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Violence politique en Haiti : l’OEA et les États-Unis déplorent

Port-au-Prince, 03 Sept.03 [AlterPresse].- La mission spéciale de l’Organisation des Etats Américains (OEA) a pour « mandat d’assister les Haïtiens » dans la mesure où « ceux-ci sont prêts à accepter ses conseils et son assistance ». C’est dans le cadre de ce consentement mutuel que la mission pourra « s’engager en conséquence ».

Ainsi s’exprime l’OEA, après les violences du dernier week-end d’août 2003 dans le département du Nord d’Haïti, à travers une prise de position sur les derniers événements politiques qualifiés par l’organisation hémisphérique d’ « incidents au Cap-Haïtien ».

Dans cette note datée du 3 septembre, parvenue à AlterPresse, la mission spéciale de l’OEA « déplore la violence, l’intimidation et la manipulation qui ont eu lieu avant et pendant la fin de semaine du 30-31 août 2003 ». La Mission regrette également que « quelques personnes ont été blessées et des équipements endommagés ».

Aux yeux de l’OEA, la Police Nationale d’Haïti (PNH) et les organisations populaires, « qui se réclament être proches du gouvernement » ont violé les droits de plusieurs Haïtiens au Cap-Haïtien.

« La nature de l’intervention, y compris le niveau de force utilisée par la PNH, ne correspondait pas à la gravité actuelle de la situation sur le terrain », souligne l’OEA en insistant sur son ferme appui, « partout dans l’Hémisphère y compris dans ce pays », au « principe et à la pratique de la liberté d’association, de réunion, et d’expression, selon les articles pertinents de la Constitution haïtienne et des instruments internationaux ».

Cependant, tout en avertissant que « ni les Haïtiens ni les internationaux ne sont prêts à être manipulés », la mission spéciale de l’OEA déclare ne pas partager le fait qu’un « dialogue soutenu et effectif, en temps utile, ne se soit pas produit entre les acteurs haïtiens », un dialogue qui devrait « tenir compte des droits, des lois et du contexte haïtien ».

A rappeler que le Front de l’Opposition du Nord (FRON) avait désapprouvé la position de la branche départementale de la PNH, selon laquelle la sécurité du rassemblement et de la manifestation annoncés contre le régime lavalas pour les 30 et 31 août 2003 ne saurait être garantie, à cause d’un problème d’effectifs policiers pour la plupart confinés, à ces dates, à la protection des participantes et participants aux fêtes patronales régionales.

Pour arriver vraiment à des élections acceptables aux Haïtiens - ainsi qu’à leurs amis internationaux -, un certain niveau de coopération doit être voulu et recherché par les responsables de tous les côtés, estime l’OEA en regrettant que « les organisateurs tenaient à poursuivre leur plan » malgré la réponse de la PNH régionale, selon laquelle « la PNH n’était pas en mesure d’assurer la sécurité au moment proposé par les organisateurs ».

De l’avis de la mission spéciale de l’organisation hémisphérique, les derniers événements politiques dans le pays démontrent clairement que la situation en Haïti devient de plus en plus complexe.

Sans mentionner la position de la Convergence Démocratique, qui a renouvelé le 2 septembre 2003 son refus à poursuivre toutes négociations avec le régime lavalas, l’OEA croit opportun d’inviter les acteurs clés haïtiens à changer d’approche dans l’intérêt du pays.

Dans le même sens, la mission spéciale de l’OEA juge, une nouvelle fois, impérieux pour les médias et les journalistes de jouer leurs rôles d’informer le public « et de le faire objectivement, sans se laisser tenter par la sélectivité politique ni par les émotions du moment ».

« Ce commentaire s’applique en toute impartialité à tous les organes de la presse, partout dans le pays : à ceux qui favorisent le gouvernement, à ceux qui s’opposent au gouvernement, et à tout autre », déclare l’OEA qui n’a pas cessé, dans presque toutes ses récentes positions publiques, y compris dans ses rapports d’évaluation de la situation nationale, à insinuer « certaines dérives » de la Presse nationale qui se laisserait gagner par la « sélectivité politique » dans le traitement des informations qu’elle diffuse en Haïti.

Le Chargé d’Affaires a.i. de l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique, Luis Moreno, a pour sa part déploré « la décision du gouvernement haïtien de réprimer une manifestation politique pacifique au Cap-Haïtien, le samedi 30 août dernier ». Les autorités policières haïtiennes ont, selon les Etats-Unis, « violemment interrompu » la manifestation « en utilisant du gaz lacrymogène et en tirant des coups de feu ».

« Le gouvernement américain exprime ses vives préoccupations du fait que cet acte ait sapé les efforts de l’Organisation des Etats Américains d’assister Haïti dans la résolution de l’actuelle crise politique. Le gouvernement américain exhorte le gouvernement haïtien à prendre les responsabilités telles que prescrites par la Constitution » et à « respecter également ses engagements dans le cadre de la résolution 822 de l’OEA de créer un climat de sécurité et de confiance susceptible de conduire à des élections libres et honnêtes ».

Ni l’OEA, ni les Etats-Unis n’ont fait allusion à l’examen de la situation en Haïti, prévu au cours de ce mois de septembre au sein de l’OEA. [rc gp apr 03/09/2003 15:20]