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Pour Célébrer « Black History »

En hommage au Dr. Martin Luther King, assassiné à Memphis, le 4 avril 1968

Par Frank Laraque [1]

Soumis a AlterPresse le 3 avril 2008

Il y a quarante ans, Martin Luther King Jr. tomba sous des balles assassines alors qu’il se trouvait sur le balcon d’un petit hôtel à Memphis dans l’État de Tenessee aux États Unis. Il n’avait que 39 ans. Partisan de la non-violence à la manière de Gandhi, King croyait néanmoins à la mobilisation et à l’action militante comme moyens de changement et n’hésitait pas à dénoncer avec éloquence et force les visées impérialistes du gouvernement américain. Victime de la barbarie raciste comme bon nombre de leaders noirs, King reste un symbole de la lutte pour le changement et la justice sociale. Le texte que voici est un préface inédit écrit par le professeur Frank Laraque du livre de Georges Jean-Charles « Martin Luther King Jr. Prophète du Tiers Monde Etats-Uniens » (non publié), qui relève la pluridimensionnalité de la pensée et de l’action du leader noir.

Alain St.-Victor

Pour rendre justice à Georges Jean-Charles en souvenir de Paul.

« Je savais que je ne pouvais pas élever ma voix contre la violence exercée envers les opprimés des ghettos sans d’abord parler nettement à mon propre gouvernement, maintenant le plus grand pourvoyeur de violence au monde [2]. » Martin Luther King

Le mois de février est consacré aux Etats-Unis, de façon particulière, à l’histoire des Noirs. Mais nous savons très bien que c’est une histoire que font partout chaque jour les masses et leurs leaders qui sont les cibles du racisme ou de la dictature. Fanfan Latour dans sa rubrique « Devoir de mémoire » [3] nous le rappelle dans des pages lumineusement évocatrices et profondément émouvantes pour nous forcer à ne pas l’oublier.

Ainsi, le 21 février dernier a marqué l’anniversaire de l’assassinat de Malcolm X. Le 4 avril courant celui de l’assassinat de Martin Luther King Jr. par les mêmes forces obscurantistes au service de la violence aveugle du racisme ou de l’oppression et qui aujourd’hui veulent détruire Wright et Obama. Notre article se concentre aujourd’hui sur la non- violence de King utilisant l’action directe des masses mobilisées dans les rues et structures racistes.

Il y a bien des années, mon ami Georges Jean-Charles m’a demandé de préfacer son livre « Martin Luther King Jr. Prophète du Tiers-Monde Etats-uniens ». Il savait que j’avais joué un rôle important dans la création du Black Studies Department à City College où j’avais enseigné des cours comme « Negritude as a Cultural Movement, Black Literature of French Expression, Black Leaders, Caribbean Leaders, Fanon and the Third World, Martin Luther King Jr. and the Mass Non-Violent Movement, Malcolm X : His Life, Leadership, Legacy. »

J’ai accepté avec enthousiasme. Voici ma préface au livre de Georges Jean-Charles resté inédit malheureusement jusqu’à nos jours.

KING DANS L’ENGRENAGE DE LA VIOLENCE

Georges Jean Charles publie en 1993 Jacques Stéphen Alexis combattant et romancier d’avant-garde (ou l’humanisme de Jacques Stéphen Alexis) préfacé par Paul Laraque. A mon avis, la plus complète et la plus lucide analyse des romans d’Alexis dans le contexte de sa vie de combattant torturé et assassiné par les sbires de François Duvalier, l’un des plus monstrueux dictateurs de notre histoire. Le but primordial de Jean-Charles, selon le préfacier, « de mettre un instrument de connaissance, à la fois de l’homme, de l’écrivain et du militant à la portée de la jeunesse du pays et de la diaspora »

