P-au-P, 12 sept. 03 [AlterPresse] ---La Plate-forme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) doute de la capacité des représentants haïtiens à défendre les intérêts du pays à la conférence ministérielle de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui se déroule à Cancun au Mexique du 9 au 14 septembre 2003.
Dans une conférence de presse donnée ce 11 septembre à Port-au-Prince, l’un des responsables de la PAPDA, l’économiste Camille Charlmers, déclare ignorer la position des représentants haïtiens à Cancun. « Vont-ils s’aligner au coté des Etats-Unis, de l’Union Européenne ou des pays d’Afrique qui réclament la démocratisation de l’OMC », s’interroge-t-il.
Camille Charlmers croit que les décisions qui seront adoptées à Cancun se répercuteront sur l’avenir de tous les peuples de la planète. Le peuple haïtien, souligne-t-il, a droit à une explication de la part des dirigeants sur les positions qu’ils adoptent. « Les gouvernements haïtiens se sont alignés, depuis longtemps, de façon très soumise aux décisions et aux lignes fixées par le Département d’Etat américain et les institutions internationales », poursuit-t-il.
La 5ème conférence ministérielle de l’OMC se déroule autour de thèmes qui auront des impacts considérables sur les pays du Sud, a fait remarquer Camille Charlmers. Les discussions sont axées essentiellement sur l’agriculture, les tarifs douaniers et le service public.
Camille Charlmers s’inquiète de l’avenir de 3 milliards d’agriculteurs du monde entier qui représentent plus de la moitié de la population mondiale et se demande « s’ils ne vont pas être balayés du marché pour faire place aux Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) des transnationales ».
La Plate-forme paysanne Via Campesina, lors du sommet mondial de l’alimentation qui s’est déroulé du 10 au 13 juin à Rome en Italie, avait plaidé en faveur d’une agriculture durable, c’est à dire "qui respecte l’environnement" et qui produit "des aliments sains". L’organisation s’était prononcée ainsi contre les OGM qui "ne profitent ni aux paysans, ni aux consommateurs".
Le responsable de la PAPDA se dit pessimiste quant aux avantages de la conférence de l’OMC pour les pays du Sud, en particulier des pays appauvris comme Haïti. Toutefois, Camille Charlmers croit que les mouvements « altermondialistes » ont réussi à imposer d’autres thèmes de discussion dans la conférence de Cancun, notamment les thèmes commerce, dette et finances.
« Nous sommes décidés de plus en plus comme peuple de défendre nos intérêts (Â…) cette planète n’est pas une marchandise entre les mains de quelques capitalistes, mais elle est un patrimoine de l’humanité et nous devons la défendre », martèle Camille Charlmers. [rv gp apr 12/09/2003 20:00]