Soumis à AlterPresse le 10 avril 2008
Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) prend note d’une vague de protestations contre la cherté de la vie, qui déferle sur le pays depuis le début du mois d’avril 2008. Les revendications du peuple haïtien consistent en la réduction des prix des produits de première nécessité et en l’accès au droit à l’alimentation, un droit fondamental que tout gouvernement a le devoir de garantir.
Toutefois, le Rnddh déplore le fait que ces mouvements de protestation, aussi légitimes soient-ils, soient émaillés d’actes de violences, de vols et de pillages. Ces actes sont inacceptables au sein d’une société démocratique.
Le Rnddh désapprouve les attaques perpétrées contre Télé Haïti, le journal Le Matin, Radio Vision 2000, etc. et contre certains journalistes, victimes dans l’exercice de leurs fonctions. Le Rnddh attire l’attention de tous, notamment des manifestants et des forces de l’ordre, qu’ils ont intérêt à protéger la liberté d’expression, symbolisée par la Presse et les journalistes.
Le Rnddh condamne le manque de professionnalisme enregistré du côté des forces de l’ordre dans la protection des droits et des biens des citoyens. Les forces de l’ordre se sont rendues responsables de mauvais agissements contre la population civile, occasionnant ainsi plusieurs cas de décès et de blessés par balles, particulièrement dans la ville des Cayes et des cas de blessés à Port-au-Prince devant le Palais National.
En présentant ses sympathies à toutes les victimes de ces événements et à leurs familles, le Rnddh souhaite ardemment que les responsables de ces actes de pillage, de vols, de viols, de meurtres, et d’utilisation abusive de la force, soient arrêtés et déférés par devant la justice afin de répondre de leurs actes, quels que soient leur accointance et leur degré de responsabilité dans la société.
Le Rnddh attire l’attention du pouvoir exécutif et du Parlement haïtien sur le fait que ces mouvements de protestation résultent de l’application de la politique néolibérale par ce gouvernement.
Aujourd’hui, Il y a donc nécessité pour le pouvoir de revoir son orientation économique, de cesser de se faire dicter sa conduite par le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, mais d’appliquer une politique économique sociale prenant en compte les revendications et les intérêts de la population : la prise de mesures efficaces en vue de baisser le coût de la vie, la création de travaux à haute intensité de main d’œuvre, le renforcement et le soutien de la production nationale, la cessation des gabegies dans l’administration étatique, le combat contre la corruption et l’impunité au sein de l’Etat sont autant de solutions pouvant éviter la répétition de tels mouvements.
Port-au-Prince, le 09 avril 2008
Pierre Espérance,
Directeur Exécutif du Rnddh