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XXXe conférence régionale Fao Brésil avril 2008

Haïti/Fao/Production agricole : Renforcer la sécurité alimentaire régionale et augmenter les revenus des petits agriculteurs

P-au-P, 15 mars 08 [AlterPresse] --- Face à la hausse des prix des produits alimentaires en Haïti, dans les autres pays des Caraïbes et en Amérique latine, la branche régionale de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) devrait réfléchir sur les moyens de soutenir la production agricole dans la région en renforçant la sécurité alimentaire et en augmentant les revenus, notamment des petits agriculteurs.

C’est l’idée-force émise par le représentant régional de la Fao pour l’Amérique Latine et les Caraïbes, José Graziano da Silva, dans un communiqué de l’agence onusienne, daté de Santiago du Chili et transmis le 14 mars par Fao-Haïti à l’agence en ligne AlterPresse.

“Actuellement, peut-être que le principal sujet de la Fao en Amérique Latine et les Caraïbes soit la hausse de prix des produits alimentaires. Nous devons protéger les populations vulnérables, mais en même temps il faut profiter de l’opportunité de croissance qui se présente pour les petits agriculteurs. Le défi consiste à les soutenir pour produire plus et mieux, autant pour leur propre consommation que pour la vente, en renforçant la sécurité alimentaire et en augmentant les revenus. Si nous y parvenons, nous pourrons avancer dans la diminution de la pauvreté rurale extrême dans la Région, qui touche environ 36 millions de personnes dans les campagnes, soit un tiers de la population rurale”, selon Graziano da Silva.

La position du représentant de la Fao est rendue publique un mois avant la tenue de la XXX e conférence régionale de l’agence onusienne pour l’Amérique latine et les Caraïbes, qui se tiendra du 14 au 18 avril 2008 à Brasilia, Brésil.

En Haïti, le contexte est dominé par une hausse sans précédent des prix des biens essentiels à la consommation, en particulier des produits agricoles, depuis la fin 2007, constate AlterPresse.

Parallèlement, le kérosène, un des produits pétroliers les plus utilisés par les ménages en Haïti, a subi une nouvelle hausse début mars 2008 sur le marché national.

Cependant, au sommet annoncé, "principale occasion de débat officiel », où se réuniront le comité technique (14 et 15 avril) et la Session plénière (16 au 18 avril), les priorités de la Fao pour la région devraient être définies par les ministres des 33 pays régionaux membres de l’agence onusienne, indique le communiqué acheminé à AlterPresse.

Le Directeur Général de la Fao, Jacques Diouf, participera à la session plénière, au cours de laquelle les activités de la Fao des deux dernières années seront révisées et pendant laquelle les pays membres définiront les priorités de travail pour le prochain biennum.

Mesures pour prévenir les maladies transfrontalières, comme la grippe aviaire

Au-delà de la perspective du sommet d’avril 2008, les 33 pays régionaux membres de la Fao sont appelés à prendre des mesures nécessaires pour la prévention et la prompte détection de l’influence aviaire, particulièrement du fait de la détection [en décembre 2007] d’une poussée de base pathogenèse en République Dominicaine, recommande la Fao.

Les maladies transfrontalières des animaux constituent la plus importante menace pour la production agricole à niveau mondial. Le continent américain est le premier producteur mondiale de viande de bovins, volailles et oeufs, et le troisième producteur mondial de viande de porc.

« C’est pour cela que la prévention, le contrôle et l’éradication des maladies transfrontalières, telles que la fièvre aphteuse, ont reçu priorité au niveau de l’Amérique Latine et les Caraïbes », précise le communiqué de la Fao parvenu à AlterPresse.

Pour une Amérique Latine et les Caraïbes sans Faim

La mise en place de politiques publiques de moyen et long termes, et la collaboration entre les pays pour combattre la faim figurent parmi les dispositions souhaitées par la Fao en vue de parvenir à une région dépourvue de faim.

« La suppression de ce fléau n’est pas seulement une obligation éthique, mais bien un objectif possible », estime la branche régionale de l’agence onusienne.

