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Haïti : Fritz Deshommes signe Vie chère et politique économique

P-au-P, 21 mai 08 [AlterPresse] --- Le professeur Fritz Deshommes signe, ce 22 mai 2008, à Livres en Folie, « Vie chère et politique économique en Haïti », un ouvrage réédité après avoir été publié, pour la première fois, en 1992.

En huit chapitres, Fritz Deshommes passe en revue le prix élevé des médicaments, les « monopoles, raretés et spéculation », l’intervention de l’Etat dans le mécanisme des prix des produits de base sur le marché national.

Dans cet ouvrage, Fritz Deshommes présente l’évolution des prix des principales denrées alimentaires sur le marché haïtien où, par exemple, la livre de riz est passée de 1.65 gourde à 2.46 gourdes de 1980 à 1991. Une certaine fluctuation du prix de la farine est constatée pour cette même période passant de 1.10 gourde à 2.22 gourdes la livre.

Rien à voir avec les prix en mai 2008. La livre de riz s’achète à 25 gourdes, en dépit d’une légère subvention des autorités haïtiennes.

La politique néo-libérale, initiée dans le pays depuis les années 1980, est aussi prise en compte dans ce livre de Fritz Deshommes. « Le néo-libéralisme, en Haïti comme ailleurs, ignore les problèmes de fond, a trop tendance à considérer les conséquences des phénomènes comme leur cause et très souvent aggrave le mal qu’il prétend guérir », peut-on lire dans la conclusion de l’ouvrage.

« C’est que le néo-libéralisme, tout en faisant profession de foi … libérale, préfère ignorer les mécanismes ainsi que les conditions concrètes favorisant l’éclosion et le maintien des monopoles », écrit-il.

Pour Fritz Deshommes, le néolibéralisme a servi de prétexte à l’Etat haïtien pour refuser d’assumer ses responsabilités. Au nom du néolibéralisme, l’Etat se gardera de protéger le consommateur contre les monopoles ou les oligopoles qui peuvent ainsi se permettre d’appliquer les prix qui leur conviennent.

« Malgré la multiplicité des gouvernements ayant vu le jour en Haïti depuis 1986, le néo-libéralisme domine largement la pensée économique officielle. Le cadre tracé depuis lors en matière de politique du Commerce extérieur, de Politique monétaire et de Crédit, de Politique des prix est demeuré le même (…) La liste des produits contingentés s’est plutôt réduite dans la pratique (…) L’Etat continue d’être atteint du complexe de non-intervention, et lorsqu’il s’agit de faire baisser certains prix, préfère encore se ‘’sacrifier’’ par la diminution des taxes et impôts, même si les marges réalisées par le producteur ou le distribuer peuvent friser l’indécence ».

Fritz Deshommes a été jusqu’à se demander « pourquoi le coût de la vie en Haïti tend inexorablement vers la hausse pendant que se réduisent les revenus ». Une question qu’il a posée durant la décennie 1990 et qui continue aujourd’hui encore de susciter des remous.

« La lutte contre la vie chère suppose baisse des prix et/ou augmentation du revenu. Dans un pays comme le nôtre, où la pauvreté absolue atteint 85% de la population, la réalisation simultanée des deux objectifs est hautement souhaitable car, (…) pour un agent qui n’a pas de revenu, la vie demeure chère même si les prix baissent de moitié d’un jour à l’autre ».

Les éléments de solution proposés à la vie chère dans ce livre demeurent toujours d’actualité. Ce sont, entre autres :

« -La baisse des prix des intrants, outils et machines agricoles, des coûts de production en général devant entraîner celle des produits.

- La protection et la valorisation de la production locale au moyen de barrières tarifaires et contingentaires à ériger sur les produits concurrentiels importés.

- L’utilisation des taxes perçues par l’Etat au profit de la production agricole en priorité et du milieu rural en général.

- la réforme agraire au profit des petits paysans

- Une politique économique plus soucieuse des intérêts nationaux ».

Vice-recteur à la recherche de l’Université d’Etat d’Haïti, Fritz Deshommes a déjà publié « Néo-libéralisme : crise économique et alternative de développement » (Tome I et II), « Décentralisation et Collectivités Territoriales en Haïti », « Université et Luttes Démocratiques en Haïti » et « Politique économique en Haïti : Rétrospectives et perspectives » et « Haïti, la Nation écartelée : Entre Plan Américain et Projet National », paru en 2006. [do gp apr 21/05/2008 14 :50]