P-au-P., 15 févr. 08 [AlterPresse] --- Le président haïtien René García Préval boucle, ce 15 février 2008, deux ans de son second mandat, après avoir été officiellement proclamé vainqueur des élections de 2006.
Aucune cérémonie officielle n’est prévue pour célébrer cet anniversaire, qui arrive à une période de calme relatif, même si des difficultés au niveau politique, économique et en matière de sécurité persistent.
Préval, 65 ans, parait jouir d’une bonne santé, malgré le suivi médical donné à un cancer de la prostate, dont il s’était fait opérer en 2001 à Cuba.
En revenant au pouvoir en 2006, après son premier mandat (1996-2001), Préval n’avait fait aucune promesse à la population haïtienne. Il s’etait seulement engagé à « travailler pour le bien-être » d’Haiti, avec les missions de stabiliser les institutions et de créer des conditions de sécurité en vue de relancer l’économie.
Le pays sortait alors d’une transition très difficile de deux années, suite à la chute en février 2004 de l’ancien président Jean Bertrand Aristide, exilé en Afrique du Sud.
L’actuel mandataire avait trouvé en 2006 une société fragilisée par une forte lutte pour le pouvoir et où plusieurs quartiers populaires s’étaient transformés en bases de bandes armées.
Malgré la présence d’un gouvernement « de consensus », mis en place avec la participation des principaux secteurs politiques et la réalisation des processus électoraux législatifs, municipaux et territoriaux en 2006 et 2007, Haïti ne bénéficie pas encore d’une normalité institutionnelle.
Jusqu’à présent, aucune date n’a été fixée pour des élections législatives partielles en vue de renouveler un tiers du sénat, dont le mandat est arrivé à terme au début de janvier dernier. Le président a dû dissoudre en décembre 2007 l’ancien Conseil Électoral Provisoire, qui a été remplacé.
Parallèlement, le gouvernement et les secteurs politiques ont décidé, en janvier, de maintenir les sénateurs sortants à leurs postes jusqu’aux prochaines élections. Préval a alors applaudi le résultat d’un « esprit de dialogue » qui prédomine, selon lui, dans la gestion des affaires politiques.
Dans un discours devant le Parlement en janvier dernier, Préval a également salué les « avancées » enregistrées sur le plan de la sécurité et de la justice.
L’administration de Préval, avec l’appui de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti, a réussi à diminuer considérablement les activités criminelles, intenses durant l’année 2006.
Elle a également procédé, en 2007, à d’importantes opérations militaires et policières dans plusieurs quartiers de la capitale, qui se sont soldées par l’arrestation de dizaines de bandits présumés, dont des chefs de bandes comme Belony Pierre, Johnny Pierre-Louis et Evens Jeune, activement recherchés.
Les cas de kidnappings persistent dans plusieurs zones, bien que le phénomène ait globalement connu un recul. Depuis le début de cette année, 32 cas ont été enregistrés par la police et la MINUSTAH.
« Il reste beaucoup à faire » pour changer cette situation, a reconnu Préval, en plaidant en faveur de la « modernisation » de l’État, de manière à obtenir des progrès économiques.
Toutefois, selon un rapport de l’ONU émis à la fin de 2007, Haïti a laissé le rang des pays ayant un faible niveau de développement et est désormais considéré comme un pays à « niveau de développement moyen. »
La croissance pour l’année 2007 a été de 3.3 %, soit 1 point de plus qu’en 2006. Cependant, le déséquilibre demeure au niveau du commerce extérieur, puisque Haïti réalise des exportations pour 700 millions de dollars et des importations pour quelque 2 milliards de dollars, y compris la plus grande partie des biens de consommation de base de la population.
Cette situation s’est posée avec plus d’acuité au début de cette année, quand Haïti a interdit l’importation de produits avicoles de la République dominicaine, après la découverte d’un virus de la grippe aviaire dans le pays voisin.
Des manifestations contradictoires ont été enregistrées au sein de la société haïtienne, suite à la pénurie de produits avicoles sur le marché local. Face à ce que certains secteurs ont dénoncé comme une « dépendance alimentaire », Préval a appelé ses compatriotes à « manger leur petit maïs ».
Si le gouvernement de Préval a obtenu des résultats au niveau politique et de la sécurité, la population haïtienne ne perçoit pas une amélioration dans sa vie quotidienne, ce qui crée actuellement d’importants débats dans les sphères politiques et les instances de pouvoir.
Le premier ministre Jacques Edouard Alexis a dû répondre 2 fois cette semaine à une invitation du sénat pour exposer son plan face au coût élevé de la vie. Alexis a annoncé un programme d’une valeur de près de 50 millions de dollars, dominé par des emplois à haute intensité de main d’œuvre, de la facilité de crédit et des subventions à des étudiants.
L’administration de Préval a jusqu’en 2011 pour accomplir son mandat. [gp apr 15/02/2008 13:40]
Cet article a bénéficié de l’appui technique de Cindy Drogue