Español English French Kwéyol

Haïti- 1er mai : Revendications pour de meilleures conditions de travail

P-au-P, 30 avril 08 [AlterPresse] --- Plusieurs centaines de jeunes filles et de jeunes femmes, quelques dizaines de jeunes hommes se ruant en masse pour se procurer un petit déjeuner tant bien que mal, de nombreuses petites commercantes s’affairant très tot pour offrir des plats rapides de consommation : c’est le spectacle observé tous les matins sur la route de l’aéroport international de Port-au-Prince et plus précisément devant l’entrée principale de la Société nationale des parcs industriels (Sonapi) dans la capitale.

Ouvrières et ouvriers se bousculent quasiment pour grignoter en vitesse de quoi tenir avant de retrouver leurs postes pour une nouvelle journée de travail dans les manufactures, constate l’agence en ligne AlterPresse.

Leur salaire de misère leur permet à peine de survivre : de nourrir leur famille, trouver un logement, prendre quotidiennement des véhicules de transport public,etc.

D’aucuns parlent de régime d’exploitation de la force ouvrière avec un salaire minimum de 70 gourdes par jour et des conditions de travail totalement inappropriées : absence d’allocations et de sécurité sociales, pas de cafétéria, pas d’autobus faisant la navette pour les emmener sur leurs lieux de travail et leur ramener à leurs domiciles. Les industriels de la capitale se prononcent contre la disposition envisagée de porter le traitement journalier à 150.00 gourdes (Ndlr : Us $ 1.00 = 37.50 gourdes aujourd’hui à l’achat).

La situation de cette catégorie de travailleuses et travailleurs ne semble pas déranger les instances étatiques, jusque-la indifférentes à leurs desiderata et besoins.

Les autorités nationales se souviennent démagogiquement des travailleuses et travailleurs à chaque célébration de la journée internationale du travail le 1er mai de chaque année.

Globalement, les modes de traitement des salariés dans le pays ne garantissent point un pouvoir économique des ménages, confrontés à un pouvoir d’achat de plus en plus réduit avec une hausse accélérée des prix des biens essentiels sur le marché national depuis au moins septembre 2007.

Des salariés révoqués réclament justice

Plus d’une dizaine d’ouvrières et d’ouvriers révoqués, dans une entreprise de confection de vêtements, ont fait valoir, le 25 avril 2008, leurs revendications à une annexe du ministère des affaires sociales et du travail, à Delmas (municipalité au nord-est de Port-au-Prince).

Ces travailleurs exigent des autorités concernées des mesures urgentes
leur permettant de rentrer en possession de leurs prestations
légales. Ils appellent à leur rescousse le chef du parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince, le commissaire Claudy Gassant.

Ces ouvriers disent avoir été licenciés pour avoir observé un arrêt de
travail, au cours duquel ils réclamaient de meilleurs traitements.
Certains de ces manifestants affirment travailler depuis 14 ans dans
cette usine vieille de 40 ans. même

Le propriétaire de l’usine, Jean-Paul Faubert, aurait décidé de
révoquer 354 ouvriers impliqués dans ce mouvement de grève, expliquent les protestataires à AlterPresse.

Ces protestataires accusent les responsables de l’annexe du
ministère des affaires sociales à Delmas de se laisser soudoyés par le
propriétaire de l’usine.

De telles accusations sont rejetées d’un revers de main par des
employés de cette institution étatique servant d’intermédiaire entre
patrons et ouvriers.

Le principal responsable des affaires sociales de Delmas, pointé du
doigt dans ce dossier, est en mission à l’étranger depuis environ un
mois, selon les informations recueillies par AlterPresse auprès de
quelques employés.

Récemment, un fonctionnaire de l’annexe du ministère des affaires
sociales à Delmas est tombé en syncope sous pression de ces ouvriers
remerciés.

Des démarches sont en cours en vue de permettre à cet employé de
l’Etat de prendre les soins que nécessite son cas dans un hôpital à
Cuba, informe, sous couvert de l’anonymat, un responsable de ce bureau
public.

Ces ouvriers sont renvoyés, alors que le pays fait face à une crise
alimentaire sévère qui interpelle plusieurs secteurs. Considéré par le
Programme alimentaire mondial (Pam) comme « un tsunami silencieux »,
cette crise a déjà provoqué de violentes manifestations en Haïti.

De sources bien informées, AlterPresse apprend que les chèques de ces
ouvriers révoqués seraient disponibles au bureau des affaires sociales de
Delmas. Certains cadres de ce bureau public éprouvent de la honte par rapport à la
modicité du montant inscrit sur ces chèques.

En Haïti, le salaire journalier a été fixé à 70 gourdes sous le régime
Lavalas de Jean-Bertrand Aristide. Des initiatives sont en cours en
vue de porter à 150 gourdes le salaire minimum. [do rc apr 30/04/2008 8:00]