Communiqué du Ministère de la Culture
Remis a AlterPresse le 18 avril 2008
…et que l’arc s’embrase…
en route pour le grand large
l’ultime Conquistador en son dernier voyage.
Aimé Césaire, Anthologie poétique, p.229 ( Cérémonie vaudou pour Saint John Perse…)
C’est avec une grande émotion que le peuple haïtien et avec lui, le Ministère de la Culture et de la Communication, a appris la mort de l’écrivain martiniquais, Aimé Césaire.
Le ministère tient à canaliser par cette note la clameur générale et exprimer à la fois la profonde émotion des poètes, de tous les hommes de culture et de la jeunesse d’Haïti qui avec raison ont voué une profonde vénération pour ce grand homme aux talents immenses et multiples.
Erudit, essayiste pénétrant, historien sagace, dramaturge nourri aux sources de l’antique et résolument moderne, Aimé Césaire est surtout ce poète immortel qui a brisé tous les tabous du genre, de l’inspiration et de la langue qu’il a contribué paradoxalement à enrichir.
Les Haïtiens ont de bonnes raisons de s’incliner devant la dépouille de ce personnage profondément engagé. Il a su saisir nos valeurs et les magnifier. Grâce lui soit rendue ! Cet homme a appris à connaître et à aimer notre pays. Comme historien, n’a-t-il pas écrit un Toussaint Louverture des plus éclairants ? Et n’a-t-il pas imaginé un Roi Christophe de la démesure entre le drame existentiel et la tragédie sans trahir l’histoire ?
Nous devons une reconnaissance éternelle à ce chantre de la Négritude qui a mis Haïti au cœur de ses préoccupations esthétiques, idéologiques et humaines Haïti, écrit-il, où la Négritude se mit debout pour la première fois et dit qu’elle croyait à son humanité.
Encouragé par la lecture de Jean Price Mars entre autres, Aimé Césaire avait séjourné un temps dans notre pays durant les années 40 pour s’imprégner du souffle profond du terroir ; il y avait rencontré d’éminents hommes de lettres haïtiens et avait noué de solides amitiés en terre haïtienne ; depuis, notre bout d’île n’a jamais quitté sa pensée et l’histoire tourmentée d’Haïti fait l’objet de toutes les préoccupations de l’écrivain.
Le monde entier vient de perdre un homme, un vrai.
Comme l’a écrit l’essayiste Roger Toumson : « Ramené à son essence, le poème de Césaire est un chant où les mots, perdant leurs contours, se fondent en un réseau de résonances et d’échos. L’acte poétique devient l’acte du Créateur lui-même ; il engendre l’univers ».
Au nom du peuple et du gouvernement haïtien, le Ministère de la Culture et de la Communication exprime ses profonds sentiments de regrets sincères aux peuples martiniquais, et français endeuillés.
MCC-CAB-08/Note
17 avril 2008
MINISTÈRE DE LA CULTURE
ET DE LA COMMUNICATION