Dans ce même esprit Georges Jean-Charles se propose de faire connaître aux pays francophones la lutte menée par deux charismatiques leaders Afro-Américains : Martin Luther King Jr et Malcolm X. Deux patriotes incorruptibles, assassinés à cause de leur militantisme irréversible et exemplaire, au moment où s’établissait entre eux un rapprochement. Un rapprochement qui était une sorte de synthèse dans la dialectique : thèse (non-violence de King), antithèse (contre-violence de Malcolm X). La possibilité d’une non-violence plus musclée explique l’assassinat de Malcolm, puis de King. Deux activistes dont les moindres mouvements étaient surveillés et minutés, à l’intérieur par la FBI, à l’extérieur par la CIA. Ils s’inscrivent dans le Panthéon de l’histoire de libération du noir américain aux Etats-Unis où les ont précédés d’illustres compatriotes d’idéologies différentes parfois antagoniques et qui ont concentré leurs efforts sur un aspect conforme à cette idéologie. Citons-en quelques-uns de façon fort simpliste afin de bien situer King. Nat Turner : révolte armée contre l’esclavage. Harriet Tubman : organisation de la fuite vers le nord d’esclaves en quête de liberté et leur intégration dans l’armée nordiste pour l’abolition de l’esclavage. Frederick Douglass : société anti-esclavagiste et participation dans le gouvernement fédéral pour l’accès au pouvoir politique. Booker T.Washington : capitalisme noir sans agitation. W.E.B du Bois : égalité dans tous les domaines par le socialisme. Marcus Garvey : nationalisme noir visant à la souveraineté d’une nation noire . Adam Clayton Powell : pouvoir politique par la voie parlementaire. Elijah Muhammad et Malcolm X : création d’une nation noire musulmane aux Etats-Unis. L’antagonisme ou conflit se manifeste des fois de manière sourde : Washington-Douglass. Le plus souvent ouvertement et même outrageusement : Du Bois-Garvey ; King-Malcolm X ; Malcolm X—Muhammad

Georges Jean-Charles offre aujourd’hui au public francophone la biographie de King au titre bien choisi de Martin Luther King Jr. Prophète du Tiers Monde Etats-Uniens. Prophète parce qu’il était en avance sur son époque et avait raison de croire que sa politique de non-violence active ne cesserait jamais d’être actuelle ; Tiers-Monde Etats-uniens parce qu’il y a différents Tiers-Mondes malgré de nombreuses similarités. L’objectif de l’ouvrage et son plan étant clairement définis dans l’introduction, le résumé du vaste mouvement de non-violence par l’action directe dans les rues et ses résultats étant exposés avec intelligence et discernement dans le Bilan et la Conclusion, notre rôle se bornera à mettre l’accent sur l’originalité de cette nouvelle biographie qui se singularise par l’analyse scientifique du militant de l’action des masses en progrès, de la complexité du mécanisme de cette non-violence et de l’actualité de ce concept.

Originalité

L’auteur, originaire d’Haïti où dans un certain secteur prédominent l’idéologie de la lutte armée et dans l’ensemble le préjugé de couleur, fait abstraction de ces deux éléments et de ses vues personnelles, car il se veut un observateur objectif pour cerner la pensée de King et son utilisation de la non-violence dans une société complexe et différente à préjugé racial plutôt que de couleur. Cette biographie révèle intégralement un King pluridimensionnel, s’attaque au mythe persistant qui entend figer King dans un rêve de plus en plus distant et faire de lui un idéaliste impénitent. Un moulin à belles phrases. Jean-Charles sculpte une image fort différente. Celle d’un prophète qui infuse l’avenir dans le présent. Un homme d’action transplantant dans le réel sa vision de justice sociale, politique et économique grâce, selon lui, à l’arme la plus puissante que le noir puisse manipuler avec le minimum de risque et la meilleure chance de succès : la non-violence active, « créatrice de tension ».

Avant de considérer la particularité de cette biographie, c’est-à-dire la définition de la violence, de son emploi, de ses modalités selon les circonstances et les manœuvres des racistes, à partir d’une non-violence situationnelle, « une thèse répondant aux besoins de l’heure »p.376), suivons l’évolution ou la radicalisation de King.

King n’est pas de génération spontanée. Il continue une longue tradition de résistance religieuse que son père a intégrée dans la politique. Héritier de l’activisme de son père qu’il modifie et répand, sa théorie de la libération s’est enrichie de l’étude et de l’internalisation des aspects constructifs des œuvres ou prises de position de philosophes et activistes tels que Thoreau, Niebur, Rauschenbusch, Hegel, Marx, Nietzche, Sartre et autres existentialistes mais surtout Christ et Gandhi. De Montgomery à Memphis se déroule une lutte incessante dans des étapes de plus en plus radicales. Au cours de la première phase, King cherchait à réaliser « un rêve d’égalité de chance, de privilèges et de propriétés largement distribués » (p .361). La seconde phase, toujours dans le cadre du système capitaliste, « visait surtout à l’amélioration des conditions de vie matérielle des noirs dans les ghettos » (p.362).

