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Haïti/Culture : 75 millions de gourdes pour le carnaval 2008 dédié à l’environnement

P-au-P, 16 janv. 08 [AlterPresse] --- Soixante quinze (75) millions de gourdes, dont 50 millions à la mairie de Port-au-Prince et 5 millions à la municipalité de Jacmel : tel est le montant du budget public pour les festivités carnavalesques de 2008 sur tout le territoire d’Haïti, pendant lesquelles la population est invitée à réfléchir sur l’environnement avec « Ayiti vèt s on Ayiti banda » (Une Haïti verte est une république florissante).

Choisi en référence aux dommages laissés par le passage du cyclone Noël (novembre 2007) dans le pays, le thème « Ayiti vèt s on Ayiti banda » devrait encourager les jeunes filles / jeunes femmes et les jeunes garçons / jeunes hommes à méditer sur les actions à entreprendre pour veiller à la protection et à la promotion de l’environnement, indique le ministre de la culture et de la communication (Mcc), Eddy Lubin.

Intervenant le 15 janvier 2008 devant la presse, dont l’agence en ligne AlterPresse, le titulaire du Mcc tente d’assurer que les autorités veilleront à une articulation « environnementale » des décorations, y compris sur les chars et stands d’observation des visiteuses et visiteurs, pendant les trois jours gras du dimanche 3 au mardi 5 février 2008.

Toujours est-il que des interrogations demeurent quant à des initiatives concrètes, qui évitent la surenchère des discours, sur l’environnement.

Entre-temps, les méringues de groupes musicaux, déjà en rotation sur les ondes des stations de radio, ne reflètent pas encore les préoccupations des autorités sur le milieu ambiant. Les compositions musicales entendues tendent à charrier des stéréotypes, plutôt sexistes et favorables à des comportements sexuels non responsables.

Quoi qu’il en soit, les autorités nationales espèrent surtout mettre en œuvre des actions de plaidoyer sur l’environnement au cours de la période carnavalesque.

« Nous assistons à un phénomène de déplacés environnementaux, conséquence des problèmes de déboisement en différents points du territoire national. Nous devons agir en misant sur le capital vert du pays », suggère Jean-Marie Claude Germain, ministre de l’environnement, aux yeux de qui le carnaval serait le plus grand médium à utiliser pour une large campagne de sensibilisation sur l’environnement haïtien.

Sans donner plus de précisions, le ministre du tourisme, Patrick Delatour, déclare vouloir promouvoir les ressources naturelles et culturelles existantes pour attirer les touristes, y compris les Haïtiens du terroir et de la diaspora, dans le pays les dimanche 3, lundi 4 et mardi 5 février 2008.

Un cachet particulier sera mis à Port-au-Prince (Ouest) et Jacmel (Sud-Est), cette dernière commune étant reconnue, depuis quelques années, comme capitale du « carnaval national » avec ses traditions de couleurs et de rayonnement artistique (masques, déguisements, entre autres).

Par ailleurs, dans le but de contribuer à une campagne de vulgarisation des aspects enchanteurs de la république d’Haïti, des images positives du pays seront postées sur le site du ministère des Haïtiennes et Haïtiens vivant à l’étranger (Mhave) pendant la période des festivités du carnaval 2008.

Tout en demandant à la police nationale d’Haïti (Pnh) d’être sur ses gardes pour la réussite du carnaval, le ministre des Haïtiennes et Haïtiens vivants à l’extérieur, Jean Généus, appelle les ressortissantes et ressortissants de la diaspora à « entrer au pays lors des festivités, non seulement à titre de spectatrices et spectateurs mais aussi en temps qu’instigatrices et instigateurs des possibilités d’investissements dans différentes régions du pays (par l’organisation de conférences d’incitation des étrangers) ».

Sélection de thèmes propres locaux rattachés à l’environnement

Le ministère de la culture et de la communication exhorte chaque municipalité du pays à définir un thème propre, lié à l’environnement, pour le déroulement des festivités locales.

En ce sens, la mairie de Port-au-Prince entend placer le carnaval 2008 dans une dynamique de sauvetage de l’environnement à partir du thème « Rale mennen vini pou yon Ayiti vèt » (littéralement « pourparlers », concertation nationale pour une Haïti verte).

Promettant d’offrir un spectacle culturel « en toute sécurité », le président du conseil municipal de la capitale, Yves André Muscadin Jason, n’a pas mentionné les stratégies envisagées pour parvenir à préserver l’environnement de sa commune. Par exemple, rien ne filtre sur les conditions de gestion des immondices, la disponibilité ou non de toilettes publiques, pendant la période des festivités.

« Des dispositions sont prises pour répondre aux demandes de subventions de la Pnh dans ses tâches de protection de la population haïtienne. D’autre part, la compagnie nationale Électricité d’Haïti (Ed’H) sera approchée en vue d’une alimentation en énergie électrique adéquate pendant les jours de festivités », annonce Muscadin Jason.

De son côté, la municipalité de Jacmel se propose, en 2008, d’insister davantage sur le caractère traditionnel du spectacle dans la région du Sud-Est en agençant les festivités autour du thème « Patrimwán nou se fòs nou » (Notre force réside dans notre patrimoine).

« Les activités montreront à la population nationale et aux gens de l’extérieur combien le carnaval de Jacmel peut-être considéré comme le carnaval « national », s’enorgueillit le maire de Jacmel, Joseph Edo Zenny.

Contrairement aux années précédentes, la répartition du budget public du carnaval 2008 se fait par département géographique.

« Cette année, le ministère sera ordonnateur et gèrera le budget de l’Etat, pour lequel il aura à donner des comptes par devant le Parlement. Le rôle de l’Etat étant régulateur, le ministère de la culture et de la communication, comme organe de l’Etat, ne peut pas concurrencer avec les acteurs culturels », affirme Eddy Lubin.

Le ministre Lubin convie les départements géographiques et communes, auxquels seront accordées des sommes moins importantes (entre 25 et 400 mille gourdes), à faire preuve d’imagination pour exposer ce qu’il y a de meilleur dans leurs localités lors des festivités carnavalesques.

« Dans sa mission de déterminer une politique culturelle nationale, le ministère de la culture et de la communication compte assurer la promotion de la danse, de la musique, en vue de créer une industrie culturelle en Haïti à l’instar des autres pays », promet Lubin.

Le secteur privé est également sollicité pour une part active au carnaval 2008, que les autorités nationales souhaitent représenter un moment d’attention soutenue sur les réalités de l’environnement en Haïti. [kj rc apr 16/01/2008 8 :00]