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Haïti/Crise alimentaire : Le FMI envisage une aide supplémentaire au pays

P-au-P, 17 juin 08 [AlterPresse] --- Le Fonds monétaire international (FMI) envisage de fournir une aide supplémentaire à Haïti pour faire face à la flambée des prix des produits de première nécessité, selon les informations dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

« Nous sommes donc déterminés à épauler Haïti en ces temps difficiles, afin de limiter les souffrances humaines, préserver les progrès économiques accomplis ces dernières années et créer les conditions nécessaires à une croissance durable et à la création d’emplois », affirme Laure Redifer, fonctionnaire du FMI.

Le FMI projette, dans les prochains jours, d’accroître sensiblement son soutien financier à Haïti dans le cadre de la facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance.

Comme pays gros importateur net de denrées alimentaires, la république d’Haïti est particulièrement touchée par l’envolée des prix internationaux, qui continue de mettre sa population à rude épreuve, reconnaît Andreas Bauer, un autre cadre du FMI.

Ces cadres rejettent les allégations faisant croire que le FMI avait ‘’forcé’’ Haïti à abaisser ses droits de douane et même à abandonner la production de produits agricoles, notamment le riz.

« Ceci est faux, et il est important de rétablir la vérité. La libéralisation qui a conduit à l’abaissement des tarifs douaniers sur le riz au niveau actuel a été effectuée en deux étapes au milieu des années 1990 », précise Andreas Bauer, dont les propos sont rapportés dans le bulletin du FMI.

En novembre 1994, les autorités gouvernementales avaient ramené les droits sur le riz de 50% à 10%, explique Bauer.

Une loi prévoyant une vaste réforme des tarifs douaniers et une réduction supplémentaire des droits sur le riz, ramenés de 10 à 3 %, a été soumise par les autorités au parlement en décembre 1994 et approuvée en janvier et février 1995, souligne le fonctionnaire du FMI.

« Notre institution est favorable à une libéralisation générale du commerce — dans les pays tant développés qu’en développement — parce qu’il est clairement établi que les pays, ouverts aux échanges commerciaux, enregistrent de meilleurs résultats, que les pays dotés de régimes commerciaux restrictifs, et connaissent une croissance plus rapide », indique Andreas Bauer.

Durant ces dernières années, la production de nombreux produits alimentaires en Haïti a totalement diminué, y compris dans les cultures d’exportation, selon Laure Redifer qui pense que « des problèmes plus fondamentaux ont contribué à la baisse continue de la compétitivité, notamment la mauvaise qualité des infrastructures rurales ».

La mise en oeuvre du Document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté (Dsncrp) pourrait améliorer les perspectives de développement d’Haïti, selon ces fonctionnaires du FMI.

« Il est essentiel aussi de stabiliser la situation politique pour que les autorités puissent se concentrer sur la mise en œuvre à moyen terme de mesures visant à stimuler la croissance et l’emploi », estime Laure Redifer.

Andreas Bauer a par ailleurs indiqué que, pour l’exercice en cours, Haïti bénéficie d’allégements et de rééchelonnements de dette d’un montant total d’environ 24 millions de dollars, soit une réduction d’un tiers de la dette du pays.

Le 12 juin 2008, une trentaine d’organisations non gouvernementales internationales ont appelé à « l’annulation immédiate » de la dette externe d’Haïti, dont le service pour l’année 2008 s’élevait à 58.2 millions de dollars américains.

Cette somme, selon ces ONG, représente plus de 1 million de dollars américains par semaine. [do rc apr 17/06/2008 11 :20]