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Haïti/ Développement local : Adema ou la formation au service d’un meilleur développement

Par Cindy Drogue et Jean-Noël Walkowiak

Jean Rabel (Haïti), 18 févr. 08 [AlterPresse] --- Créée en juillet 2005, Ansanm pou yon demen miyò an Ayiti « Ensemble pour un meilleur devenir en Haïti » (Adema), est une association intervenant en appui au développement local, principalement dans deux villes du département géographique du Nord-Ouest : Jean Rabel et Bombardopolis.

Des constats, une vision...

Le département géographique du Nord-Ouest est l’un des plus défavorisés d’Haïti. Il fournit de nombreux candidats à l’immigration et ses habitants viennent en nombre grossir les bidonvilles de Port de Paix (chef-lieu du département du Nord-Ouest), Gonaïves (la cité de l’indépendance à 171 kilomètres au nord de la capitale) ou Port au Prince. La situation alimentaire est dépendante d’une aide externe permanente et de conditions climatiques capricieuses, particulièrement dans le Bas Nord-Ouest.

Le Bas Nord-Ouest est une zone rurale. L’environnement y est fortement dégradé : la zone est connue pour sa production de charbon de bois ; les pistes sont en très mauvais état, ce qui est un frein aux relations commerciales.

Pauvreté, exode rural, délinquance, émigration, érosion et désertification sont quelques-uns des constats qu’a fait l’association Adema avant sa naissance en juillet 2005. L’association s’est fait l’avocat d’un développement en profondeur impliquant largement les acteurs locaux, en accusant l’aide par l’urgence d’être insuffisante et inadaptée pour réellement changer la donne.

C’est dans l’idée de défendre ce plaidoyer qu’Adema met le cap sur l’éducation.

« Il n’y a pas de développement qui ne passe pas par l’éducation au sens large. C’est l’éducation qui doit inclure l’ouverture, l’éveil, la curiosité, l’action et l’envie de construire un avenir meilleur, l’envie de se développer et de contribuer au développement de sa zone », avance l’organisation.

Afin de mener à bien son projet, Adema intervient sur trois programmes : un programme d’appui au développement local, un centre de formation et un programme d’éducation.

Programme d’appui au développement local

Les élections municipales de décembre 2006 ont permis de mettre en place un début de refondation de l’action publique au niveau local en Haïti. C’est, en effet, à cet échelon que doit se construire, aujourd’hui dans le pays, un nouveau rapport entre citoyen et pouvoir.

Dans ce rapport, la culture de l’intérêt général doit être le leitmotiv. La culture démocratique n’étant pas légion en Haïti, le programme d’appui au développement local d’Adema entend insister sur l’importance toute particulière d’accompagner les populations sur ce chemin.

Ce programme vise à aider les communes de Jean Rabel et de Bombardopolis à intégrer le plan de décentralisation par un développement cohérent et respectueux des habitants et de l’environnement. Il aide à la mise en place des plans de développement communaux de Jean Rabel et Bombardopolis.

Autrement dit, l’association entreprend diverses actions en gestion et appui à la mise en branle des collectivités locales (structuration, organisation), en sensibilisation auprès des citoyennes et citoyens (radio, théâtre, films, forums, débats), en formation (auprès des « intermédiaires » : enseignants, représentants de groupes, élus) et dans la mise en place de travaux d’envergure : schéma d’aménagement urbain, gestion des déchets, électrification, accès à l’eau, accès aux soins, création d’activités génératrices de revenus, gros œuvres publics.

Centre de formation versus autonomie financière

Les activités de formation cherchent à offrir des moyens permettant la mise en œuvre de programmes éducatifs.

Les interventions sont dirigées vers la gestion des locaux (8 salles de formation équipées, salle de restauration, bibliothèque, des bureaux administratifs), la restauration collective ( pour l’ensemble des résidents : enseignants, formateurs, experts, intervenants extérieurs), l’hébergement collectif pour résidents et une pension pour les personnes extérieures).

Les locaux ont été construits, au départ, à partir des fonds liés aux programmes menés par l’organisation Initiative Développement (Id).

Depuis le 1er juin 2006, Adema administre les activités du centre de formation en assumant un rôle d’employeur auprès de l’ensemble des personnels logistiques, techniques et d’intendance sur le site de Jean Rabel.

Le caractère payant des prestations (location de salle, de chambres, fourniture de repas) permet donc à Adema de générer un minimum de ressources.

Programme d’éducation sur le district de Jean Rabel

L’action est conduite dans le district scolaire de Jean Rabel (170 000 habitants) qui regroupe 4 communes du Nord-Ouest : Jean Rabel, Bombardopolis, Môle Saint Nicolas et Baie de Henne.

Pour favoriser l’accès à une école de qualité par l’amélioration de la qualité de l’enseignement le programme d’éducation prévoit la formation des élèves instituteurs, l’organisation de la formation continue des maîtres en activité, le suivi des enseignants en salle de classe.

Le programme s’emploie à impliquer tous les acteurs de l’école dans les comités autour d’un contrat de performance, à former et accompagner les comités de gestion des écoles et les directeurs et à renforcer les capacités de l’inspection scolaire. Il s’agit également d’identifier et d’accueillir les enfants vulnérables ainsi que d’assurer le suivi social de ces enfants.

Les objectifs globaux poursuivis consistent à mieux préparer les jeunes (notamment en rupture scolaire) à leur future intégration dans la vie active, susciter une participation appropriée des structures locales de l’éducation (communautaires et professionnelles) dans le développement humain du Nord-Ouest haïtien.

Défi structurel

Le défi auquel est confronté cette jeune association haïtienne est de renforcer sa structuration administrative et financière. Petit à petit, Adema prend en charge les programmes développés initialement par Initiative Développement (Id).

Et elle se prépare à obtenir le statut d’organisation non gouvernementale (Ong) haïtienne. La phase d’autonomisation doit se terminer fin 2008 pour les trois activités décrites.

Adema imagine déjà suivre et mettre en œuvre des programmes hydrauliques, appuyés par ID. [cd jn w rc apr 18/02/2008 0:00]