Par Kedma Joseph
P-au-P., 06 mai 08 [AlterPresse] --- La ministre à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf), Marie Laurence Jocelyn Lassègue, repousse l’idée de faire partie du prochain gouvernement haïtien et souhaite « prendre du recul », selon ce qu’elle confie à AlterPresse.
Membre de l’équipe sortante dirigée par Jacques Edouard Alexis (juin2006-avril 2008) et sanctionnée le 12 avril dernier par le sénat pour son inaction face à la cherté de la vie, elle affirme n’être pas intéressée à intégrer un nouveau gouvernement sans cerner la situation politique actuelle.
« Je veux comprendre ce qui s’est passé. Je veux analyser. Pour cela je ne peux être à l’intérieur d’un gouvernement maintenant », déclare Lassègue.
Pointant du doigt le parlement et les partis politiques, elle affirme ne pas percevoir « un fonctionnement rationnel des institutions ».
Lassegue relève une contradiction entre le vote de confiance octroyé par la chambre des députés, le 28 février 2008, au gouvernement Alexis, et le renvoi de ce dernier par le sénat 3 mois plus tard. De meme, elle souligne le fait que des partis politiques membres du gouvernement aient exigé le départ du premier ministre.
La ministre à la condition féminine pense que les partis politiques pourraient être pro actifs dans la situation qui prévalait durant les derniers mois dans le pays. « Pourquoi, il y a un an, les partis politiques n’ont pas pensé à convertir le gouvernement pluriel en un gouvernement de coalition, tel qu’ils le prônent maintenant ? », s’interroge-t-elle.
« Si on veut parler de bonne gouvernance, de relation saine entre l’exécutif, le législatif et les partis politiques, il faut que les choses se fassent autrement. Si non, nous aboutirons toujours à des échecs provoquant des désastres économiques et sécuritaires », estime Lassègue.
La ministre à la condition féminine du gouvernement sortant prône l’adoption d’une politique de proximité et de transparence par les acteurs et décideurs politiques du pays.
En outre, pour elle, faire la politique autrement signifierait ne pas avoir peur de faire les remaniements ministériels en temps opportun, dire la vérité à la population, mettre en oeuvre une politique de communication au niveau du palais national et de la primature.
Le renvoi du gouvernement, sollicité aussi par de nombreux manifestants, a occasionné une régression économique et sécuritaire, constate la ministre. « Mon pays a fait marche arrière », declare Lassègue. Selon elle, on assiste à la relance du kidnapping et de certains gangs armés qui avaient été neutralisés par le gouvernement Alexis.
Marie Laurence Jocelyn Lassègue promet de continuer à encourager le mouvement des femmes en Haïti. « Ce recul sera profitable pour le mouvement des femmes », affirme la fondatrice du collectif « Fanm yo La » (Les femmes sont présentes). [kj gp apr 06/05/08 10:00]