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Haïti – Genre : Le ministère à la condition féminine rejette toute campagne sexiste contre les femmes politiques

“une volonté d’exclure les femmes de la gestion des affaires publiques ou privées”

P-au-P., 04 juillet 08 [AlterPresse] --- Depuis la désignation d’une femme au poste de Première Ministre, une déferlante de jugements de valeur circulent dans les médias de la capitale à l’encontre de Michèle Duvivier Pirerre-Louis, déplore le ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf) dans un communiqué acheminé à l’agence en ligne AlterPresse .

« Les stéréotypes sexistes deviennent l’arme privilégiée des hommes (et des femmes) politiques conservateurs contre les besoins de parité exprimés par une société en quête de renouveau », explique le Mcfdf.

Le ministère des femmes souhaite réagir pour mettre un terme à “ces préjugés”, perçus comme étant une volonté pure et simple d’exclure les femmes de la gestion des affaires publiques ou privées.

Le déferlement d’insultes, l’indexation du mode de vie, l’usage des stéréotypes sexistes à l’encontre de Michèle Pierre Louis, seraient la démonstration manifeste de la peur de l’homme de partager ou de céder démocratiquement le pouvoir à des femmes compétentes aux qualifications avérées.

Il ne s’agit pas là « d’une lutte personnelle entre hommes et femmes, mais bien de préjugés malsains, de pratiques surannées de domination masculine dans une société composée pourtant d’hommes et de femmes », d’après le Mcfdf.

En Haïti, comme dans de nombreuses sociétés patriarcales, les femmes sont considérées comme illégitimes dès qu’il s’agit de politique. Les préjugés, alimentés dans ce système considérant que le pouvoir étant masculin et, par conséquent, un refuge de la masculinité, ne sont pas admissibles dans une société démocratique, souligne le ministère haïtien des femmes.

Dans son ouvrage intitulé Des partis et des femmes, Françoise Gaspard écrivait "les hommes ont fait de la politique entre eux. Ils ont ainsi défini une culture, des usages, un langage que l’intrusion des femmes perturbe. Ils ont fondé une république des frères, un fratriarcat que la présence des femmes remet en question" (Françoise Gaspard - 1995, « Des partis et des femmes », M. Riot-Sarcey éd., Démocratie et représentation, Paris, Kimé).

En effet, les principales fonctions attribuées aux femmes élues sont souvent cantonnées aux domaines traditionnellement féminins, les enfermant ainsi dans leur rôle social de « responsable de la reproduction ».

D’une manière générale, la société s’arroge un droit de contrôle de la sexualité de la femme, parce que « la sexualité des femmes fait peur », remarque le Mcfdf.

Ceci explique l’attention portée à ce sujet en politique. Lorsqu’une femme affiche une forte personnalité et son indépendance, si celle-ci est célibataire, sans enfants elle sera systématiquement soupçonnée de ne pas être une « vraie » femme.

« Il s’agit de vérifier la conformité aux normes sexuelles établies et d’user prétexte à l’exclusion, contrairement aux principes antidiscriminatoires consacrés par des lois, conventions et traités ».

Ainsi, une majorité de femmes rencontre-t-elle des problèmes de genre qui s’enracinent dans les mythes associés à leur sexualité.

Le ministère haïtien à la condition féminine et aux droits des femmes réclame l’égalité femmes-hommes, droit consubstantiel à la démocratie, afin que celles - qui ont développé les capacités et la personnalité pour entrer dans l’univers concurrentiel de la politique - puissent exercer, au même titre que les hommes, la fonction briguée ou occupée, sans être sujettes aux préjugés séculaires. [mv rc apr 04/07/2008 11:30]