P-au-P, 11 avril 08 [AlterPresse] --- Après une semaine de manifestations violentes contre la vie chère, un calme apparent règne, ce vendredi 11 avril 2008, à la capitale haïtienne, où la population tente de vaquer à ses occupations, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Plusieurs habitants essayent de se ravitailler en aliments et autres biens essentiels afin de prévenir des difficultés de déplacements prévisibles, en cas de nouvelles turbulences les jours à venir.
Les rues sont encore jonchées de traces de débris de barricades (y compris carcasses de véhicules, pierres et pneus usagés incendiés) des jours précédents ainsi que des alluvions charriés pendant les averses récentes des mercredi 9 et jeudi 10 avril 2008. Parallèlement, les rues commencent à être déblayées des barrages constitués à l’aide d’objets hétéroclites.
Cependant, les services de voiries municipales n’ont pas encore procédé à de grands travaux de nettoyage pour enlever les immondices et assainir les rues où de la poussière est soulevée par les automobiles, particulièrement privées.
Parmi les rares stations de carburant en service, des files de véhicules et de personnes sont remarquées. Depuis le début de la matinée du 11 avril, des citoyennes et citoyens font la queue, certains avec des récipients en main, dans des pompes à essence aux fins de s’approvisionner en carburant.
Pendant une semaine, l’approvisionnement en produits pétroliers a été bloqué par les manifestations violentes dans les rues.
Plus d’une vingtaine de stations de vente de produits pétroliers ont été vandalisés par des individus mal intentionnés dans le département géographique de l’Ouest, comprenant l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, au cours des protestations contre la hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité, selon un premier dénombrement de l’Association nationale des distributeurs de produits pétroliers (Anadipp).
Très peu nombreux, des minibus et autres tap tap (véhicules de transport en commun) assurent les trajets sur différents circuits entre les municipalités de la zone métropolitaine.
C’est la même ambiance devant les banques commerciales, les maisons de transfert et les supermarchés où, sont notées de nombreuses personnes en ligne.
A signaler que les portes des établissements scolaires, publics et privés, sont encore fermées, excepté dans quelques quartiers non perturbés dans le nord-est de la capitale où des écoles de proximité ont fonctionné pendant toute la semaine.
Les vols nationaux et internationaux, des avions de ligne, n’ont pas été suspendus, malgré les agitations de rues durant la semaine.
Seulement, le transport public des autobus assurant la desserte des différentes villes de province se trouve sérieusement affecté.
Ce qui fait craindre, pour les semaines à venir, une rareté, voire une nouvelle hausse de produits alimentaires sur les différents marchés nationaux, d’autant que de nombreux magasins de vente de ces produis ont été saccagés durant les agitations de rue de la deuxième semaine d’avril 2008.
Autre perspective douloureuse : ce seront les frictions entre passagers et chauffeurs de transports publics désirant relever le tarif des différents circuits, par suite de l’augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe fin mars 2008. Les autorités se sont gardées jusqu’à présent de fixer de nouveaux tarifs pour les courses dans les tap tap, camionnettes, minibus et autobus sur le territoire national
Globalement, la plupart des quartiers de la zone métropolitaine n’ont pas été alimentés en énergie publique, et les habitants n’ont pas pu s’approvisionner en kérosène (encore appelé gaz blanc), produit pétrolier domestique très utilisé par les ménages en Haïti.
Outre les pompes à essence, de nombreuses entreprises privées ont subi des dommages au cours de ces émeutes de la faim, pendant lesquelles des casseurs en ont profité pour piller certains magasins. Des dizaines de pare-brise de véhicules ainsi que les vitrines de ces maisons de commerce, dont des supermarchés, ont été cassés.
En divers endroits, les responsables d’entreprises privées, dont certaines banques commerciales, victimes de ces échauffourées, ont dû protéger, temporairement, à l’aide de feuilles de planches, les vitres brisées.
Une apparence de reprise progressive de certaines activités est constatée à Port-au-Prince. Mais la population reste encore aux aguets, attendant de nouvelles dispositions de la part des autorités compétentes.
Entre-temps, le gouvernement n’a donné aucune réponse à l’appel à la démission du premier ministre Jacques Edouard Alexis, faite par 16 sénateurs de la République.
Le pays s’achemine vers une demande formelle d’interpellation du chef du gouvernement pour le samedi 12 avril, avec la séance tenue ce 11 avril par les sénateurs.
La demande des 16 sénateurs fait suite au discours du président René Garcia Préval qui a opté pour une évaluation du gouvernement. L’appel à la démission du premier ministre n’est pas partagé par les sénateurs membres du regroupement Lespwa, la plate-forme au pouvoir.
Dans l’intervalle, les bourses commencent à se délier en faveur d’Haïti où la France et l’Organisation des Etats américains (Oea) ont annoncé le décaissement respectif d’un million d’Euros et d’un million de dollars pour assister ce pays en proie à une crise alimentaire.
L’assistance de l’Oea sera allouée à l’achat de produits alimentaires qui devraient arriver à Port-au-Prince dans deux semaines, selon l’ambassadeur Albert Ramdin, dont les propos étaient relayés par la station privée Radio Métropole. [do rc apr 11/04/2008 14:00]