P-au-P., 2 fév. 08 [AlterPresse] --- Le président René Préval a souhaité « la paix et la joie » aux Haïtiens en procédant ce 2 février à l’inauguration officielle du carnaval 2008, qui doit se dérouler les 3,4 et 5 février à Port-au-Prince et dans quelques autres villes du pays.
« Même si la situation est difficile, les Haïtiens ne négocient pas leur carnaval », a fait savoir Préval, lors d’une cérémonie festive qui a réuni au palais présidentiel de nombreuses personnalités, des milieux politiques et artistiques.
Ces propos pourraient avoir une certaine relation avec un mouvement violent de protestation des étudiants de la faculté d’Ethnologie de Port-au-Prince contre l’allocation de 50 millions de gourdes au carnaval de Port-au-Prince, alors que la misère fait rage dans le pays et l’université ne dispose pas de ressources adéquates, ont-ils déclaré.
Le premier ministre Jacques Édouard Alexis, des titulaires de plusieurs ministères, des organisateurs, des rois et reines du carnaval, des musiciens et autres artistes ont pris part à cette soirée, principalement animée par le mythique orchestre « Jazz des Jeunes », qui a repris du service depuis l’année dernière.
Entre deux tours de danse, le chef de l’État a invité les carnavaliers à ne pas faire d’excès de manière a ne pas avoir à déplorer des morts et blessés, durant les trois jours gras, placés sous le thème « Ayiti vèt s on Ayiti banda » (Une Haïti verte est une république florissante).
En marge de ce bal très coloré au siège de la présidence, le premier ministre Jacques Édouard Alexis a félicité le comité organisateur du carnaval et a invité les forces de l’ordre à s’acquitter de leur tache afin que la population puisse se réjouir et se défouler sans inquiétude, « dans le respect mutuel ».
« Le carnaval est l’une des fêtes les plus populaires » en Haïti, a souligné pour sa part le ministre de la culture, Eddy Lubin, qui convie chacun à « rester soi-même » durant les trois jours gras. « Laissez-vous aller et jouissez du carnaval sans violence », a dit le ministre, exprimant le vœu qu’une « belle image » soit projetée de la culture d’Haïti.
La police a fait savoir que des mesures sécuritaires ont déjà été adoptées, dont l’interdiction de port d’armes durant la période des festivités.
D’autre part, lors d’un message délivré le 1er février, la ministre à la condition féminine et aux droits de la femme, Marie Laurence Jocelyn Lassègue, a souhaité un carnaval sans violences et sans imprudence au niveau des relations sexuelles.
Depuis novembre 2007, en perspective du carnaval, le ministère à la condition féminine a conduit une campagne contre la violence et les stéréotypes sexistes qui affectent les femmes, particulièrement en période de carnaval.
A ce propos, un regroupement d’organisations féministes nommé Fanm Pap Tann (Femmes en action) craint les dérives qui peuvent se produire à cause de certaines meringues carnavalesques qui se prêtent à des « interprétations désastreuses ».
Les médias et les musiciens sont conviés à « remplir correctement leur rôle en luttant non seulement contre les agressions physiques envers l’être féminin mais aussi en étant des instruments au service de la défense de leur droit notamment en matière de violences symboliques ».
La Campagne pour la réduction de la violence en Haïti, une coalition de 15 organisations nationales et internationales, a annoncé, le 31 janvier, la mise en place de « brigades de la Paix » pour lutter contre la violence durant le carnaval.
164 jeunes ont été formés en technique de gestion de foule et en secourisme pour pouvoir jouer leur partition pendant le carnaval, ont précisé les responsables de la Campagne.
A moins de 24 heures du début du défilé carnavalesque, tout n’était pas prêt ce 2 février, a reconnu le comité organisateur, qui a promis de se rattraper.
Une vingtaine de groupes musicaux montés sur des chars, 15 bandes à pied, une douzaine de 14 chars allégoriques, 300 groupes déguisés (5 mille personnes), 39 reines et 21 rois, doivent faire partie du convoi carnavalesque. [gp apr 02/02/2008 22:00]