P-au-P, 17 févr. 08 [AlterPresse] --- L’Organisation des Etats américains (Oea) compte s’impliquer dans le développement socioéconomique en Haïti, en plus de son support à l’enregistrement des citoyennes et citoyens dans les registres d’état civil et de l’appui au Conseil électoral provisoire (Cep), annonce l’organisation hémisphérique au terme d’une visite effectuée dans la république caribéenne du 14 au 17 février 2008.
« L’Oea va s’engager dans des actions pour soutenir les efforts nationaux dans le commerce, le tourisme et d’autres activités de développement », informe le secrétaire général adjoint Albert Ramdin.
Le secrétaire général adjoint Ramdin s’exprimait à la mi-journée du dimanche 17 février au bureau de l’organisation (sur les hauteurs de Pétionville, à l’est de Port-au-Prince), dans une conférence de presse, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
La croissance économique et les opportunités d’emplois durables, telles que souhaitées aujourd’hui par divers secteurs qui ont fait part de leurs points de vue à la mission de 4 jours de l’Oea, sont les pas à franchir pour garantir la « relative » stabilité politique constatée pendant la durée du séjour des membres de la délégation officielle.
« Après avoir visité Cité Soleil [grande agglomération populaire à la sortie nord de la capitale], Belladère (Centre), Cap-Haïtien, où nous avons survolé le site de Labadie (Nord), nous reconnaissons le potentiel économique d’Haïti, susceptible d’induire des activités dans les branches du tourisme, des manufactures, et le secteur de l’agriculture dans le sens d’un vrai développement économique et d’une réduction effective de la pauvreté », confie l’ambassadeur Cornelius Alvin Smith, représentant permanent des Bahamas à l’Oea.
L’organisation hémisphérique envisage de prendre une part active à la prochaine rencontre des donateurs internationaux d’Haïti qui se tient en avril 2008 à Port-au-Prince. Elle entrevoit également de supporter un forum sur les investissements dans le pays, dont la date du déroulement n’est pas encore connue.
« Nous n’avons pas vu un pays en état de crise, mais un pays cheminant vers le progrès et la démocratie, dont l’avenir repose exclusivement sur les efforts des citoyennes et citoyens », relève Albert Ramdin.
Et Ramdin d’ajouter : « nous retirons de bonnes impressions de notre visite en Haïti. Nous ne voyons pas pourquoi un peuple, avec autant de créativité et d’imagination, ne pourrait pas avancer… ».
Il importe de consolider la stabilité et la sécurité en respectant les droits humains et en se compromettant à appuyer les priorités haïtiennes, suggère Luis Javier Campuzano Pina, représentant par interim du Mexique auprès de l’Oea.
Cette préoccupation est partagée par les ambassadrices Maria del Lujan Flores (Uruguay) et Maria Zavalla Valladares (Pérou). Tout en admettant une « certaine fragilité », caractéristique de la situation actuelle en Haïti et rappelant la détermination du peuple haïtien à avoir des dirigeants qui ne méprisent pas leurs revendications, elles invitent à prendre en compte les aspects concrets par la mise en ouvre de projets pouvant améliorer la gestion publique.
« Il n’y aura pas de garantie de sécurité publique ni d’opportunités d’emplois sans un renforcement des structures de l’Etat. Le peuple haïtien revendique en faveur d’un modèle qui respecte ses efforts de construction dans la continuité de la lutte pour sa dignité », estime, de son côté, l’ambassadeur Rodolfo Hugo Gil (Argentine), qui insiste sur ces deux messages clairs à transmettre à l’Oea.
Quant à l’ambassadeur Osmar Chohfi (Brésil), il considère indispensable d’accompagner « les importants progrès constatés en Haïti par des efforts accrus pour le développement économique et les opportunités d’emplois ».
Cet accompagnement de l’Oea, dit Chohfi, devra ainsi évaluer comment se joindre aux initiatives de la Police nationale d’Haïti (Pnh) et aux opérations de la Mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah), en collaboration avec les autorités nationales et avec une attention appropriée aux demandes des citoyennes et citoyens haïtiens.
La mission de 4 jours de l’Oea en Haïti ne consistait pas seulement à manifester de la solidarité et du support au processus démocratique, mais aussi à écouter, regarder et prendre note de tous les éléments sensibles et d’intérêt pour le développement d’Haïti à transmettre à l’ensemble de l’organisation, signale le ministre conseiller Christian Rehren (Chili).
Le mercredi 20 février 2008, les 12 membres de la délégation, accompagnée par l’ambassadeur Duly Brutus, représentant permanent d’Haïti à l’organisation hémisphérique, rendront compte, à la conférence des représentants permanents à l’Oea, de leurs observations et des échanges effectués avec le gouvernement d’Haïti, le Parlement, des partis politiques et des délégués d’organisations sociales.
La délégation de 12 membres de l’Oea a effectué sa mission du 14 au 17 février 2008 en Haïti en guise de suivi à la 37 e assemblée générale de l’organisation (Panama, juin 2007) exhortant à un « support pour le renforcement des institutions démocratiques et le développement socioéconomique d’Haïti », indique le rapport de la délégation remis uniquement en version anglaise à la conférence de presse du dimanche 17 février 2008. [rc apr 17/02/2008 14 :00]