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Rentrée des classes au ralenti

P-au-P., 11 sept. 03 [AlterPresse]--- Environ la moitié des élèves attendus dans les classes depuis la rentrée scolaire du 8 septembre dernier ne se sont pas présentés, ont constaté des journalistes. A part les écoles congréganistes, la rentrée se fait au ralenti. Dans un département comme le Plateau Central (Centre-Est), il n’y a pas eu de rentrée du tout, ont rapporté des correspondants de presse.

Jean Lavaud Frédéric, Secrétaire Général de la Confédération Nationale des Educateurs et Educatrices en Haïti (CNEH), explique cette situation par le fait que « les parents et les professeurs ne sont pas prêts », à cause principalement de la sitaution économique catastrophique du pays.

Selon Jean Lavaud Frédéric, les enseignants ne sont pas prêts à assurer les cours et à remplir leur devoir de parents. « Non seulement les enseignants reçoivent un salaire de misère mais l’Etat leur doit aujourd’hui encore la paye du mois d’août. Avec quoi vont-ils s’acheter des vêtements pour se présenter en classe », se demande Jean Lavaud Frédéric. « Avec quoi vont-ils assurer la rentrée scolaire de leurs propres enfants », ajoute-t-il.

D’après des informations recueillies auprès des syndicats d’enseignants, au niveau du secondaire, un professeur à chaire simple dans le public gagne une moyenne mensuelle de 2000,00 gourdes et à temps plein 5000,00 gourdes. Dans le privé, ils gagnent entre 75,00 et 150,00 gourdes l’heure. Au niveau du primaire, les enseignants reçoivent en moyenne 3000,00 gourdes par mois.

D’autre part, les infrastructures scolaires publiques ne sont pas en condition d’accueillir les élèves, dénonce le syndicaliste. « Les écoles n’ont pas de bancs, pas de toilettes, pas d’eau couranteÂ… elles n’ont aucune structure d’accueil qui indique que c’est la rentrée », déclare-t-il. Lavaud cite en exemple l’école nationale Darius Denis, située dans la périphérie sud-est de la capitale, où l’environnement témoigne qu’il n’y a pas de toilette.

Les spots payés de la Présidence dans les médias, annonçant l’octroi de repas chauds, uniformes et livres aux élèves des écoles publiques, sont qualifiés de « slogans » par le Secrétaire Général de la CNEH. A St-Marc, dans le département de l’Artibonite (Centre-Ouest), « des élèves de 3 écoles nationales sur 12 ont reçu des uniformes ».

Jean Lavaud Frédéric ne laisse pas de coté l’augmentation effrénée des prix des prix de la mensualité et des frais scolaires. « C’est la conséquence, dit-il, du tarif trop
élevé des taxes imposées aux écoles privées. Des directeurs de ces écoles en profitent pour faire payer beaucoup d’argent aux parents sans pour autant augmenter le salaire des professeurs et leur fournir de bonnes conditions de travail ». Il épingle au passage « l’irresponsabilité de l’Etat, la cupidité de ces directeurs d’école et le silence des
parents ».

Tous les problèmes évoqués plus haut influencent les résultats scolaires, affirme Jean Lavaud Frédéric. Mais, ajoute-t-il, « lorsque nous demandons de l’eau et de la nourriture dans les écoles, on dit que nous faisons de la politique et on attribue les échecs des élèves lors des évaluations officielles aux syndicats d’enseignants ». [ijb gp apr 11/09/2003 11:40]