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Haïti : Pas de réconciliation nationale sans justice sociale

Par Camille Loty Malebranche

Soumis à AlterPresse le 5 février 2008

Au sujet d’une réconciliation nationale qui fait beaucoup de vagues dans la presse depuis quelque temps, je dis qu’il faille éviter d’afficher un optimisme inconsidéré ! Il faut être réalistes.

Alors que le président René Garcia Préval n’ouvre la bouche que pour insulter avec mépris et infantilisme l’espoir des votants qui lui ont prêté mandat et l’intelligence de tout un peuple, alors que le tandem Préval-(Jacques Edouard) Alexis piétine dans l’inaction et la niaiserie politiques, aucune mesure n’est prise pour faciliter la production de la richesse et ensuite en permettre une certaine redistribution sociale !

Donc, disons-le clairement et sans ricochet euphémistique, pas de réconciliation nationale sans un minimum de justice sociale.

La baguette magique, dans cette occurrence, n’existe pas. Il n’y a pas de thaumaturgie ni de pouvoir de fée fonctionnant à ce niveau ! Il faut un minimum de partage entre possédants et non possédants, une circulation de la richesse permettant la subsistance des plus démunis.

Nul ne peut appeler de ses vœux une réconciliation nationale, c’est à dire une baisse marquée des frictions critiques qui affectent Haïti, sans au préalable penser et appliquer une nouvelle praxis politique de l’économie. Ni le culte catholique protestant ou vaudou, ni l’art ni l’appel votif de la société civile, ni les apophtegmes de politiciens et d’orateurs de tous horizons n’y changeront strictement rien.

La guerre de basse intensité, qui sévit actuellement au pays, avec risque constant de devenir conflagration civile à tout moment, ne s’éteindra que lorsque l’État et la société comprendront qu’ils doivent créer assez de richesses et un minimum acceptable de transfert de ces richesses à l’échelle sociale globale pour qu’il y ait un apaisement collectif, une réconciliation nationale.

Non pas que les frictions cesseront alors, loin de là et loin s’en faut, la paix totale n’existe sous aucun ciel ; mais, pour baisser la tension sociale à un niveau vivable, sans que le tissu de la société ne soit constamment menacé de déchirement par les clivages phagédéniques, tératogéniques d’une idéologie carnassière et de dysfonctionnement en complicité avec un État lui-même fantôme et en plein effondrement.

Camille Loty Malebranche

aecmill@gmail.com