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Haiti-Crise : Jacques Édouard Alexis déclare vouloir continuer à accompagner « le peuple »

Extraits du discours de Jacques Édouard Alexis lors de son interpellation le 12 avril dernier au sénat où il a été censuré

Repris par AlterPresse le 14 avril 2008

Des événements d’une gravité exceptionnelle se sont effectivement déroulés durant cette dernière semaine. L’envergure des violences qui ont fracturé notre société en cette occasion m’avait conduit mercredi dernier, à la faveur d’un entretien avec le Chef de l’État, à lui proposer d’envisager toutes les mesures de redressement possibles y compris le renvoi de l’actuel gouvernement. Vous le voyez, j’avais bien compris l’ampleur de la crise et il m’était apparu nécessaire de laisser ouvertes toutes les options. Car l’essentiel, à mes yeux et de l’avis du Président, était le retour immédiat à la normalité.

Honorables Sénateurs,

En acceptant la haute charge que m’avait confiée Son Excellence René Préval de diriger le gouvernement, je ne nourrissais aucune illusion quant à l’adversité implacable dont l’action gouvernementale allait être l’objet. D’une part, j’étais conscient que de puissants secteurs étaient disposés ou allaient continuer à empêcher, par tous les moyens, l’instauration en Haïti d’une société régie par les principes d’inclusion, d’équité et de non impunité. De l’autre, j’avais l’intime conviction que le caractère anémique des ressources du Trésor public (même bien gérées et fortement augmentées) joint à l’immensité de la crise de déstructuration de l’économie haïtienne aurait laissé très peu de marge de manœuvre au gouvernement dans sa capacité à répondre immédiatement et sur l’ensemble du territoire, aux attentes de la population. En intégrant ces deux paramètres, le Conseil des Ministres et le Parlement se sont entendus sur un certain nombre de priorités qui ont fait l’objet de programmes et de projets aux cours des vingt deux (22) mois d’exercice du gouvernement et pour lesquels je suis encore une fois ravi de présenter les résultats positifs et saillants :

- L’amélioration remarquable du climat de sécurité, notamment à Port-au-Prince et aux Gonaïves ;
- Le renforcement des capacités financières de l’Etat à effectuer les bonnes dépenses tant dans le social que dans l’économique ;
- L’assainissement des Finances Publiques ;
- Les premières retombées de la lutte contre la corruption, la contrebande et l’impunité ;
- La stabilisation macroéconomique ;
- La participation d’Haïti à l’initiative d’allègement de la dette extérieure pour un montant de 1,3 milliards de dollars américains ;
- La formulation d’une Stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté qui spécifie les priorités de développement pour les trois années à venir ;
- L’amélioration des infrastructures économiques et sociales : ponts, routes, centrales électriques, canaux d’irrigation, centres de santé, écoles ;
- La préparation d’un agenda législatif consistant ;
- La stabilité politique ;
- L’organisation des élections parlementaires et locales ;
- Le renforcement de la crédibilité de notre pays au niveau international.

(…)

Un programme gouvernemental pour faire face à la hausse du coût de la vie financé à même le Trésor public vient de démarrer. Il s’enrichit au fur et à mesure de différents affluents de solidarité venant du monde des affaires, de la communauté internationale, de la diaspora, de la fonction publique, du secteur religieux. Il comporte des mesures diverses touchant à la fois la solidarité immédiate à apporter aux plus faibles et aux zones les plus fragiles, la création d’emplois, le développement de micro-entreprises, la relance de la production agricole.

(…) tout en réitérant ici notre plein endossement du droit inaliénable de nos concitoyens et concitoyennes à revendiquer et à manifester, nous déplorons le fait que les récentes expressions de violence aient abouti à la dévastation du patrimoine du pays déjà lourdement affecté par la précarité des ressources disponibles. Ces destructions, cela a été démontré, sont à attribuer à des casseurs animés par d’autres motivations que celles de la très large majorité des manifestants, effectivement aux prises avec les rigueurs de la faim et de la pauvreté extrême. Fort heureusement, la PNH et la MINUSTAH ont mobilisé toutes leurs énergies et tous leurs moyens pour aider au rétablissement de l’ordre dans la cité.

Pèp Ayisyen,

Onorab Senatè, mwen anpè avèk konsyans mwen. Mwen seten mwen te travay ansanm ak tout ekip gouvènman m nan pou mete baz solid pou yon lòt sosyete nan peyi a, yon sosyete kote firamezi tout moun ka jwenn chans yo, yon sosyete ki firamezi ap ede tout moun konprann dwa yo ak devwa yo, yon sosyete kote firamezi lalwa ranpòte laviktwa sou koripsyon, sou kontrebann, ak sou tout lòt vye trafik.

Pèp la konnen batay la, se yon batay ki gen pou l dire. Mwen vle fè pèp la konnen tou mwen menm, mwen pap lage l nan wout.

Onorab senatè, mwen pa swete pran lapawòl ankò. Nou mèt pran responsablite nou.