P-au-P, 23 janv. 08 --- Les responsables des sept (7) municipalités de l’aire métropolitaine de la capitale haïtienne ont signé, ce mercredi 23 janvier 2008 au ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf), un document de résolution les engageant à lutter contre toutes sortes de gestes et de postures stéréotypés visant les femmes pendant la période carnavalesque de 2008, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
« C’est un engagement pris devant le peuple haïtien et devant le monde entier pour dire non définitivement à la question des stéréotypes sexuels dans la société haïtienne », insiste Claire Lydie Parent, mairesse de Pétionville.
A son avis, par son importance et sa viabilité, la résolution du 23 janvier 2008 devra être étendue à l’ensemble des municipalités du pays par la mobilisation des associations des maires et mairesses du pays.
« Nous voulons protéger les enfants et les jeunes à l’exposition des images dégradantes via les gestes, postures et positions « obscènes », affichés particulièrement par les femmes lors des festivités carnavalesques », assure, pour sa part, Nadège Joachim, numéro 2 de la mairie de Port-au-Prince.
Rejetant toute conception faisant de la femme une marchandise, Jackie Darius de la municipalité de Croix-des-Bouquets considère que la femme devrait être considérée comme un « outil » ( ?) à admirer et à honorer.
Cette qualification de la femme « en tant qu’outil » n’a pas été bien accueillie dans l’assistance, composée de journalistes et de représentants du Mcfdf, aux yeux de qui il conviendrait mieux de parler de la femme « comme être humain ».
Certains journalistes « hommes » ont même interrogé leurs consœurs sur leur compréhension d’une telle appellation.
Ce qui révèle la profondeur des stéréotypes, jusque chez les responsables publics et communicatrices et communicateurs.
Dans la perspective d’œuvrer, de manière permanente, en faveur du respect du corps des femmes, les signataires de la résolution du 23 janvier 2008 entendent poursuivre, après la période carnavalesque, le travail de sensibilisation contre les stéréotypes sexuels, par une réglementation de l’affichage public, de la vente de produits pornographiques, de l’exploitation sexuelle en général.
« De manière immédiate, au cours des festivités carnavalesques qui auront lieu dans nos communes respectives, nous nous engageons à porter une attention particulière à la sécurité des filles et des femmes. Des consignes relatives au respect du corps et de la dignité des femmes seront passées à l’intention des bandes à pied, des groupes musicaux et disc jockey (dj) qui participeront au défilé. Et l’ensemble de notre personnel impliqué aura pour devoir de veiller à leur stricte application », selon le 3e paragraphe du document de résolution consulté par AlterPresse.
Par cette résolution, les différents maires, mairesses et représentantes / représentants des communes de Port-au-Prince, Delmas, Pétionville, Carrefour, Cité Soleil, Tabarre et Croix-des-Bouquets promettent d’impliquer leurs administrations municipales dans la campagne de sensibilisation contre les stéréotypes sexuels et l’utilisation du corps de la femme.
La cérémonie d’engagement officiel des maires et mairesses de la zone métropolitaine de la capitale, à lutter contre les stéréotypes sexuels dans la société haïtienne, a été aussi l’occasion pour les responsables du ministère à la condition féminie et aux droits des femmes de renouveler la détermination du gouvernement du Premier ministre Jacques Edouard Alexis à œuvrer pour une société égalitaire et équitable en tous points sur le territoire national.
« Ce partenariat avec les instances étatiques s’inscrit dans la politique transversale du ministère », laquelle consiste à « promouvoir les activités de défenses et de promotion de la femme. En ce sens, le Mcfdf collabore avec les maires et mairesses de la région métropolitaine pour le bon déroulement de la campagne et du carnaval », souligne la directrice générale du Mcfdf, Mirna Narcisse Théodore.
Selon Miryam Merlet, cheffe de cabinet de la ministre Marie Laurence Jocelyn Lassègue, ce processus participe du respect de la personne féminine, lequel est bafoué par l’affichage d’ images dégradantes de la femme, causes (très souvent) des violences sexuelles et viols dont les femmes souffrent au cours des festivités carnavalesques.
« Pendant la saison du carnaval, des fesses et des seins des femmes sont mis en exergue. Ce phénomène de la nudité, trop souvent lié à la pornographie, occasionne des actes de violences et de viol sur les femmes dans la société, augmente ainsi le taux des victimes », signale Merlet.
Lancée officiellement en novembre 2007 et devant prendre fin après la période du carnaval, la campagne de sensibilisation contre les stéréotypes et l’utilisation du corps de la femme en Haïti est une initiative reconduite en 2008 par le Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes en vue de sensibiliser les différents agents culturels haïtiens, notamment les chorégraphes, les costumiers, les dirigeants des bandes à pied, vers une meilleure représentation de la femme lors des festivités carnavalesques.
Le Mcfdf ainsi que les différentes municipalités, signataires du document de résolution du 23 janvier 2008, espèrent enregistrer, en retour, un changement d’attitudes et de comportement chez les fêtards, particulièrement les femmes qui sont les premières concernées, selon Nadège Joachim de la mairie de Port-au-Prince. [kj rc apr 23/01/2008 16 :00]
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