La guerre du Vietnam enflamme King et corrobore sa dénonciation des Etats-Unis comme le plus grand pourvoyeur de violence dans le monde. Violence à l’intérieur comme à l’extérieur. Il ne suffit plus donc d’actions ponctuelles dans différentes villes mais d’une grande mobilisation de la nation entière pour détruire les structures du capitalisme. C’est la troisième phase. La phase finale qui, en théorie, veut « porter la problématique de la pauvreté au centre du système économique » (p.333), et, dans la réalité, entend faire aboutir la grande marche des pauvres (blancs, noirs, indiens, latino-américains) à Washington, D.C., centre du pouvoir politique. L’expression « lutte des classes » est remplacée par l’euphémisme moins irritant « la marche des pauvres contre les riches », contre les puissantes corporations et transnationales, c’est-à-dire le pouvoir économique pour « une redistribution du pouvoir politico-économique » (p.333). A cette phase, la rhétorique de King n’est pas différente de celle de Malcolm X. La décision d’éliminer King ne tardera pas.

Nous avons dit plus haut que l’originalité de la biographie écrite par Jean-Charles réside dans la radiographie de la non-violence, son mécanisme et son actualité. Non-violence ne signifie pas passivité. Elle est au contraire créatrice de tension. Elle n’est pas flamme mais feu qui provoque directement ou indirectement le changement visé. Le militant de l’action directe en indique le ressort « nous voulons développer, d’une position de force, une situation dans laquelle le gouvernement jugera sage et prudent de collaborer avec nous » (p.368). Une position de force qui s’obtient par la mobilisation des masses dans les rues. Elles ne sont pas armées mais simplement revêtues de l’armure de la foi chrétienne. Des manifestations éclatent de l955 à 1968. De Montgomery à Memphis en passant par Albany (Georgia), Mississippi, Birmingham, St Augustine, Selma, Washington, D.C., Boston, Chicago, Newark, New York.

La non-violence est une force puissante qui fait appel d’abord à la conscience de l’agresseur pour le respect de la loi et des droits des masses qui réclament justice dans la paix, la réflexion, les prières. Elles sont résolues à affronter la mort sans se défendre physiquement. Elles forment un immense miroir qui renvoie aux assaillants leur image de brutes rappelant étrangement les dirigeants romains qui livraient d’innocents chrétiens aux bêtes féroces dans les arènes publiques. En effet, le peuple calme et recueilli transformait la rue en un théâtre ouvert, rendu sacré par la prière et la foi. Un spectacle intense retransmis en direct par la télévision dans les foyers américains aussi bien qu’à l’étranger que le gouvernement fédéral ne pouvait plus ignorer. Cette non-violence n’utilise pas la violence mais s’adresse au gouvernement fédéral et lui demande, si besoin était, d’exercer sa force contraignante ou même sa violence bien supérieure à celle des racistes et de tout état sympathisant avec ces derniers. En cas d’inaction du Président, l’armée des pauvres se devait d’occuper Washington et de paralyser le fonctionnement de la nation.

La non-violence était donc un mécanisme à trois volets : appel à la conscience des racistes ; en cas d’échec, appel à la force contraignante du gouvernement fédéral ; en dernier lieu, en cas de refus ou d’indifférence du Chef de la nation, la déstabilisation du gouvernement. Le pouvoir des masses devient ainsi un pouvoir transformateur plus efficace que l’action de quelques représentants noirs au congrès ou au sénat. Un facteur participatif capable d’influer sur le système représentatif en vigueur.

