P-au-P, 16 févr.-08 [AlterPresse] --- La Banque mondiale (Bm) a approuvé, le jeudi 7 février 2008, un accord de don respectif d’un million de dollars américains à Haïti et à la République dominicaine dans le cadre du programme de prévention et de lutte contre la grippe aviaire et humaine sur une période de deux ans dans ces deux territoires, indique le site de la banque consulté par l’agence en ligne AlterPresse.
La décision a été notifiée, le vendredi 15 février 2008 à Port-au-Prince, par l’économiste agricole Jean-Claude Balcet, en charge du dossier de la grippe aviaire à la Banque mondiale, au cours d’une réunion avec la direction générale du ministère haïtien de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr).
La disponibilité de ce montant, dont la date de déblocage n’est pas encore connue, devrait favoriser une connaissance des espèces avicoles, notamment des oiseaux migrateurs [lesquels transportent le virus de la grippe aviaire], l’implantation de nouveaux postes de quarantaine dans certains ports [comme Saint-Marc / Artibonite et Miragoane / Nippes – Sud-Ouest] ainsi qu’une formation appropriée d’inspecteurs spécifiques, suppute le Dr. Max Milien, coordonnateur de la filière de protection sanitaire et directeur de la santé animale au Marndr.
Interrogé par AlterPresse, le Dr. Milien prévoit, avec l’arrivée prochaine du fonds d’un million de dollars de la Bm, la mise en œuvre d’activités pilotes de modernisation de l’aviculture en milieu rural en Haïti (par des cages, au lieu de l’élevage libre en cours partout dans le pays) ainsi qu’une surveillance épidémiologique pertinente.
Le fonds approuvé par la Banque mondiale devrait également encourager la réalisation d’enquêtes de dépistage (surtout au niveau des coqs de combat identifiés comme l’une des souches transportant le virus H5N2 identifié dans des fermes en République dominicaine), la mise en place de postes d’oiseaux sentinelles autour de points d’eau de même qu’un processus de prélèvements de manière régulière.
Parallèlement, des exercices de simulation pourraient avoir lieu en vue d’assurer une meilleure prévention et la conduite à tenir en cas de découverte d’un des virus de la grippe aviaire sur le territoire d’Haïti.
Depuis début janvier 2008, le Marndr maintient une disposition d’interdiction des produits avicoles dominicains vers le territoire national par suite de l’identification d’un foyer du virus H5N2 de grippe aviaire dans une ferme à Higuey (Est de la République dominicaine / La présence du virus H5N2 a été confirmée le 24 décembre 2007 en République dominicaine à la suite d’analyses réalisées par le laboratoire de référence d’Ames). 4 autres foyers d’infection au même virus ont par la suite été reconnus à San Pedro de Macoris, Bacui (Barranqua La Vega), Cruze del Isleno (La Altagracia) et à Bani Peravia (Villa El Sombrero).
Aucune levée de la mesure n’est envisagée sans la satisfaction de différentes recommandations faites par les autorités haïtiennes à leurs homologues dominicaines, recommandations soutenues par la branche du Fonds des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao).
Quoi qu’il en soit, des volailles et œufs dominicains, pénétrant par des chemins détournés en divers points frontaliers non officiels, continuent à être vendus sur le marché, suivant les témoignages de riverains à AlterPresse.
Apparemment, le gouvernement haïtien n’aurait pas consacré un fonds d’urgence pour renforcer les structures de quarantaine en augmentant le nombre d’équipes de contrôle par des postes fixes et des brigades mobiles motorisées (y compris des motocyclettes).
« La compétence technique, seule, ne suffit pas, ni ne saurait occasionner des miracles », relève Dr. Max Milien dans des déclarations faites à AlterPresse.
Aucun constat de mort massive de poulets dans les Nippes
A peine 6 poulets sont morts de la maladie dénommée « newcastle » à Dessources, troisième section communale de Miragoane (département des Nippes, à plus de 70 kilomètres au sud-ouest de la capitale), selon le constat dressé par une équipe du Marndr s’étant rendue sur le terrain.
Le Dr. Milien, qui dément la rumeur selon laquelle une quantité massive de poulets serait morts dans ce département géographique, indique à AlterPresse qu’aucune trace de grippe aviaire n’a été décelée sur 25 échantillons de sang prélevé dans la zone par l’équipe technique en question.
« Paradoxalement, les poulets morts ont été enregistrés chez les éleveurs qui n’ont pas voulu participer à la campagne de vaccination contre la maladie faite il y a environ un mois dans le département des Nippes », signale Milien.
Dans ce département géographique des Nippes, il existe véritablement un problème sanitaire, les poules n’étant pas suffisamment nourries.
Tout en admettant que les signes avant-coureurs du virus de la grippe aviaire ressemblent à ceux de la maladie « newcastle », le technicien du Marndr suggère la mise en œuvre d’une campagne d’information et de sensibilisation sur la maladie « newcastle » qui, périodiquement, frappe les poulets en diverses zones du pays.
En ce sens, le Marndr qui disposait de 500 mille doses de vaccin a pu seulement écouler en 6 mois 300 mille doses, un rythme jugé trop lent par rapport aux prévisions.
Par ailleurs, malgré la position « techniquement correcte » des autorités nationales face aux pressions dominicaines pour aboutir à une levée de la mesure d’interdiction des volailles et œufs en provenance du territoire voisin d’Haïti, un effort particulier devrait être porté pour un renforcement du contrôle des points frontaliers « encore poreux ».
Il importerait également de considérer la nouvelle situation, découlant de la découverte du virus de la grippe aviaire en République dominicaine, comme une opportunité pour une relance effective de la production avicole nationale, pour laquelle le savoir-faire existe, selon des observateurs.
Pour une population globale de volailles estimée à 5 millions, Haïti n’offre qu’une production mensuelle de poulets variant entre 150 et 200 mille, contre 15 millions tous les mois en République dominicaine où les éleveurs investissent 850 millions de dollars chaque année dans le secteur avicole. [rc apr 16/02/2008 15 :30]