P-au-P., 19 juin 08 [AlterPresse] --- Le Groupe d’Appui aux Rapatries et Réfugiés (GARR) a commémoré le 18 juin le huitième anniversaire du massacre de Guayubin (République Dominicaine, zone frontalière avec Haiti) en renouvelant son appel a la justice et a l’aide pour les familles des victimes.
Ce drame s’était produit lorsque quatre militaires dominicains avaient ouvert le feu sur un camion transportant des Haïtiens, tuant six d’entre eux ainsi qu’un dominicain.
Le dossier traîne encore devant la justice dominicaine et les parents des victimes et les rescapés du massacre demeurent sans assistance.
Rose Marie, qui s’en est échappée de justesse, insiste sur la justice et la réparation pour les victimes décédées et leurs familles. « Je fais partie de ces gens qui vivent dans une situation difficile et qui espèrent trouver des moyens pour s’en sortir. J’ai besoin d’aide », déclare-t-elle.
Mère de cinq enfants âgés entre 13 et 23 ans, Rose Marie a la garde des 7 enfants de sa belle soeur décédée. « Je n’ai pas suffisamment de revenu pour faire vivre ma famille », dit-elle en soulignant qu’elle a été abandonnée par le père de ses enfants.
« J’essaie de me débrouiller en vendant ce que je trouve mais ce n’est pas suffisant pour subvenir aux besoins de ma famille », ajoute-t-elle.
Les 4 militaires impliqués dans le massacre de Guayubin ont été traduits devant le tribunal militaire dominicain qui a mis du temps avant d’informer que la réparation civile n’était pas de sa compétence.
Selon le gouvernement dominicain les 4 militaires avaient ouvert le feu sur un camion chargé d’armes et de drogue que et suite au jugement du tribunal militaire, l’affaire est désormais classée .
En mars 2003 un comité formé de représentants de plusieurs organisations a fait appel à la cour suprême dominicaine afin de lui demander de trancher dans cette affaire. Cette dernière a mis plus de 2 ans avant de répondre et de signifier son refus au recours.
Le comité a alors introduit l’affaire devant la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) qui a fait une injonction auprès du gouvernement dominicain en lui donnant un délai de 2 mois pour répondre de cette affaire. Le gouvernement dominicain a répondu en janvier 2008, en ignorant l’injonction de la Commission.
Le comité a demandé que l’affaire soit portée devant la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme, le tribunal le plus important de la région.
Parallèlement, les organisations de défense des droits des migrants demandent au Président René Préval de publier les résultats de l’enquête conduite a l’époque par les autorités haïtiennes. C’était alors durant le premier mandat de Préval (1996-2001).
Les organisations recommandent parallèlement la mise en place d’une législation pour sanctionner les coupables et protéger les victimes de traite et de trafic.
Durant les 6 derniers mois, environ 12000 Haitiens ont émigré vers la République Dominicaine. [mv rc apr 19/06/2008 16:00]