Au cœur d’un tel mouvement allant de la requête des droits civils et de la justice économique à la réalité d’une révolution sociale, un King sereinement combatif et intrépide. Jean-Charles explique :

« Alors que la plupart de ceux qui contestaient sa méthode n’allaient pas plus loin que
leurs déclarations intempestives, lui il recommandait l’action. C’est dire qu’il ne se contentait pas de discourir, de trouver des justifications et de pousser les autres à agir.
Assez souvent, il menait personnellement les autres à l’action. A Birmingham, à Selma, à Jacksonville, dans les quartiers blancs de Chicago, à Memphis, au moment de la crise, il paya toujours de sa personne, prenant tous les risques à côté des simples soldats de l’Armée Pacifique. » (p.371)

À cause de son rôle exceptionnel de rassembleur et de propulseur capable d’engendrer une révolution sociale, d’autant plus dangereuse que son armée rappelait celle de Christ entouré de sa troupe de pauvres, de sans-logis et d’exploités face au conquérant romain, King est déclaré l’ennemi public no 1 par la FBI d’Edgar Hoover. Décrié par le Président Johnson qui le traite d’ingrat. Appelé traître par les médias. Dénoncé par les organisations noires traditionnelles et par les partisans de la lutte armée. Objet de controverse dans sa propre organisation, il était ainsi devenu une cible particulièrement vulnérable. Sa tête était mise à prix sans aucune réaction judiciaire. Tant et si bien que des conspirateurs ont décidé de l’éliminer, convaincus d’impunité dans un tel climat de haine et de division. De nombreux noirs n’étaient-ils pas tués sans enquête judiciaire ? Le meurtrier de Medgar Evers n’avait-il pas été acquitté ?

James Earl Ray a été condamné à 99 années d’emprisonnement pour l’assassinat anticipé de King. Il a par la suite rétracté sa confession. La théorie d’une conspiration reconnue par un comité du Congrès n’a pas eu de suite. Récemment, grâce aux interventions de Coretta King, l’épouse de Martin et de leurs enfants, un jury a admis également la thèse de la conspiration. Qu’en sortira-t-il ?

Le biographe constate à juste titre l’effondrement du mouvement de la non-violence depuis la disparition du prophète. Il énumère les extraordinaires résultats obtenus et l’héritage légué par King à qui nous devons en être reconnaissants. N’empêche que le dynamisme de la non-violence a été enterré avec lui. En effet, ses principaux lieutenants ont opté pour des fonctions législatives ou gouvernementales. Son successeur Ralph Abernathy était un brillant second mais ne pouvait combler un tel vide surtout sans le support auquel il pouvait s’attendre. Coretta King a fondé un centre consacré à la personne de son époux et à la vulgarisation d’une doctrine, d’un enseignement coupé de toute action qui en était le moteur. Le centre a bénéficié de donations et de fonds qui auraient pu revitaliser la Southern Christian Leadership Conference créée par le leader pour la continuation de l’action directe des masses Toutes sortes de justifications, d’explications ont été trouvées afin de rationaliser l’abandon de l’action directe des masses : manque de fonds, difficultés d’une mobilisation permanente des masses convaincues du messianisme du prophète, supériorité des fonctions politiques et des structures de partis.

L’actualité de King est évidente du fait que depuis sa disparition de la scène politique on n’a constaté aux Etats-Unis aucun progrès réel d’ordre politique, social, économique. Ou très peu.
L’action directe de la non-violence ailleurs a causé la chute de dictateurs aux Philippines, en Haïti, en Pologne, en Roumanie, au Pakistan, en Equateur. La non-violence, tant qu’elle n’est pas planifiée pour prendre le pouvoir et le garder, sera déboulonnée par les mêmes secteurs rétrogrades quelle croyait avoir évincés.

Jean-Charles comble les lacunes d’autres biographes qui obnubilés par le luxe des détails et la rapidité des événements ont négligé d’insister sur la complexité et la nouveauté d’une expérience exigeant souvent d’imprévisibles sacrifices. Émerveillé par le courage, la ténacité du leader qui a su concevoir et mettre sur pied un mouvement à portée nationale et internationale, le préfacier ne s’est pas étendu sur les faiblesses et défauts du politique dont la perfection montée en épingle semble indiquer une notion de sainteté que King a toujours rejetée.

