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Haïti / Violences : une autre formation politique " renaît de ses cendres "

Par Vario Sérant et Gotson Pierre

P-au-P., 26 sept. 03 [AlterPresse] --- L’Organisation du Peuple en Lutte (OPL) a rouvert officiellement son local, à Port-au-Prince, ce 26 septembre, en présence d’environ 400 personnes. De nombreuses personnalités haïtiennes de divers secteurs, des responsables de l’opposition, des membres du corps diplomatique et le Chef de la Mission de l’Organisation des Etats Américains en Haiti, David Lee, ont pris part à la cérémonie.

Dans son discours de circonstance, le Coordonnateur de l’OPL, Gérard Pierre-Charles, a qualifié la réouverture officielle du local de son parti, fortement endommagé le 17 décembre 2001 par des partisans du président Jean Bertrand Aristide, de « victoire du combat démocratique du peuple haïtien ».

Gérard Pierre-Charles en a profité pour faire des propositions politiques relatives à la situation de crise que connaît le pays. « Nous sommes disposés, sous certaines conditions, à engager le combat électoral », a déclaré le Coordonnateur de l’OPL, soulignant la nécessité de « véritables élections ».

Le Coordonnateur de l’OPL a, d’autre part, proné un « nouveau contrat politique » avec les nouveaux acteurs politiques et sociaux pour, entre autres, « construire le futur de cette nation ». Il a également invité à « une militance active » pour célébrer en 2004 le bicentenaire d’Haiti et « ne pas l’abandonner à la mégalomanie (Â…) ».

« On peut détruire un local, mais pas un idéal », a souligné Luc Mesadieu du Mouvement Chrétien pour une Nouvelle Haiti (MOCHRENA) qui a pris la parole au nom de la Convergence Démocratique. Dans le meme sens, Victor Benoit du Congrès National des Mouvements Democratiques (CONACOM), a fait savoir que « la pensée démocratique est plus forte que les armes meurtrières ».

Les locaux du CONACOM, du MOCHRENA ainsi que ceux de plusieurs autres partis politiques avaient connu le même sort que celui de l’OPL. Les opérations punitives du 17 décembre faisaient suite à « une attaque contre le Palais National » que le pouvoir avait attribuée à l’opposition.

La réouverture du local de l’OPL, précédée de celle du CONACOM, fait suite aux
réparations consenties par le gouvernement en mars 2003, conformément aux exigences de la résolution 822 adoptée par le conseil permanent de l’OEA, en septembre 2002.

Gérard Pierre Charles, figure importante de la résistance à la dictature duvaliériste et actuel candidat au prix Nobel de la Paix 2003, interprète cette réparation comme le produit d’une longue bataille, des partis politiques et d’autres secteurs, d’affirmer le droit des citoyens de ne pas être victimes des représailles politiques. Pour le dirigeant de l’OPL, « cette réparation exprime la capacité de revendiquer les droits aussi bien que la capacité de réparation qu’implique la lutte démocratique ».

Une seule des formations politiques victimes des violences du 17 décembre 2001, le Parti « Konvansyon Inité Demokratik » (KID), avait refusé d’être indemnisée. Le dirigeant du KID, Evans Paul, avait indiqué qu’il accepterait d’être réparé si les fonds allaient provenir de la poche de Jean Bertrand Aristide, et non des caisses de l’Etat haïtien.

Concernant les violences politiques du 17 décembre 2001, le gouvernement lavalas a rempli seulement la partie du contrat concernant les réparations civiles. Les autres exigences de l’OEA relatives aux poursuites pénales ont été jusqu’ici ignorées.

L’un des militants lavalas épinglés par un rapport d’investigation de l’OEA sur ces actions punitives, le tout puissant chef de bande Amiot Métayer, a été retrouvé assassiné, dans la nuit du 21 au 22 septembre 2003, à Saint Marc.

Les partisans de l’enfant terrible de Raboteau imputent son meurtre au régime lavalas et en étaient ce 26 septembre à leur quatrième journée de protestation. Cette nouvelle journée de vive tension s’est soldée par un mort (Joseph Elysée, 21 ans) et environ six blessés dont deux enfants de cinq et six ans.

Le gouvernement lavalas a récusé toute responsabilité dans ce crime et l’a inscrit dans le cadre des actes de banditisme enregistrés ces derniers temps dans le pays, tout en pointant du doigt ce qu’il appelle le « bras armé de l’opposition ».

L’opposition a, quant à lui, indexé le régime lavalas. Evans Paul de la Convergence Démocratique a condamné la pratique lavalassienne d’éliminer les « chimères » après avoir utilisé leurs services.

Le président Aristide qui intervenait ce 26 septembre à la tribune des Nations-Unies à New-York, a relevé que « l’exercice du pouvoir implique le respect des libertés fondamentales, la tolérance, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, le trafic de la drogue et l’impunité, l’investissement dans l’humain, la sécurité pour tous, la tenue d’élections honnêtes et démocratiques ». [vs gp apr 26/09/2003 20:30]