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Haïti-Environnement : Valoriser les déchets

Les déchets, qui ont une valeur économique, ne sont pas totalement déversés dans les ravines.

Au contraire, ils sont recherchés, partout et ailleurs, par des recycleurs qui tentent de gagner difficilement leur vie…

P-au-P, 16 juin 2008 [AlterPresse] --- Dans les ravines comme sur les trottoirs, les gens considérés comme Kokorat (parasites) recyclent des canettes de boissons gazeuses et/ou alcoolisées, des morceaux de fer et toutes sortes d’objets usagés ayant une valeur marchande, suivant les observations faites par l’agence en ligne AlterPresse..

Ce qui pose le plus grand problème à l’environnement haïtien, ce sont les déchets en plastique, y compris les assiettes en carton utilisées dans les restaurants, selon des spécialistes de la Fédération des Amis de la Nature (FAN).

L’écologiste Pierre Chauvet, l’ingénieur-agronome Jean André Victor et le spécialiste en recyclage Dély Édrice, attirent l’attention sur les richesses cachées dans les ordures ménagères.

« Nous ne sommes pas prêts à gérer les déchets plastiques », estime l’écologiste Pierre Chauvet, précisant que ces ordures, pour être dégradées, pourront prendre entre 400 à 900 ans.

Les articles électroniques et mécaniques d’occasion importés (téléviseurs, réfrigérateurs, véhicules) sont également considérés comme des déchets. Les matelas pèpè (produits usagés, provenant de l’extérieur du pays) sont-ils aseptisés ?, s’interroge Pierre Chauvet lors d’un débat organisé par la Solidarité des Journalistes haïtiens pour la protection de l’environnement (Sojohpe).

« Si nous valorisons les déchets, nous pourrons gagner de l’argent. Nous devons apprendre à trier les fatras, nous en avons besoin pour faire du compost », indique le spécialiste en recyclage, Dély Édrice, qui considère les ordures comme une source de richesses.

Pour être décomposé, un sachet plastique a besoin d’environ 25 ans, informe Édrice.

Il appelle en ce sens à la conscience citoyenne en vue de protéger l’environnement.

« Même les morts ne sont pas à l’abri de la dégradation accrue de l’environnement », pense-t-il.

Au Canapé-Vert (à l’est de Port-au-Prince), où il habite, Dély Édrice cultive des céréales à l’aide de déchets recyclés.

« Tout déchet est un trésor », affirme l’ingénieur-agronome Jean André Victor, précisant qu’il n’existe pas en Haïti de décharge publique améliorée.

Sur les 3,500 tonnes de détritus produits chaque jour à Port-au-Prince, le Service métropolitain de collecte des résidus solides (Smcrs) arrive à ramasser seulement 30%, explique Jean André Victor, ancien ministre de l’agriculture.

En matière d’environnement, l’ingénieur-agronome Victor identifie un vide juridique énorme que l’Etat haïtien n’arrive jusqu’à présent pas à combler. Le décret du gouvernement de transition de Gérard Latortue [Ndlr : mars 2004 - juin 2006], le seul instrument de régulation du secteur, n’a pas été mis en application par les nouvelles autorités du pays.

Tout en préconisant la valorisation du métier de l’environnement, Jean André Victor encourage la participation de tous les secteurs en vue de préserver le système écologique haïtien.

Cette conférence-débat de la Sojohpe, tenue à l’occasion de la journée mondiale de l’environnement le 5 juin 2008, a également permis d’attirer l’attention sur la gestion des points d’eau en Haïti. L’écologiste Pierre Chauvet informe que la majeure partie de la population haïtienne n’a pas accès à l’eau potable.

En Haïti, aucune structure n’est, jusqu’à présent, mise en place pour le traitement de l’eau. Entre temps, la Centrale autonome métropolitaine d’eau potable (Camep) continue de marquer des pas sur place, se trouvant ainsi dans l’incapacité de desservir les ménages. [do rc apr 16/06/2008 0:00]