Une nouvelle tendance représentée par Michael Eric Dyson se fait jour dans son ouvrage de plus de quatre cents pages I May not get there with You- The true Martin Luther King Jr ( Je n’y serai peut-être pas avec vous- Le vrai Martin King Jr) N.Y. The : Free Press ,2000. Il affirme sans ambages que toute biographie du vrai King doit étaler les défauts, les fautes de l’homme aussi bien que ses qualités. Ses critiques : plagiat de thèse, promiscuité sexuelle avec des femmes mariées, insinuation d’un acte homosexuel, culte de la personnalité, vedettariat politique, obsession de l’image médiatique, identification avec Christ. Chacune de ces accusations est discutable. Même si elles étaient fondées, elles n’enlèveraient rien, selon Dyxon, pasteur et professeur noir américain, à l’incomparable contribution de Martin à sa race, à son pays et au monde entier. Il pense que le vrai ou réel King avec ses exceptionnelles qualités et ses faiblesses d’ailleurs fort répandues est plus proche de nous et des jeunes d’aujourd’hui que le leader immaculé, produit d’une fabrication historique

Ainsi s’annonce un débat passionnant sur le concept même de la biographie. Généralement, elle se définit comme l’histoire écrite de la vie d’un individu dans le contexte des faits et des événements de l’époque. Il s’est développé également une biographie historique ou politique qui donne la priorité à l’idéologie ou au rôle du leader choisi. C’est dans ce sens plus restreint que se situe la biographie de King par Jean-Charles qui a choisi un titre conforme à sa conception. Il ne s’est pas voué à la recherche du vrai King mais du King prophète et militant de la non-violence visant à l’égalité des droits politiques et économiques des exploités. Il n’est certes pas un biographe-voyeur traquant son personnage dans des incartades sexuelles qui n’ont rien à voir avec la capacité du dirigeant d’être efficace. Il refuse de tomber dans la voie diffamatoire et piégée des Hoover et Jesse Helms qui, au nom d’un puritanisme exclusif, employaient les moyens les plus bas pour détruire King et son mouvement.

Martin Luther King Jr, prophète du Tiers-Monde Etats-uniens est aussi un hommage des immigrants de couleur aux Etats-Unis rendu par la voix de Jean-Charles au prophète grâce à qui ils bénéficient d’opportunités dont ils n’auraient jamais rêvées auparavant. Une rigoureuse recherche scientifique, des traditions fidèles à la pensée de King font une présentation vivante du leader happé par l’engrenage de la violence, qu’il a réussi à enrayer pour la sécurité des noirs américains et des sans-voix. Une expérience vécue qui suggère qu’un mouvement non enclin à la violence est également capable, s’il est structuré et planifié par les masses encadrées, de mettre frein au flot destructeur de la globalisation économique, c’est-à-dire globalisation de la richesse pour les privilégiés et globalisation d’une plus grande pauvreté pour les démunis.

Georges Jean-Charles maintient King présent parmi nous comme source d’inspiration et lumière d’actions collectives.

Conclusion

Pour conclure, ajoutons quelques commentaires sur un aspect de la campagne électorale 2008 qui bat son plein.

Une certaine presse américaine réactionnaire qui ne changera jamais sa pratique raciste, pour laquelle l’idée d’un président noir est inacceptable, fait tout pour saboter la campagne de Barack Obama, par personne interposée, Jeremiah Wright. Elle proclame les sermons de Wright incendiaires comparés à ceux de King. Or, Wright n’a jamais prêché comme King (le rêveur) qui a dit au sujet des violentes émeutes urbaines : « La cause réelle des émeutes réside dans les crimes plus néfastes de la société blanche, la brutale réaction des blancs, le taux élevé du chômage des noirs , la discrimination raciale et les effets de la guerre du Vietnam » (David G. Garrow, p.579 notre traduction). Il projetait de conduire des milliers de Noirs, d’Indiens et de Latino-américains camper à Washington et empêcher son fonctionnement jusqu’à ce que le Congrès garantisse un emploi et des revenus décents à chaque Américain. Nous avons d’ailleurs mis l’accent sur les actions pacifiques mais musclées que King organisait pour une justice sociale indispensable.

Quoiqu’on dise, Wright est une voix plus modérée, qui ne prêche même pas les actions pourtant justes de King. Or, Obama a répudié les déclarations de Wright mais cela ne l’empêche pas d’être la victime d’une campagne de haine, qui utilisera tous les moyens pour lui barrer la route ou l’éliminer. Le sort réservé au plus modéré des leaders si, aux yeux des fanatiques de l’extrême droite, il représente la moindre menace pour l’ordre établi et le statu quo impérial.


[1Professeur émérite, City College, New York

[2Passage tire du livre de Garrow, J. David, Bearing the Cross, Martin Luther King Jr. and the Southern Christian Leadership Conference. William Morrow and Company, New York, 1986 (notre traduction)

[3Voir le Journal Haïti Liberté