Sensibilisation, formation et suivi de la situation alimentaire de la région sont les trois grands axes, selon la Fao, devant contribuer à une meilleure compréhension de l’urgence du problème de la faim dans la Région.

La Fao entend renforcer les politiques et les initiatives pour atteindre les Objectifs de Développement du Millénaire des Nations Unies, en proposant un but encore plus ambitieux : l’éradication complète de la faim dans la Région.

Dans le but de placer la faim au cœur des agendas nationaux, le projet “Initiative pour une Amérique Latine et des Caraïbes sans Faim” a été lancé en 2005 et s’est transformé en une priorité lors de la 29e Conférence Régionale (Vénézuela, 2006), rappelle la Fao.

Risques et opportunités de la bioénergie pour la sécurité alimentaire et l’environnement

La bioénergie présente des opportunités et des risques pour la sécurité alimentaire et pour l’environnement dans les pays d’Amérique Latine et des Caraïbes, signale la Fao.

Les opportunités consistent en la possibilité de générer davantage d’emplois, de meilleurs revenus et d’inclure l’agriculture familiale dans l’effort pour répondre à l’accroissement de la demande de biodiesel et d’éthanol.

Cependant, la bioénergie apportera des bénéfices à condition que sa production se fasse en respectant l’environnement et en tenant compte des différentes réalités de chaque pays, raison pour laquelle la Fao considère « indispensable de mettre en place un ensemble de politiques qui permettent de diminuer les risques et de contribuer au développement soutenable et équitable des biocombustibles ».

Paradoxe de la faim et de la pauvreté, et de l’agroindustrie

La persistance de la faim et les niveaux élevés de pauvreté rurale contrastent avec l’expansion de l’agroindustrie, dans une région qui est nettement exportatrice d’aliments, relève la Fao comme paradoxe en Amérique latine et dans les Caraïbes.

Il est souhaitable que la Conférence Régionale recommande des politiques publiques visant à introduire l’agriculture familiale dans les marchés et permettant de faire face à la précarité qui existe dans les régulations du travail temporaire, espère la Fao.

La XXX e conférence régionale de la Fao (Brasilia, du 14 au 18 avril 2008) devra examiner de quelle manière l’action publique/privée peut « contribuer à parvenir à un développement rural inclusif et soutenable, puisque le principal défi que doit affronter la Région c’est de résoudre l’énorme iniquité existante dans la distribution du revenu ».

Mission de la conférence régionale de la Fao

La Conférence Régionale offre un espace de discussion neutre aux ministres de l’agriculture, de l’élevage, de la sécurité Alimentaire, du développement rural, des ressources naturelles, et à d’autres hauts fonctionnaires, spécialistes et représentants de la société civile pour qu’ils puissent analyser les défis qui se présentent pour la région.

Sur la base des documents préparés par la Fao, “une ample gammes de sujets seront discutés, parmi lesquels particulièrement les opportunités et défis de la bioénergie pour la sécurité alimentaire et l’environnement dans la région, la gestion et contrôle des maladies transfrontalières, les activités conjointes entre acteurs des secteurs privé et public pour le développement rural et la réforme agraire” informe Carlos Marx Carneiro, Secrétaire de la Conférence Régionale.

En plus d’une analyse des actions globales et d’urgence du projet “Initiative pour une Amérique Latine et des Caraïbes sans Faim”, les activités de la Fao dans la région seront débattues pendant la Conférence en regard des Objetifs de Développement du Millénaire.

Seront également présentés les rapports de la Commission des Forêts pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (Coflac), ainsi que de la Commission pour le Développement de l’Elevage (Codegalac).

Dans les semaines à venir, outre les actions à envisager pour une Amérique latine et les Caraïbes sans faim, la branche régionale de la Fao évoquera sa vision quant à des problématiques régionales fondamentales : les maladies transfrontalières, comme la grippe aviaire ; les opportunités et les risques de la bioénergie pour la sécurité alimentaire et l’environnement de la région ; le paradoxe de la persistance de la faim et de l’augmentation de la pauvreté, un phénomène associé avec une expansion de l’agroindustrie. [rc apr 15/03/2008 16 :00]