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Transport aérien : y a-t-il un traitement particulier pour Haïti ?

Témoignage

Par Vario Sérant

P-au-P., 30 aout. 03, [AlterPresse] --- Lundi 4 août 2003, sept heures du matin, deux heures avant l’instant prévu pour le décollage, je suis à l’aéroport international Toussaint Louverture, à Port-au-Prince.

Sous la chaleur et un vacarme assourdissant, nous (ma femme, mes deux enfants et moi) faisons la queue jusqu’au poste de contrôle des papiers et bagages de cette compagnie aérienne.

Cette étape franchie, nous attendons calmement l’embarquement en nous rafraîchissant (trois « can » de Â… pour cent soixante-cinq gourdes, soit trois dollars américains, suivant le taux du jour pratiqué à l’aéroport.

9 heures 30, nous apercevons « notre avion » sur le tarmac. L’embarquement ne tarde pas.

L’attente paraît d’autant plus longue que la climatisation fait défaut. Chacun sort son mouchoir et son éventail de fortune.

Un passager s’en plaint auprès de l’hôtesse. Celle-ci répond sèchement : « moi aussi, j’en souffre ».

Il est presque onze heures quand la voix du commandant de bord résonne pour
annoncer un « engine problem » (problème de moteur).

Les passagers sont invités à descendre, carte de transit en main.

A la salle d’attente ou d’embarquement ou de ré-embarquement, ils languissent d’impatience et murmurent.

Je me précipite au comptoir et demande à voir la responsable de la compagnie, à l’aéroport. Apparemment très affables, les demoiselles font diligence et me demandent de patienter. Trente minutes après, la « diva » ne s’amène pas.

Je retourne au comptoir demander des comptes. Les demoiselles me répondent que la responsable est sortie. Comme toute réponse, je dis aux demoiselles : c’est « Haïti Chérie ». Comme pour acquiescer, elles me répondent, non sans ironie, « se Ayiti Cheri li ap toujou rele » (Elle s’appellera toujours Haïti Chérie).

Le moment venu, nous regagnons nos sièges. Cette fois-ci, c’est pour de bon. L’avion décolle. Et la « clim » fonctionne. Tout le monde pousse un ouf de soulagement.

Il est presque quatorze heures quand la voix du commandant de bord résonne à nouveau pour annoncer que l’avion va « tourner en rond » pendant environ trente minutes, la piste de l’aéroport de Miami - en proie à une forte averse - n’étant pas propice à l’atterrissage.

Ce deuxième contretemps donne lieu, parmi les passagers, à des commentaires divers : « Bagay sa a pa senp » (ceci n’est pas simple), « Il faut prier », « Bondye pi fò » (Dieu est le plus fort), « Tout sa k rive se Bondye k vle l » (Tout ce qui arrive, c’est que Dieu l’a voulu).

Il est autour de 14 heures 40 (heure de Port-au-Prince) et 15 heures 40 (heure de Miami) quand l’avion atterrit finalement.

La chaleur humaine des parents nous y attendant depuis onze heures nous fait vite oublier les péripéties du voyage.

L’histoire s’arrêterait là et serait vécue comme une affaire « simple », si des amis à qui j’ai conté mon expérience ne m’avaient pas dit en avoir connue récemment pareille ou pire à bord d’autres compagnies opérant en Haïti. [vs apr 30/08/2003 21:44]