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Haïti/Genre : Une loi pour responsabiliser les pères

P-au-P, 25 juin 08 [AlterPresse] --- La ministre à la condition féminine, Marie Laurence Jocelyn Lassègue, presse les parlementaires de statuer, au plus vite, sur l’avant-projet de loi traitant de la paternité et de la filiation.

Considéré comme un outil indispensable à la construction d’une société égalitaire, cet avant-projet de loi favorise la déclaration de naissance par le père autant que par la mère, donnant ainsi à tout enfant le droit de connaître ses deux parents.

Une table ronde autour de cet instrument a eu lieu, le 24 juin 2008, au siège du ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf), à Port-au-Prince.

Ce débat visait à sensibiliser députés et sénateurs, les organisations de femmes et la population en général, sur les enjeux du projet de loi sur la filiation et la paternité responsable déposé au Sénat depuis plus de huit mois et qui tarde encore à être voté.

Marie Laurence Jocelyn Lassègue a, à l’occasion, invité les pères aussi bien que les mères de familles à s’occuper pleinement de leurs enfants.

Le professeur Jacques Hendry Rousseau, statisticien-démographe, estime nécessaire de lutter pour une société équitable où les familles assument leurs responsabilités par rapport aux enfants qui deviendront des adultes.

Fonctionnaire au Fonds des Nations Unies pour la population (Unfpa), Jacques Hendry Rousseau attire l’attention sur les menaces qui pèsent sur l’avenir des enfants au cas où les parents démissionneraient.

Rousseau s’insurge contre tout homme qui refuse de reconnaître ses enfants. Il met également l’accent sur les problèmes d’état civil qui existent en Haïti où des milliers d’enfants vivent dans un flou légal.

« On ne peut pas parler de paternité sans s’attaquer aux problèmes de l’état civil », pense le professeur Rousseau.

En Haïti, le nombre de naissances non déclarées est de l’ordre de 10%, selon des statistiques fournies par le chercheur. Dans ce pays, nombreux sont les jeunes, moins jeunes et même des adultes qui sont nés de pères inconnus.

Jacques Hendry Rousseau précise que toute personne qui ne dispose pas de son acte de naissance et encore moins d’une pièce d’identité, ne pourra jamais défendre ses droits.

Dans ce pays, où 20% de naissances sont issues de familles monoparentales, le professeur Rousseau pense qu’il est nécessaire d’avoir un outil légal capable de renverser la tendance.

A côté des droits civils et politiques, Jacques Hendry Rousseau plaide pour la garantie des droits sociaux, culturels et économiques dans le pays. Les droits à l’éducation, à l’alimentation, aux logements sociaux, entre autres, doivent être garantis dans ce pays, selon le professeur.

De son côté, la juriste Dilia Lemaire a succinctement présenté le avant-projet de loi.

A l’article 31, le document traite de la possibilité pour le père, qui n’accepte pas de reconnaître cette paternité, de faire une action en désaveu nécessaire.

Cheffe de cabinet de Marie Laurence J. Lassègue, l’économiste Myriam Merlet rappelle qu’en Haïti 70% des enfants sont nés en dehors du mariage et la législation actuelle établit la différence entre enfant « naturel » et enfant « légitime ». Voilà pourquoi la militante féministe estime urgent de doter le pays d’une législation apte à résoudre ce problème. [do apr 25/06/2008 12 :30]