncture, pour réussir à cette fonction que Madame Pierre-Louis. Nous avons raté des occasions pareilles dans notre histoire, aujourd’hui, transcendons nos différends car l’heure est grave !

Nos insistons auprès de tous ceux qui adhèrent à cette réflexion ou toute autre idée œuvrant dans le même sens pour qu’ils contactent les parlementaires de leur circonscription afin de leur demander qu’ils supportent la candidature de Madame Pierre-Louis. C’est probablement notre dernière chance pour éviter le pire qui se profile.

Eric Boucicaut, Ancien Directeur General American Airliines, Promoteur Konkou Mizik, Président-Fondateur A.C.T.I.O.N. Foundation, Florida

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La clameur causée par la désignation à la primature de Michèle Duvivier Pierre-Louis, économiste et militante des droits démocratiques, offre par son ampleur et son retentissement médiatique, la possibilité d’analyser en détail les enjeux sociaux et politiques de « l’homosexualité » dans l’Haïti moderne et postmoderne. Elle dévoile une sous-culture homosexuelle en pleine mutation dans l’imaginaire haïtien, caractérisée par des manières très différentes de vivre et de définir selon les classes sociales et le lieu géographique son « homosexualité ». Les pratiques sexuelles dans un pays naguère stigmatisé par le SIDA (qu’on se rappelle les 4 H des années 80), l’inversion de genre, le respect de la norme sociétale, le poids de la tradition catholique et la place de l’homosexualité dans le vodou sont autant de variables qui interviennent et éclairent la façon dont la question homosexuelle est alors perçue par l’opinion et gérée par les pouvoirs publics.

Une caractéristique de notre époque est d’avoir placé l’homosexualité sur la scène publique, et sur le mode revendicatif. Les icônes des cultures gay et lesbienne pullulent dans les médias jusqu’à saturation. De là, le grand danger de la posture revendicative qui peut déboucher sur l’exclusion de comportements sexuels perçus comme déviants. Paradoxalement, c’est une grande solitude qui pèse le plus sur les homosexuels en dépit d’une socialité affichée, sous-tendue par le culte du corps et l’hédonisme - ambiance sociétale dans laquelle baigne l’Occident et vers laquelle les pays du Sud se dirigent. Comprendre « l’homosexualité » en Haïti aujourd’hui passe à la fois par la connaissance des œuvres qui la mettent en scène soit par la fiction (La Dernière goutte d’homme, Jean-Claude Fignolé, 1999) soit par le documentaire (Des hommes et des dieux, de Anne Lescot et Laurence Magloire, 2002) et par le singulier de la question posée par l’homosexualité sur le désir et le même.

Je laisse de côté les calculs qui conduisent les responsables politiques à des contorsions pour ne pas heurter la sensibilité de leurs électeurs pour librement associer ce qui me paraît faire vérité dans cette affaire. Si l’on lit attentivement la mise au point de Michèle Duvivier Pierre-Louis, (Le Nouvelliste du 3 juillet 2008), l’on verra qu’elle contient un argumentaire anthropologique essentiel sur la parenté et la filiation : « ma fille qui vient tout juste de me donner mon premier petit-fils » Par l’évocation de la dette de vie, on constate qu’elle fait ainsi une place à « l’ordre symbolique », estuaire théorique où confluent Lévi-Strauss, Lacan et le droit positif de la famille. Ce concordat reçoit son intelligibilité dès lors que l’on y cherche en vain la place de la fonction paternelle. Or la question du déclin du père, père déchu dans l’inconscient collectif depuis la Plantation, notamment dans les prescrits du Code Noir qui interdisait la filiation par les esclaves, fonde la protohistoire de notre culture et prendra toute son importance idéologique pendant la période duvaliérienne avec le personnage du Papa Doc.

Sur la scène des pulsions, voici venir le dictateur soumis lui aussi à la sexualité, figure négative du père, c’est-à-dire celui qui littéralement dicte la parole, dans une violence convulsive pratiquée en foule, au lieu de la susciter. Exaspérée par la nature même de l’action politique, -un parle au nom de tous-, c’est sans doute la terreur océanique d’une société sans père qui est ici réveillée… face à un désir mimétique libéré des contraintes archaïques.

Joël Des Rosiers, poète et psychiatre, Montréal

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Michèle, c’est sur les chemins du savoir, de la compétence et de la qualité que je t’ai rencontrée, bravant les tourmentes du sous-développement haïtien, t’éloignant – incitant les autres à s’éloigner- des errances de comportement et du délire verbal désincarné sans effet. En témoignent les quarante bibliothèques installées à travers le territoire et la richesse des débats à « Monique Calixte », ouverts sur une formation citoyenne de rupture. Je suis témoin. La bibliothèque « Amis lecteurs de Port-Salut », financée par la FOKAL que je fondai en compagnie d’un groupe de patriotes, me permit, douze années de suite, de poursuivre l’œuvre de rupture ouverte à des citoyens accédant à la connaissance de leur origine, de son caractère dramatique, des urgences qui s’en suivent.

Grâce à ton dynamisme, Michèle, je pus répondre à la prégnance du défi et répandre, au sein de la Commune de Port-Salut, une bonne parole permettant la saisie de l’aventure haïtienne et des voies de sortie qui s’offrent encore. Et tout cela, à partir d’une nouvelle présence réflexive et des clémences de l’effort. Ni comportements ni discours contraires à ta pratique quotidienne n’auront raison de qui tu es.

Raymond Chassagne, écrivain, Montréal

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La désignation de Michèle Pierre-Louis au poste de Premier Ministre a créé tout un remous. Au delà de l’écume des choses, de ce matraquage obscène contre la personne de Michèle Pierre-louis, il règne une odeur vague de refus de trouver une solution à la crise. Il y a d’un côté ceux qui privilégient le dénigrement et la dénonciation. De l’autre, ceux qui veulent faire de la rationalité un enjeu politique, refusant de laisser le pays en otage à ceux dont la seule politique est celle de slogans et de clichés éculés.

La permanence de la crise politique a pour effet de gangrener le pays de l’intérieur, de provoquer lassitude et désespoir et finalement de réduire à néant le débat politique. Après l’échec des deux nominations précédentes, la désignation de Michèle Duvivier Pierre-Louis laissait inaugurer une sortie honorable à la grave crise que vit le pays. Sans lui donner un chèque en blanc et tout en gardant une posture critique, dans la situation actuelle la nomination de Michèle Pierre-Louis indiquerait un changement de cap dans la manière de faire de la politique dans ce pays. À ceux qui dénigrent Michèle Pierre-Louis nous disons que le débat public doit porter sur les problèmes de la nation, agriculture, emploi, fiscalité, éducation, santé, sécurité, justice, etc. Elle doit être jugée sur ses compétences et sa capacité à apporter des réponses innovatrices aux problèmes du pays.

La diversité des personnalités qui soutiennent la nomination de Michèle Pierre-Louis nous indique qu’il y a de la lumière au milieu des ténèbres.

S’il n’existait aujourd’hui qu’une chance même très mince de sortir le pays de la crise avec la nomination de Michèle Duvivier Pierre -Louis, il faut la prendre.

Frantz Voltaire, éditeur et politologue, Montréal