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Haïti/ONU : L’expert indépendant sur la situation des droits humains soutient l’idée d’un amendement constitutionnel

P-au-P, 19 juin 08 [AlterPresse] --- L’expert indépendant sur la situation des droits humains en Haïti, Louis Joinet, se déclare favorable à un processus d’amendement de la Constitution haïtienne de 1987 pour assurer le retour à l’Etat de droit dans ce pays.

Louis Joinet constate, toutefois, que « dans l’esprit des constituants », le verrouillage constitutionnel « était inspiré par un idéal visant à éviter que l’histoire douloureuse des dictatures ne se répète »

Dans son dernier rapport sur la situation des droits humains en Haïti, l’expert des Nations Unies attire notamment l’attention sur « l’interdiction de la double nationalité » préconisée par la charte fondamentale du pays, excluant un nombre important d’Haïtiens.

Cette interdiction, selon Louis Joinet, est très mal acceptée par une grande partie de la diaspora qui se sent écartée alors qu’elle pèse démographiquement 2 millions de sujets.

« S’il n’est pas possible d’amender la Constitution, peut-être serait-il possible de dégager un consensus pour procéder par voie d’interprétation », estime Louis Joinet, faisant remarquer que « la Constitution prévoit la supériorité des traités sur le droit interne ».

À certains moments, l’expert indépendant doit assumer un rôle qui lui est propre et qui consiste à dire « tout haut » ce que beaucoup pensent « tout bas », souligne le magistrat français des Nations Unies, dont les propos sont consultés sur le site Internet du Conseil des droits de l’homme.

Arrivé aux termes de son mandat de six ans, Louis Joinet dit avoir eu l’opportunité d’établir des passerelles entre des parties qui sont peu ouvertes au dialogue, voire peu favorables au retour à l’État de droit dans ce pays.

En Haïti, selon l’expert indépendant des Nations Unies, « opposant » est encore trop souvent synonyme d’ « ennemi ».

En dépit d’importants progrès, Joinet constate que la triste réalité d’Haïti montre qu’il ne suffit pas, pour assurer le retour à un État de droit, d’organiser des élections et de se doter d’un Parlement.

« Dans le domaine de la justice, il y a des raisons d’espérer », laisse croire Louis Joinet. « Les travaux sont bien avancés en matière de formation des juges de paix par exemple », dit-il.

Pour des raisons douloureusement personnelles, qui ont endeuillé sa vie, l’expert indépendant de l’Onu dit n’avoir pas été en mesure d’effectuer sa dernière mission en Haïti.

Louis Joinet a, quand même, présenté à l’oral son dernier rapport dans l’après-midi du 17 juin 2008 à l’occasion de la 8e session du Conseil des droits de l’homme.

Le représentant d’Haïti, Jean-Claude Pierre, a remercié l’expert indépendant pour son appui à la lutte pour la primauté du droit dans ce pays.

Le dernier rapport de Louis Joinet offre, selon Jean-Claude Pierre, une vision globale des progrès réalisés mais également des défis à surmonter en vue d’assurer à chaque Haïtienne et à chaque Haïtien une protection en matière de droits de l’homme.

Ouverte, à Genève depuis le 2 juin dernier, la 8e session du Conseil des droits de l’homme a pris fin le 18 juin.

Le représentant d’Haïti en a profité pour demander un délai au Conseil avant que le pays ne se prononce au sujet de la poursuite du mandat de l’expert indépendant, invoquant à l’appui de cette demande le contexte politique actuel qui rend très difficile pour le chef de l’État de prendre une initiative engageant l’avenir de la nation. [do apr 19/06/2008 14 :00]