P-au-P, 16 sept. 03 [AlterPresse]--- La dégradation de l’environnement se fait très menaçante à Canapé Vert, périphérie Est de Port-au-Prince, couverte de végétation, il y a encore une quinzaine d’années. L’occupation anarchique de l’espace crée une situation de grande insécurité à la rue Mérilus, a constaté un reporter d’AlterPresse.
Dans ce bidonville, établi dans le lit d’un ravin situé au cœur du Canapé Vert, plusieurs maisons s’enfoncent dans des tonnes de remblais et d’immondices. La même menace pèse sur beaucoup d’autres qui se situent déjà au dessous du niveau du sol.
L’anarchie règne au niveau des constructions, pourtant en dur, de la rue Mérilus et des collines avoisinantes. Lors des averses, le torrent, qui descend de la montagne, charrie des tonnes d’alluvions, de fatras et de débris divers, et inonde les maisons, malgré parfois des murs très élevés.
Depuis une quinzaine d’années les montagnes environnantes subissent un déboisement accéléré au profit de la construction de maisonnettes.
Mme Jean, mère de 4 enfants dont un nourrisson, est sinistrée depuis les averses
du début du mois de juin 2003. Elle raconte à AlterPresse que « lors des pluies
torrentielles de cette époque-là , si les cris d’une voisine ne m’avaient alerté, je serais
morte avec mes enfants. L’eau a surgi vers minuit. Je me suis réfugiée avec les enfants dans une maison vide située sur une pente. J’ai tout perdu même l’acte de naissance des
enfants. »
Après chaque pluie, des équipes des services publics concernés sont dépêchés dans le quartier pour déblayer la voie. Ces interventions ne changent en rien la situation qui provoque la panique à chaque saison pluvieuse. « Dès que le temps est sombre, je prie le ciel qu’il ne pleuve pas », a dit un riverain à AlterPresse.
Les habitants du quartier ont fait avoir cependant à AlterPresse qu’ils n’ont pas le choix, vu le prix exorbitant du loyer dans d’autres quartiers de la capitale.
Pierre Louis, qui habite à la rue Mérilus depuis plus de quinze ans, explique qu’autrefois « c’était un bel endroit ». Il presse l’Etat de « mettre en oeuvre des travaux de canalisation et de drainage, prendre des mesures pour protéger l’environnement. Nous sommes au coeur de la capitale. C’est inacceptable », s’est-il écrié. [ijb gp apr 16/09/2003 14:15]