Par Gotson Pierre, Editeur
Port-au-Prince, 22 septembre 2003
Le Ministre haïtien des Travaux Publics Transports et Communications (TPTC), Harry Clinton, a fait parvenir à AlterPresse, une lettre en date du 18 septembre 2003, dans laquelle il demande à l’Agence de rectifier « des allégations » qui lui auraient attribué la responsabilité du crash du 24 août 2003.
Le Ministre Clinton nous reproche d’avoir « avancé des explications fallacieuses sur l’origine du drame » et d’avoir « versé dans le sensationnalisme » en « alléguant » qu’il aurait « dépensé de manière inconsidérée de l’argent dans des voyages inutiles au lieu d’allouer ces fonds à la réparation et à la construction de routes nationales ».
La dépêche de l’Agence Alterpresse incriminée date du 26 août 2003, et s’intitule « Haïti : requiem pour les 21 victimes d’un crash, le 24 août ».
AlterPresse s’étonne que Harry Clinton ait choisi, dans sa lettre, de lui imputer les « allégations » sus-mentionnées, alors que les déclarations rapportées par l’agence provenaient de la famille politique du Ministre, plus précisément de parlementaires lavalas (parti au pouvoir).
Pour l’édification du Ministre et du public en général, et surtout par respect pour la vérité, Alterpresse rappelle le libellé exact des « propos » que le Titulaire des TPTC veut prêter à l’Agence :
« Cependant, des parlementaires lavalas (parti au pouvoir) ont d’ores et déjà imputé l’accident à la mauvaise gestion du Ministre des Travaux Publics (TPTC), Harry Clinton. Celui-ci aurait dépensé de manière inconsidérée de l’argent dans des voyages inutiles au lieu d’allouer ces fonds à la réparation et à la construction de routes nationales ». (cf : 8e paragraphe, « Haïti : requiem pour les 21 victimes d’un crash, le 24 août », http://www.medialternatif.org/alterpresse/article.php3?id_article=679).
L’Agence AlterPresse réfute catégoriquement l’insinuation du Ministre Harry Clinton concernant ce que celui-ci appelle sa « mise en cause » de manière « gratuite et tendancieuse ». AlterPresse n’a fait que mentionner des prises de position de certains parlementaires lavalas qui fustigeaient Monsieur Clinton après le crash, sur plusieurs Stations de Radio de la capitale.
A titre d’exemple, AlterPresse réfère simplement le titulaire des TPTC aux propos des députés lavalas, Etienne Thomas et Olide Bruno, diffusés entre autres par Radio Kiskeya. Dans une interview accordé à cette station, Etienne Thomas cite le mauvais état de la route de Port-de-Paix comme l’une des causes du crash, de nombreux citoyens étant obligés de prendre l’avion.
Pour sa part, dans une interview au correspondant de Radio Kiskeya dans le Plateau Central, diffusée le 26 août 2003, la députée lavalas Olide Bruno, en plus d’évoquer le piteux état des routes nationales (la nationale numéro 3 en particulier) pour expliquer les fréquents accidents de véhicules dans cette zone - en particulier celui du 24 août qui s’était soldé par une quarantaine de morts - pointe nommément du doigt le Ministre Harry Clinton.
Pour l’édification du Ministre, nous citons : « Ces messieurs ont renoncé à leur travail. Au lieu d’utiliser les véhicules officiels pour leur weekend à la plage, ils auraient mieux fait d’en profiter pour visiter Jérémie, le Nord’Ouest et le Plateau Central, pour constater la misère du peuple et voir ce qu’ils peuvent faire pour ces routes. Ils préfèrent gaspiller de l’argent dans des voyages à Miami, à Saint-Domingue, au lieu de prendre les routes du Plateau Central, du Nord’Ouest, de Jérémie, pour ne citer que ces régions » (Propos originaux en Créole).
Dans ce circuit sonore du correspondant de Radio Kiskeya, Thomas James, la députée lavalas de Mirebalais a même fait savoir que les parlementaires du Plateau Central allaient porter incessament le dossier des routes de la dite région devant le Chef de l’Etat pour voir ce qui pouvait être fait, afin d’éviter que des compatriotes continuent de mourir sur les routes du Plateau Central.
AlterPresse rappelle au Ministre Harry Clinton que le rôle de l’Agence est d’informer, et non de réguler, pour le compte d’une quelconque personnalité lavalas, les dissonances, polémiques et controverses répercutées dans les médias par des membres influents du parti au pouvoir.
AlterPresse inscrit la démarche du Ministre des TPTC dans la même dynamique que celle de son collègue du Ministère de l’Education Nationale, Marie Carmelle Paul Austin, qui, au lieu de s’en prendre à son directeur général, Camille Grouin, encore en fonction, qui l’a publiquement accusée de corruption et de détournement de fonds, se tourne de préférence contre la presse indépendante et menace celle-ci de poursuites judiciaires.
AlterPresse espère que cette mise au point édifiera le Ministre Harry Clinton et publie, malgré tout, tel que sollicité par le Titulaire des TPTC, la lettre adressée à l’Agence. (Lettre publiée à l’adresse : www.medialternatif.org/alterpresse/lettretptc.html)