Par Cindy Drogue
26 étudiants haïtiens sont arrivés en Argentine par le biais d’un supposé plan d’échange culturel. Ils ont payé entre 2000 et 5000 dollars US pour étudier, avoir un logement et une indemnité nourriture. Mais en arrivant sur place, ils n’ont rien trouvé....
Argentine, 05 mai 08 [AlterPresse] --- En échange de sommes importantes, la Fundacion Globalizacion y Democracia de los Haitianos en Ultramar (FUNGIODHU), fondée en 2003 en République Dominicaine, a envoyé 26 étudiants en Argentine, avec la promesse qu’ils pourraient étudier à l’Université, se loger dans un campus et disposer d’une indemnité pour leur frais de vie. La réalité a été très différente. Ils n’ont rien trouvé de ce qu’on leur avait promis, personne même pour les accueillir à l’aéroport.
À présent, les jeunes vivent à Rosario, de façon précaire, tout en essayant de régulariser leur situation migratoire et en tentant de faire ce qui les a conduit en Argentine : étudier.
La situation a été dénoncée publiquement la semaine dernière devant le Conseil Municipal de Rosario, avec la présence des 26 jeunes et du président de la commission des Droits Humains, Carlos Comi. Les jeunes mettent notamment en cause Oberto Losias, président de la Fondation FUNGIODHU.
Au fur et à mesure qu’ils sont arrivés en Argentine (les premiers il y a deux ans et les derniers deux mois en arrière), les étudiants ont vu s’effondrer leurs espoirs et ceux de leurs familles qui, "avec un effort énorme", avaient versé l’argent pour les envoyer à l’Université argentine. Ils avaient choisi d’étudier médecine, relations internationales, économie et travail social.
L’affaire est complexe et chaque cas est différent. Certains jeunes avant d’atterrir à Rosario, sont d’abord passés par l’Université du Nordeste qui visiblement n’avait pas été très regardante sur le bien fondé de la fondation.
En ce qui concerne cette Université, certains documents permettent d’avancer que des accords de coopération ont été signés avec FUNGIODHU, par le biais de son président Oberto Losias, en mars de cette année pour « coopérer à la promotion et au développement des relations d’échange technique, académique, étudiant, scientifique et culturel ».
A l’inverse à Rosario, Losias n’a obtenu aucun accord avec l’Université Nationale de Rosario qui avait, peut-on dire, senti le coup. Le recteur de l’Université Nationale de Rosario, Darío Maiorana, dit se rappeler qu’en octobre passé s’est approché "quelqu’un d’une supposée fondation haïtienne, qui n’avait ni statut juridique clair ni aucun autre papier en règle, en voulant signer une convention". Le recteur avait donc refusé de signer une quelconque convention.
Aujourd’hui, les 26 jeunes vivent une situation complexe puisque par exemple tous leurs papiers officiels nécessaires à la régularisation de leur situation migratoire sont en possession de Losias dont ils n’ont plus de nouvelles.
Certains sont arrivés à Rosario après que les inscriptions à l’université ont été fermées. En outre, la documentation qui pourrait créditer l’escroquerie dont ils ont été des victimes (combien ils ont payé, à qui et pourquoi) est restée entre les mains de Losías.
Dans leur malheur, les jeunes haïtiens peuvent compter sur l’appui de nombreuses autorités et personnes qui les soutiennent. La Direction Nationale de Migrations, par le biais de Daniel Zarate, apporte par exemple « son soutien et sa compréhension par rapport à la situation que traverse les jeunes ».
Carlos Comi, président de la Commission des Droits Humains du Conseil Municipal de Rosario a quant à lui apporté son appui pour que l’affaire soit portée devant la Justice. Liliana Diaz Zayas, du Comité Pro-Haiti de Rosario, les aide également dans leurs démarches.
Les jeunes assurent que jusqu’à présent le siège diplomatique de leur pays ne leur a offert aucune assistance.
Tous les jeunes disent ne pas vouloir retourner en Haïti "sans le titre" et aspirent à rester en Argentine pour faire ce qu’ils sont venus faire : "étudier". [cd vs gp apr 05/05/08 18:00]